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Monsieur le Président, cher Ruslan, Mesdames et Messieurs les membres de la Verkhovna Rada, Excellences, chers amis, merci pour votre accueil chaleureux. Je suis très ému d'être ici, parmi vous.

Depuis presque un an maintenant, le monde assiste avec horreur à la guerre menée contre votre pays. Nous sommes horrifiés par la souffrance de votre peuple, horrifiés par la destruction de vos villes et horrifiés par la brutalité dont fait preuve la Russie, en dernier lieu à Soledar, à Bakhmout, et dans tant d'autres villes et villages. L'attaque perpétrée par la Russie contre un immeuble d'habitation à Dnipro, qui a fait des dizaines de morts, n'est que le dernier crime d'une longue série. Depuis près d'un an, le Kremlin a tué vos concitoyens, détruit vos infrastructures et démoli vos villes, s'attaquant à votre droit même d'exister.

Pourquoi? Parce que vous avez exercé vos droits en tant qu'Ukrainiens libres, que vous vous êtes mobilisés pour choisir votre propre voie et votre propre destin, que vous avez choisi la démocratie, que vous avez choisi l'Europe.

Ainsi, en lançant des missiles contre l'Ukraine, la Russie lance des missiles contre tout ce en quoi l'Union européenne croit. Elle s'attaque aux fondements mêmes de notre Union, une Union que nous avons bâtie sur la tragédie de la Seconde Guerre mondiale et qui est ancrée dans la dignité humaine, la liberté et la solidarité - dans un espace de paix et de prospérité.

Par votre soulèvement de la place Maïdan, vingt-deux ans après avoir obtenu votre indépendance, vous, Ukrainiens, avez clamé: "nous sommes européens". C'est pourquoi, aujourd'hui, je suis venu en Ukraine pour vous dire: "nous sommes tous ukrainiens".

Depuis le premier jour de l'attaque russe, les Européens ont compris que cette offensive était plus qu'une attaque contre l'Ukraine. C'est une attaque qui nous vise tous - nos valeurs européennes communes, notre sécurité européenne, notre rêve européen commun.

Chers amis, cette attaque est plus qu'une guerre, c'est une stratégie de destruction systématique, dont l'objectif est de vous forcer à vous soumettre, de forcer votre pays à devenir un État vassal. Cette entreprise est vouée à l'échec. Et elle échouera. L'Ukraine est indestructible, les Ukrainiens sont unis, résilients, courageux et fiers, à juste titre.

Winston Churchill s'est servi de la liberté et de l'espoir comme d'une arme pour lutter contre les nazis et les battre. Nelson Mandela a fait de sa cellule de prison un symbole de liberté spirituelle afin de libérer son peuple et de transformer son pays. Aujourd'hui, Volodymyr Zelensky incarne votre esprit de résistance nationale.

L'esprit de Churchill et de Mandela est présent dans le coeur de chaque Ukrainien. Je l'ai vu de mes propres yeux, à Odessa, à Borodianka et, ici même, à Kiev. Vous vaincrez grâce à cet esprit. Et parce que vous n'êtes pas seuls. Nous sommes à vos côtés.

Depuis le premier jour, la Russie a mal évalué la situation. L'Ukraine ne s'est pas effondrée et ne s'effondrera pas. L'UE est plus unie que jamais. Et nos liens transatlantiques n'ont jamais été plus étroits.

Plusieurs moments sont gravés dans ma mémoire. En mars 2021, je me suis rendu sur la ligne de front, dans le Donbass, avec votre président. J'ai alors déclaré que la Russie n'était pas un médiateur, mais une partie au conflit. J'avais malheureusement raison.

Deuxième moment, aux premières heures du 24 février, lorsque Volodymyr Zelensky m'a appelé. Il m'a dit: "c'est plus qu'une attaque, c'est une invasion à grande échelle de l'Ukraine". Le soir même, je l'ai invité à prendre la parole devant les membres du Conseil européen, par vidéoconférence. Ils nous a dit que c'était peut-être la dernière fois que nous le voyions vivant, et les dirigeants de l'UE ont été choqués. Cela a été un moment charnière - des décisions audacieuses devaient être prises pour l'Ukraine.

Mais nous avons aussi immédiatement compris que le destin de l'Ukraine n'était pas le seul à être en jeu. En jeu était aussi le destin de l'Union européenne - l'avenir de notre continent et de tout ce en quoi les pères fondateurs de l'UE avaient cru.

Moins de six mois plus tard, en juin, nous avons pris une décision inconcevable pour beaucoup encore quelques semaines plus tôt: nous avons décidé d'accorder à l'Ukraine le statut de pays candidat à l'adhésion à l'UE. Nous avons ainsi répondu à la question de l'adhésion du pays à l'UE. L'Ukraine, c'est l'UE, et l'UE, c'est l'Ukraine. Nous ne devons ménager aucun effort pour concrétiser aussi rapidement que possible la promesse que nous avons faite.

