"Sondor, le site où débattent les mortels et les dieux" d'Yvette Beoutis- chapitre XIII

Yvette Beoutis - 01/03/2024 09:30:00



L'Empereur Inca Inca Pachacutec

Quelques mois passèrent avant qu'un cortège dirigé par Guasco et envoyé par l´Inca Pachacutec arrive à la Cour du roi Chimu. Il venait transmettre à Minchancaman l´invitation de l'Inca Pachacutec à se rendre à Cuzco avec ses plus fameux orfèvres. L'intention secrète de Guasco était aussi de se renseigner sur Anccu Huayoc. Minchacaman, réalisant le risque d'arrestation, prétexta un malaise et assura qu'il enverrait ses orfèvres. Guasco, qui, avant d'atteindre Chan Chan, avait déjà vu plusieurs huacas chimus dans le Nord, couverts d'or et d'argent, de beaux vases et bijoux, vola tout ce qu´il put. S'informant de la présence d'Anccu Huayoc dans la forteresse de Paramonga, située à plusieurs jours au sud de Chan Chan, il retourna à Cuzco en faisant courir la fausse rumeur selon laquelle ils auraient été très mal traités à la Cour du Roi Chimu et que Minchancaman avait refusé toutes les propositions.

Ceci donna à l'Empereur Inca le prétexte d'une déclaration de guerre au roi Chimú. Il envoya une armée commandée par son frère Capac Yupanqui et guidée par Guasco, d'abord à Paramonga puis à la ville de Chan Chan.

Il était tard quand Anccu Huayoc apprit que l'armée Inca se trouvait dans les hauteurs à quelques kilomètres de la forteresse de Paramonga et qu'une autre partie venue par bateaux. Il ne savait pas que, pendant que l'armée Inca marchait sur la côte Sud et soumettait les Chinchas, ceux-ci, très bons navigateurs et marchands qui commerçaient avec les Chimús, apprenaient aux troupes Incas à naviguer. C'est pourquoi Anccu Huayoc s'étonna de voir des Cuzquéniens débarquer sur les plages adjacentes à la forteresse de Paramonga en tentant d'escalader ses murs. Les attaquants, en nombre inférieur, furent rapidement arrêtés. Mais la majeure partie de l'armée Inca, placée sous les ordres de Capac Yupanqui, était encore dans les hauteurs, à l'entrée de la rivière « Fortesse » qui traversait la forteresse de Paramonga et qu'ils avaient pris soin d'assécher en quelques jours en en détournant le cours.



La chute de la forteresse Paramonga


Cependant, connaissant les ruisseaux qui leur assuraient des liens directs avec la forteresse et leur permettaient de disposer de réserves d'eau, ils firent face au siège de l'armée de Capac Yupanqui pendant quelques jours. Grâce à l'espion de Guasco dans les troupes Chankas, les Cuzquéniens purent envahir la forteresse par la mer, surprenant les assiégés épuisés par la faim et les maladies. Guasco ordonna de couper toutes les têtes et chercha Anccu Huayoc qui, par chance, étant prévenu, avait fui au Nord, à Chan Chan, avec certains de ses hommes et des habitants de la vallée de Paramonga, vassaux du roi Minchancaman, pour le prévenir de la situation.

L'expérience acquise à la forteresse de Paramonga lui avait montré que l'armée Chimu n'était pas composée de vrais combattants. Ils n'étaient pas vigoureux, ils étaient mal entraînés et peu habitués aux combats militaires. La plupart était de petite taille avec des membres courts et beaucoup avaient des problèmes visuels génétiques, aggravés par la chaleur du jour, les forts vents de sable et les lumières intenses du désert. Cela contrastait avec la taille et la musculature des jeunes gens de l'armée Inca très organisée.

Il était convaincu que les résultats auraient été totalement différents si la majeure partie des soldats de Paramonga avait été Chanka. Maintenant, compte tenu du peu d'hommes vaillants, il prévint Minchancaman que la Cité de Chan Chan ne résisterait pas longtemps, malgré sa taille, sa population et ses hauts murs. Que l'armée de Capac Yupanqui répèterait ce qu'elle avait fait dans la forteresse de Paramonga, l'assiégeant par la mer, la terre et du haut des montagnes voisines en lui enlevant tout accès aux sources d'eau. La plupart des guerriers Chankas avait péri à Paramonga et les troupes Chimus manquaient encore de préparation. S'il voulait arrêter le Cuzquéniens, ses troupes devaient être plus entraînées.

Minchancamán l'écouta, bouleversé. C'était vrai. Depuis trop longtemps, la plupart des habitants du Royaume Chimu se consacrait à profiter de la bonne vie offerte par le doux climat de la vallée et l'air marin. Ils n'étaient plus en guerre. Ils s'étaient surtout voués à l'art de la céramique, de l'orfèvrerie et de la musique. Alors, il demanda à Anccu Huayoc de quitter Chan Chan avec sa fille Pacatnamuchi dont la grossesse était avancée, malgré la réticence des médecins de la Cour qui estimaient que le voyage pouvait les mettre en danger, elle et leur enfant.




Les troupes Incas arrivaient aux portes de Chan Chan


Pendant ce temps, les troupes Incas arrivaient aux portes de Chan Chan sous les ordres de Guasco. Elles s'installèrent dans la vallée du fleuve Moche, détournèrent les rivières et les sources des eaux voisines pour couper l'alimentation de la ville en eau et inonder les huacas voisins afin de piller plus facilement les trésors enterrés. Bientôt, l'absence d'eau et le manque de propreté engendrèrent des maladies chez les habitants de Chan Chan ce qui déclencha des épidémies dont beaucoup moururent. Ce fut le cas de la fille de Minchancaman, Pacatnamuchi, et de l'enfant qu'elle attendait d´Anccu Huayoc.

Minchancaman, irrité par les actions méprisables de Guasco et dévasté par la mort de Pacatnamuchi et de son héritier, ordonna à Anccu Huayoc de le défier, ce qu'Anccu Huayoc accepta car il voulait se venger du piège que Guasco lui avait tendu dans la forteresse de Sóndor en l'obligeant à diriger l'armée Chanka qui marcha contre Cuzco alors qu'ils n'étaient pas préparés. Guasco accepta le défi sans consulter Capac Yupanqui, à la recherche des mines d'où les Chimus extrayaient leur or, leur argent et leur cuivre et toujours détenu dans les montagnes voisines.