Partout l'ONU lutte contre la désinformation qui manipule les opinions et propage la violence et la guerre. Les Casques bleus deviennent une armée numérique

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 29/08/2023 18:25:00



« A partir d'un smartphone, je vais produire des vidéos pour relayer de bonnes informations ». Blessing Kasasi, 15 ans, est une activiste des droits de la femme et de l'enfant. Elle a participé à Kinshasa à une formation soutenue par la MONUSCO sur la production de contenus numériques à l'aide d'un smartphone.


Partout, les Casques bleus et l'ONU luttent contre la désinformation qui manipule les opinions et propage la violence et la guerre. Les Casques bleus deviennent une armée numérique.

Grâce aux smartphones, à des applications d'édition et à des approches innovantes, des opérations de maintien de la paix de l'ONU à travers le monde construisent une « armée numérique » visant à lutter contre la désinformation sur les réseaux de médias sociaux et au-delà.

En concevant des moyens de lutter contre les informations fausses qui peuvent déclencher des tensions, des violences, voire des décès, les Nations Unies surveillent la façon dont la désinformation et les discours de haine peuvent porter atteinte à la santé, à la sécurité, à la stabilité ainsi qu'aux progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

« Il est devenu évident que le statu quo n'est pas une option », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans une note d'information publiée en juin sur l'intégrité de l'information sur les plateformes numériques.

« La capacité à diffuser de la désinformation à grande échelle pour saper les faits scientifiquement établis pose un risque existentiel pour l'humanité et met en danger les institutions démocratiques et les droits de l'homme fondamentaux », a-t-il écrit dans ce document.

Contrer la désinformation mortelle


La désinformation peut être dangereuse à d'autres égards. Plusieurs missions de l'ONU ont signalé ces dernières années des campagnes sur les médias sociaux visant leur travail de maintien de la paix.

En 2019, la mission de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), la MONUSCO, a fait part de ses graves préoccupations concernant des campagnes de désinformation sur les médias sociaux appelant à la violence contre les soldats de la paix pendant une épidémie d'Ebola et à la suite d'une attaque meurtrière par un groupe armé dans l'Est du pays.

En 2022, le Conseil de sécurité a modifié les mandats de ses quatre plus grandes opérations de maintien de la paix - RDC, République centrafricaine, Mali et Soudan du Sud - et y a ajouté la tâche de prévenir les campagnes de désinformation visant à saper la crédibilité d'une mission.

« Il s'agit d'une guerre qui se déroule sur les médias sociaux, à la radio et dans les médias traditionnels », a déclaré Bintou Keita, qui dirige la MONUSCO. La lutte contre la désinformation mortelle a obligé à un apprentissage difficile concernant ce nouveau champ de bataille, mais la mission est maintenant devenue proactive, notamment sur les plateformes de médias sociaux, pour aider à arrêter sa propagation, a-t-elle ajouté.


L'armée numérique lutte contre les fausses nouvelles


Pour lutter contre la désinformation, les soldats de la paix de l'ONU mettent de nouveaux outils à la disposition des civils de tous âges, dont Blessing Kasasi, 15 ans, en RDC.

Militante pour les droits des femmes et des enfants, news » et à les contrer avec l'arme la plus efficace : Mlle Kasasi a volontiers participé à un atelier dans la capitale congolaise, Kinshasa, avec 30 jeunes qui ont appris à détecter les « fake la vérité.

Guillaume Kingh-Farel, l'un des formateurs de l'atelier, a affirmé que la désinformation était « utilisée comme une arme de guerre pour saper les efforts de paix de la MONUSCO en RDC ».

Ainsi, l'atelier soutenu par la MONUSCO vise à former « une armée numérique capable de détecter les fausses informations » en produisant du contenu à l'aide d'un smartphone et d'un logiciel d'édition et en diffusant simultanément des informations objectives et crédibles par le biais de « clubs relais » qui disséminent ces messages à travers leurs réseaux.

« À partir d'un smartphone, je produirai des vidéos pour faire écho aux bonnes informations », a déclaré Mlle Kasasi à l'issue de l'atelier.

Préparer le terrain


Pour les opérations de paix de l'ONU, certaines communautés avec qui elles sont en contact accueillent favorablement les nouvelles approches.

Au Mali, où un gouvernement de transition est au pouvoir depuis un coup d'État en 2021, la mission de l'ONU, la MINUSMA, a organisé le premier festival de blogueurs du genre, attirant près de 400 participants à Mopti au début du mois de juin.

« Avec les progrès de la technologie, les médias numériques sont de plus en plus utilisés pour répandre la désinformation », a déclaré un blogueur local populaire qui a assisté à l'événement. Un festival de lutte contre la désinformation est une approche innovante pour surmonter ce défi, un moyen utile pour déconstruire les discours de haine et les « fake news ».

Fin juin, à la demande du gouvernement malien, le Conseil de sécurité des Nations Unies a mis fin à la mission, dont le retrait complet du pays est prévu pour le 1er janvier 2024.

