Par ses travaux, HUMANITE et BIODIVERSITE a contribué à une victoire pour le vivant : la France renonce aux néonicotinoïdes !

Humanité et Biodiversité - 07/02/2023 15:25:00

C'est la fin d'un long chapitre pour les pesticides ! Après plusieurs dérogations annuelles successives, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé le 23 janvier que la France renonçait à l'utilisation des néonicotinoïdes dans la culture de la betterave sucrière. Une décision qui fait suite à un arrêt de la Cour de justice européenne interdisant aux États membres de contourner l'interdiction des semences traitées avec ces substances nocives pour la biodiversité.
Un pesticide "tueur d'abeilles"
Suite à la Loi Biodiversité de 2016, les néonicotinoïdes ont été interdit en France à partir de l'automne 2018. En 2020, la production betteravière française a été affectée par une prolifération précoce et importante de pucerons vecteurs du virus de la jaunisse. Une situation qui a conduit les producteurs français à demander et obtenir le vote fin 2020 d'une nouvelle loi réautorisant pour trois ans, par dérogation, l'usage de ces produits, usage nécessaire, selon eux, à la survie de leur activité. Ce type d'insecticide qui s'attaque au système nerveux des insectes est très efficace et très pratique pour les agriculteurs qui l'utilisent comme traitement préventif (enrobage des semences). Seul inconvénient - et pas des moindres - ce "super insecticide" persiste dans l'environnement et ne cible pas seulement les pucerons. Il impacte une plus large population d'insectes, notamment les abeilles. La filière va donc devoir s'adapter.

Une victoire pour le vivant et pour notre association Humanité et Biodiversité
Depuis plusieurs années, Humanité et Biodiversité dénonce l'utilisation des néonicotinoïdes. Une nouvelle dérogation aurait été par ailleurs contraire aux engagements pris en décembre par la France lors de la COP15 de Montréal (Québec), pour enrayer la disparition de la biodiversité.

Nous vous en parlions déjà en octobre 2020 dans notre Cahier de la biodiversité n°4 « Néonicotinoïdes et compétitivité de la production française de betteraves ». Il n'existe pas d'évaluation du rôle des pucerons par rapport à la sécheresse importante de 2020 dans la perte de rendement de la betterave sucrière. À titre d'exemple, les producteurs belges ont estimé en 2018 que la sécheresse avait conduit à une baisse des rendement de 16 %. Même constat en France entre 2017 et 2018 où les rendements avaient diminué de plus de 13 % non pas à cause des pucerons mais du fait de la sécheresse. En 2020, ils ont même été excellents en Seine-Maritime malgré la présence de jaunisse et l'interdiction des néonicotinoïdes en raison de conditions météorologiques favorables. Par ailleurs, aucune donnée nouvelle ne vient remettre en cause la nocivité des néonicotinoïdes pour la biodiversité, bien au contraire.

Existe-t-il des alternatives aux néonicotinoïdes ?
En mai 2021, au terme d'une revue d'environ 3 800 articles scientifiques, l'Anses identifia 22 alternatives aux néonicotinoïdes et précisait que ces solutions disponibles à court ou moyen termes présentaient "des efficacités correctes mais insuffisantes en utilisation seule, pour réduire les niveaux de dégâts à un seuil économique acceptable". Il s'agirait en fait d'appliquer une combinaison d'alternatives pour obtenir un niveau d'efficacité suffisant.

Pour Humanité et Biodiversité, ces solutions sont une réelle opportunité pour préserver notre santé et celle de la biodiversité. C'est pourquoi notre association est partenaire de la Semaine Pour les Alternatives aux Pesticides, un événement national qui sensibilise les citoyens aux risques des pesticides de synthèses et fait la promotion d'alternatives bénéfiques à notre santé et notre planète.

Semaine Pour les Alternatives aux Pesticides (SPAP) : mobilisez-vous !
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Depuis 2005, la Semaine Pour les Alternatives aux Pesticides a lieu chaque année du 20 au 30 mars : ces dates sont symboliques car ce sont les 10 premiers jours du printemps, soit le retour des oiseaux et du beau temps, mais surtout des épandages dans les champs. C'est pourquoi Générations Futures, l'association à l'origine de cet événement national, souhaite profiter de ce moment pour montrer que les pesticides ne sont pas une fatalité et qu'il est possible de s'en passer.

Chaque année, ce sont quelques 500 animations (conférences, ciné-débats, portes ouvertes, dégustations, ateliers...) qui sont organisés un peu partout en France et à l'étranger avec un seul et même objectif : promouvoir les alternatives existantes, efficaces et durables aux pesticides de synthèse.


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Président