Je caresse l'espoir qu'un jour, bientôt je l'espère, un Ukrainien ou une Ukrainienne occupera mon poste actuel de président du Conseil européen, ou celui de président du Parlement européen ou de la Commission.

Mais ici, aujourd'hui, nous sommes également résolus à aider votre pays et votre État à tenir bon. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé jusqu'à présent près de 50 milliards d'euros pour aider l'Ukraine, dont 18 milliards d'euros d'appui budgétaire garanti pour 2023. Les corridors de solidarité de l'UE ont permis l'exportation de 45 millions de tonnes de produits ukrainiens, générant des revenus essentiels pour l'Ukraine. Nous avons offert un refuge à plusieurs millions de vos citoyens, en particulier des femmes et des enfants, qui ont cherché protection et asile dans l'UE, et nous continuerons à le faire.

Nous sommes déterminés à vous aider à gagner sur le champ de bataille. Lorsque le président Zelensky m'a appelé le 24 février, il m'a dit: "Charles, nous avons besoin d'armes, nous avons besoin de munitions". Trois jours plus tard, nous avons officiellement décidé de fournir du matériel létal à un pays tiers pour la première fois de l'histoire de l'UE. Entre-temps, des armes et des munitions avaient déjà commencé à arriver en Ukraine. À ce jour, nous avons mobilisé un total de 11 milliards d'euros de soutien militaire (par l'intermédiaire de la facilité européenne pour la paix et des États membres de l'UE). En outre, nous formons 15 000 soldats (dans le cadre de notre mission de formation militaire).

Les semaines et les mois à venir seront décisifs. Il vous en faut plus. Plus de systèmes de défense aérienne, plus de munitions et de missiles à longue portée et, surtout, vous avez besoin de chars. Tout de suite.

Nous vous soutenons également au niveau international, au-delà des frontières de l'Ukraine. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour isoler la Russie. L'UE a adopté neuf séries de sanctions sévères, et nous ne nous arrêterons pas là. Nous travaillons également sans relâche pour mobiliser un soutien international aussi large que possible pour votre pays. En Afrique, en Asie, en Chine et en Amérique latine, lors de chaque rencontre avec des dirigeants étrangers, ce soutien est le premier sujet que nous abordons.

L'Ukraine se reconstruira. Vous devez obtenir réparation de ce préjudice. Nous avons gelé plus de 300 milliards d'euros d'avoirs russes. Je suis fermement convaincu que ces avoirs devraient être et seront utilisés pour la reconstruction de l'Ukraine.

Enfin, tous les responsables, sans exception, doivent répondre de leurs actes et en répondront. Ils en répondront au nom des principes du droit international et devant toutes les victimes.

Ainsi, à toutes les femmes, à tous les enfants et à tous les hommes ukrainiens, qui souffrent, à tous ceux qui ont perdu un parent, un enfant, un frère, une soeur, à tous ceux qui se battent sur le champ de bataille, à tous ceux qui soutiennent l'effort de guerre et à tous ceux qui prennent soin des blessés, je déclare: l'heure des comptes viendra, la justice sera rendue.

Vous voulez mettre fin à cette guerre d'agression,et l'UE partage cet objectif. Nous soutenons donc l'initiative du président Zelensky relative au plan de paix en dix points.

Dans quelques jours, un sommet UE-Ukraine se tiendra avec votre président. Nous discuterons de tous les volets de notre soutien à votre pays, concernant aussi bien votre courageuse résistance à la Russie que votre cheminement vers l'Union européenne.

Chers frères et soeurs ukrainiens, vous avez choisi la liberté, la démocratie et les valeurs que nous partageons en tant qu'Européens. Vous avez décidé de nous rejoindre dans notre Union et, pour cela, trop nombreux sont ceux qui se sacrifient. Je n'oublierai jamais le jeune garçon que j'ai rencontré à Borodianka. Il m'a raconté comment les soldats russes avaient attaqué sa maison et comment sa grand-mère s'était opposée aux soldats russes. Un enfant ne devrait jamais vivre cela. Ni en Ukraine, ni ailleurs.

L'Union européenne est avec vous aujourd'hui. Nous serons avec vous demain et aussi longtemps qu'il le faudra.

Cette guerre a causé tant de souffrances. Cependant, un avenir meilleur attend ce garçon de Borodianka. Un avenir meilleur vous attend tous. Un avenir au sein de l'Union européenne. Il ne peut y avoir d'Europe indépendante et sûre sans une Ukraine indépendante et sûre. Il ne peut y avoir d'Europe libre sans une Ukraine libre. Notre avenir se fait ensemble.