Les ordres d'évacuation adressés par Israël aux hôpitaux du nord de Gaza entraineront un désastre humanitaire

OMS - Organisation Mondiale de la Santé - 17/10/2023 19:20:00



Des soins donnés à une famille

En tant qu'organisme des Nations Unies chargé de la santé publique, l'Organisation mondiale de la Santé condamne fermement les ordres d'évacuation répétés adressés par Israël à 22 hôpitaux qui traitent plus de 2000 patients dans le nord de Gaza. L'évacuation forcée de patients et de soignants ne fera qu'aggraver la catastrophe humanitaire et de santé publique en cours.

La vie de nombreux patients gravement malades ou fragiles est en jeu. Les personnes en soins intensifs ou sous assistance respiratoire, les personnes hémodialysées, les nouveau-nés en incubateur, les femmes qui présentent des complications de la grossesse et d'autres groupes de patients encore risquent de façon imminente de voir leur état se dégrader ou de décéder s'ils sont forcés de quitter leur établissement et sont coupés des soins vitaux pendant leur évacuation.

Les établissements de santé du nord de Gaza continuent de faire face à un afflux de blessés et rencontrent les plus grandes difficultés à fonctionner au-delà de leurs capacités maximales. Certains patients doivent être pris en charge dans les couloirs et dans la rue, par manque de lits.

Transférer de force plus de 2000 patients vers le sud de Gaza, où les établissements de santé fonctionnent déjà à leur régime maximal et sont incapables d'absorber une augmentation aussi spectaculaire du nombre de patients, s'apparenterait à une condamnation à mort. Les blessés, continuent d'affluer dans le plus gros hôpital de Gaza city, Al-Shifa, qui compte environ 2000 blessés, ne peuvent pas partir. "Où allons-nous les emmener ?, s'alarme le docteur Nadel Labed, médecin urgentiste, "les autres hôpitaux, on leur a demandé aussi d'évacuer les blessés et le personnel. On ne peut pas".

Les directeurs d'hôpitaux comme les soignants font face à un choix terrible : abandonner des patients gravement malades au coeur d'une campagne de bombardements, mettre leur propre vie en danger en restant sur place pour traiter les patients, ou mettre la vie de leurs patients en danger en cherchant à les transporter vers des établissements qui n'ont pas les moyens de les recevoir. L'immense majorité des soignants a choisi de rester et d'honorer le serment qu'ils ont pris, en tant que professionnel de la santé, de « surtout ne pas nuire », plutôt que de prendre le risque d'évacuer leurs patients déjà en état grave. Jamais des soignants ne devraient avoir à faire des choix aussi douloureux.

De plus, des dizaines de milliers de personnes déplacées dans le nord de Gaza cherchent à prendre refuge à l'intérieur ou autour des hôpitaux, afin de se protéger de la violence et d'empêcher que ces établissements ne soient attaqués. Elles aussi risquent de perdre la vie lorsque les établissements de santé sont bombardés.

Des informations vérifiées font état de décès chez les soignants et de la destruction d'établissements de santé, ce qui revient à refuser à des civils le droit humain fondamental d'accéder à des soins vitaux, et ce qu'interdit le droit international humanitaire.

L'OMS appelle Israël à annuler immédiatement les ordres d'évacuation qui ont été adressés aux hôpitaux du nord de Gaza et appelle à la protection des établissements de santé, des soignants, des patients et des civils. L'OMS renouvelle également ses appels à ce que l'on puisse livrer immédiatement et en toute sécurité des fournitures médicales, du carburant, de l'eau propre, de la nourriture et les autres formes d'aide humanitaire à Gaza, par le poste-frontière de Rafah, où une assistance vitale - dont les fournitures de santé de l'OMS, arrivées plus tôt dans la journée - est actuellement en attente.