Enseignants et éducateurs du monde entier discutent de la prévention du discours de haine avec des invités de l'UNESCO et de la société civile

UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture - 30/10/2023 12:00:00





78 ans après l'entrée en vigueur de la Charte des Nations unies, la lutte contre les discours de haine reste une menace pour la paix et l'unité. L'histoire nous a montré l'effet dévastateur des discours de haine. L'impact peux entrainer du préjudice personnel aux atrocités répandues. Dans un environnement de plus en plus polarisé, les discours de haine se multiplient en ligne et hors ligne. Il est essentiel de l'analyser et d'y faire face afin de maintenir la cohésio pour maintenir la cohésion sociale et le respect des droits de l'homme.

Pour aider les enseignants et les éducateurs à prévenir et à protéger les jeunes contre les discours de haine, le Campus de l'UNESCO a réuni quatre professionnels dont l'expertise couvre l'éducation, le développement de la jeunesse, les droits de l'homme et la consolidation de la paix. Les discussions animées et la participation d'éducateurs du monde entier ont abouti à une compilation d'outils pédagogiques pour guider les jeunes à faire front aux discours de haine dans la sphère digitale et hors ligne.

L'éducation reste une base fondamentale pour lutter contre le discours rappelant la violence, en particulier chez les jeunes. Le rôle de l'éducation a été une arme à double tranchant en ce qui concerne les discours de haine. L'éducation a été instrumentalisée pour causer préjudice, a remarqué Kuany Kiir Kuany, responsable de projet dans la section de la Citoyenneté mondiale et de l'Education à la paix à l'UNESCO. Lorsqu'elle est mal utilisée, l'éducation peut servir à diffuser des récits nuisibles et à maintenir les inégalités systémiques existantes. Il est donc important de maintenir un système éducatif en évolution, autoréflexif et autocritique, afin de commencer à lutter contre les discours de haine dans les classes.

Rendre l'éducation accessible à tous renforce et construit la capacité d'instrumentaliser l'éducation en tant qu'outil de paix. Les enseignants et les éducateurs jouent un rôle fondamental dans la lutte contre le discours de haine. Plusieurs enseignants et éducateurs de jeunes ont souligné leur rôle crucial dans la lutte contre les discours de haine dans leurs classes.

[...] En tant qu'enseignants, nous devrions insister davantage sur l'importance d'apprendre à nos élèves les compétences nécessaires pour connaître et prendre soin des autres, comme la communication efficace, l'empathie, la coopération et le travail d'équipe
Moleboheng Jane
Enseignant du collège à Maseru Lesotho.

Afin de lutter contre les discours de haine chez les jeunes, la discussion a abouti à identifier ce que c'est le discours de haine et ses différentes formes. Il n'existe pas une définition universelle, selon Fatou Jagne Senghor, juriste gambienne, défenseure des droits de l'homme et passionnée par les droits des femmes et la justice sociale.

La stratégie et le plan d'action des Nations Unies sur le discours de haine se réfèrent à la définition de travail suivante :"Toute forme de communication par la parole, l'écrit ou le comportement qui attaque ou utilise un langage péjoratif ou discriminatoire à l'égard d'une personne ou d'un groupe sur la base de ce qu'ils sont, en d'autres termes, sur la base de leur religion, ethnicité, nationalité, race, couleur, ascendance, sexe ou autre facteur d'identité". Fatou Jagne Senghor a ajouté que les discours de haine peuvent se manifester sous forme d'expressions verbales, d'images et de symboles. Bien qu'il n'existe pas de définition universelle, une chose est sûre : l'impact est très nocif. Il peut limiter la liberté d'expression de certains groupes comme les personnes vulnérables, les minorités et les personnes défavorisées.

Le discours de haine déshumanise et accentue les divisions entre les individus et les groupes
Fatou Jagne Senghor

Juriste, avocat pour les droits humains
Dans un monde de plus en plus polarisé, la propagation rapide des discours de haine par les médias sociaux peut facilement se répercuter sur les jeunes. Dans les contextes hors ligne, comme pendant les cours, les discours de haine sont l'un des nombreux endroits où ils peuvent se manifester. Selon Sameen Zehra, coordinatrice de l'action civique des jeunes à l'Istitute for Strategic Dialogue, le discours de haine peut avoir un impact sur les jeunes par la diffusion de rumeurs et de symboles haineux. Sous des formes plus subtiles, le discours de haine peut se manifester comme des microagressions.

Les enseignants sont alors en première ligne lorsque leurs élèves sont confrontés à un discours de haine dans leur classe, leur salle de classe et leur communauté. Les participants se sont interrogés sur le type de compétences et d'approches à adopter pour faire face aux discours de haine proférés par un de leurs élèves à l'encontre d'un autre. Sameen Zehra suggère notamment d'ouvrir un espace de dialogue entre les élèves et de comprendre les tendances récentes.
De la même manière que les préjugés inconscients s'apprennent, ils peuvent aussi être défaits : aider les élèves à démêler les racines du racisme, les exposer aux histoires existantes et les encourager à justifier leurs propres croyances. Il est essentiel de favoriser le dialogue en classe :

Il y a des façons d'être en désaccord de manière pacifique
Sameen Zehra

Coordinateur de Youth Civic Action à l'Institute for Strategic Dialogue
Les contenus numériques, tels que les images et les vidéos, que nous voyons dans les réseaux sociaux, ont un impact sur la création d'un discours de haine chez les jeunes étudiants. Les images vues sur les médias sociaux peuvent conduire à un discours de haine et en entraîner un autre. Selon Debby Karemera, consultante stratégique et technique de Never Again Rwanda, les éducateurs devraient se concentrer sur la sensibilisation et le développement de la pensée critique des jeunes. Ainsi, les jeunes élèves qui tombent sur des discours haineux en ligne pourront analyser et déconstruire les informations qu'ils ont rencontrées et qu'ils rencontreront.

La sphère numérique peut être utilisée pour ouvrir le dialogue entre les élèves, a suggéré Debby Karemera aux enseignants et aux éducateurs qui s'inquiètent de l'exposition de leurs jeunes élèves à des discours haineux en ligne.

La sphère numérique est la même sphère pour promouvoir une idéologie négative, mais elle peut aussi être un lieu de dialogue et de compréhension
Debby Karemera
Consultante Stratégique et Technique à Never Again Rwanda

Une multitude de questions et d'inquiétudes de la part des enseignants et des éducateurs se manifestent dans la dernière partie de la Masterclass, principalement sur la manière dont ils peuvent gérer les préjugés de leurs élèves dans leurs classes. Les quatre experts insistent sur un point commun : l'engagement actif des enseignants pour encourager leurs élèves à réfléchir de manière critique aux différents discours de haine qu'ils rencontrent.

Cet èvènement a été réalisé grace au soutient de Tech4All et la collaboration de 6C-Conseil.