D'autres efforts sont déployés ailleurs. Début août, à Abyei, une zone contestée par le Soudan et le Soudan du Sud, la mission de l'ONU sur place, l'UNISFA, a lancé Voice of Peace, une station de radio sur Internet visant à lutter contre les discours de haine et les fausses informations.

Pendant ce temps, en République démocratique du Congo, les initiatives de la MONUSCO continuent d'atteindre les communautés en proie à des tensions déclenchées par la désinformation. Il s'agit notamment de recruter des experts numériques, de créer des produits multimédias et d'atteindre les communautés, en particulier les jeunes qui maîtrisent les médias sociaux, a déclaré Mme Keita, cheffe de la mission.

Grâce à ces outils, la MONUSCO a essayé de « renforcer notre capacité à surveiller et à être présents sur les plateformes numériques de manière à ne pas être toujours en mode réactif, mais en mode anticipatif ».

Comment repérer et contrer la désinformation en ligne ?
L'initiative « UN Verified » a lancé un cours en ligne gratuit sur la manière de se prémunir contre la désinformation dangereuse qui circule sur les médias sociaux. Voici quelques-unes des leçons abordées :

* Reconnaître la désinformation et les raisons de sa propagation.

* Reconnaître les contenus émotionnels, dramatiques et provocateurs.

* Comprendre le danger des affirmations fabriquées et des preuves sélectives.

* Protégez-vous des robots et des trolls.

* Repérer les comptes piratés et protéger ses propres comptes.


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7 JUILET 2023 KINSHASA : DES JEUNES FORMÉS À LA PRODUCTION DE CONTENU S'ENGAGENT À LUTTER CONTRE LA DÉSINFORMATION
par ASCAIN ZIGBIA-TAYORO


« A partir d'un smartphone, je vais produire des vidéos pour relayer de bonnes informations ». Blessing Kasasi, 15 ans, est une activiste des droits de la femme et de l'enfant. Elle a participé à Kinshasa à une formation soutenue par la MONUSCO sur la production de contenus numériques à l'aide d'un smartphone.

En tout, trente jeunes regroupés au sein d'un club de relais et de plusieurs autres organisations y ont participé à la fin du mois de juin. L'objectif était de renforcer leurs capacités dans la lutte contre la désinformation, laquelle prend des proportions inquiétantes sur les réseaux sociaux.

« Ça ne sert à rien de prendre une image diffusée pour des fins justes, la détourner de son contexte et la manipuler dans le but de nuire », a affirmé Himlish Nketani Nsiala. L'étudiant en droit à l'Université catholique du Congo participait également à cette formation.

Il regrette en particulier la désinformation qui entoure le travail de la Mission de l'ONU en RDC. Il s'est engagé à « faire de [son] mieux pour que les informations sur le mandat et le travail de la MONUSCO atteignent un plus grand nombre de la population ».

Les participants vont ainsi constituer une armée numérique capable de détecter les fausses informations et les images détournées de leur contexte afin d'y opposer les véritables faits, s'adonnant ainsi au « fact-checking ».

Créer des contenus attrayants

"Comment créer des contenus vidéos attrayants pour lutter contre la désinformation sur le Web ?" est la thématique développée par Giscard Mido, de l'organisation Digital Marketing - l'un des deux formateurs.

Dans ce module, il était question d'expliquer comment le téléphone peut servir à inverser la tendance des « fake news » qui foisonnent sur la toile. Pour cela, les participants ont été outillés aux mécanismes de collecte, de traitement et de diffusion de nouvelles vérifiées, notamment sur l'importance de recouper les informations et de les vérifier à la source.

Pour leur permettre de joindre la théorie à la pratique, la MONUSCO a doté les apprenants d'outils indispensables à la production de contenu, soit des smartphones dotés de logiciels de montage.

La MONUSCO, qui a organisé cette formation, tient à impliquer plusieurs couches de la population congolaise dans la lutte contre la désinformation qui a déjà causé plusieurs dégâts, avec leurs conséquences néfastes au sein des communautés. Au-delà de la production de vidéos, les participants ont aussi été initiés à la prise de vue et au photojournalisme.

Le professeur Guillaume Kingh-Farel, autre formateur, les a édifiés sur les différents visages que peuvent prendre la désinformation et la manipulation sur les réseaux sociaux. Selon lui, « ces pratiques sont utilisées comme arme de guerre pour saper les efforts de paix de la MONUSCO en RDC ».

C'est sur base des techniques de détection des « fakes news » que les membres du club de relais vont désormais travailler pour attaquer les fausses informations distillées sur les réseaux sociaux en diffusant en parallèle des informations objectives et crédibles.

Le club de relais est une structure constituée de jeunes étudiants volontaires qui ont compris la nécessité de contrer la viralité des fausses informations par la diffusion de bonnes et véritables informations à un vaste public.