La Russie ne vendra pas son pétrole aux pays qui ont plafonné le prix

Radio-Canada - 28/12/2022 09:35:00

Sur le terrain, les forces russes continuent l'offensive autour des villes de Bakhmout et de Svatove.

La Russie a annoncé qu'elle empêchera dès le 1er février la vente de son pétrole aux pays qui utilisent le prix plafond établi récemment par le G7, l'Union européenne et l'Australie.

La livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales étrangères et autres particuliers est interdite si ceux-ci utilisent le prix plafond, est-il écrit dans un décret signé mardi par le président russe Vladimir Poutine.

Le décret précise que cette mesure est prévue pour une durée de cinq mois, jusqu'au 1er juillet 2023.

Seule une décision spéciale de Vladimir Poutine lui-même pourra permettre la livraison de pétrole russe à un ou des pays qui ont mis en place le prix plafond ces dernières semaines, est-il indiqué dans le décret publié mardi.

Un plafonnement aux effets mitigés
Au début de décembre, les 27 États membres de l'Union européenne, les pays du G7 et l'Australie s'étaient mis d'accord, après des mois de négociations, sur un plafonnement du prix du pétrole russe à l'export à 60 $ par baril.

Dans les faits, seul le pétrole vendu par la Russie à un prix égal ou inférieur à 60 $ peut continuer à être livré. Au-delà de ce plafond, il est interdit pour les entreprises de fournir les services permettant son transport maritime (fret, assurance, etc.).

L'objectif d'une telle mesure est de priver Moscou de revenus importants pour financer son intervention militaire en Ukraine.

Toutefois, le cours du baril de pétrole russe (brut de l'Oural) évolue actuellement autour de 65 $, soit à peine plus que le plafond fixé, ce qui implique un effet limité à court terme de cette mesure, selon de nombreux observateurs.


Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait ainsi déploré une position faible de ses alliés occidentaux au moment de sa mise en place.

Quant aux dirigeants russes, ils avaient déclaré à plusieurs reprises ne pas accepter ce mécanisme qui n'aura pas d'impact sur le cours de l'offensive russe contre le voisin ukrainien.

Le 9 décembre, Vladimir Poutine avait, lui, menacé l'Occident de réduire la production de pétrole russe si nécessaire, car il fustigeait alors une décision stupide.

La Russie est le deuxième exportateur de pétrole du monde et était, en 2021, le deuxième fournisseur d'or noir aux pays de l'Union européenne. Selon les dirigeants européens, 90 % des exportations de pétrole russe vers l'UE seront déjà arrêtées d'ici à la fin de l'année 2022 pour protester contre l'offensive russe en Ukraine.

Pilonnages russes autour de Bakhmout et de Svatove
La décision survient au moment où les forces russes ont pilonné mardi plusieurs localités dans l'est et le sud de l'Ukraine, notamment autour de Bakhmout, ville de la province de Donetsk, et de Svatove, plus au nord dans la province de Louhansk, selon le renseignement militaire britannique.

Donetsk et Louhansk (Lougansk en russe), occupées par les séparatistes prorusses dans le bassin minier du Donbass, sont sous le contrôle de Moscou depuis 2014.

La Russie continue à mener des assauts de faible ampleur dans ces zones [Bakhmout-Svatove, NDLR], mais les positions ont peu évolué, a indiqué le ministère britannique de la Défense sur Twitter.

Sur des images de Reuters, on distingue des incendies dans un quartier de Bakhmout et des débris dans les rues. Les vitres de la plupart des habitations ont volé en éclats.

Lors de son message vidéo quotidien, lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé la situation difficile et douloureuse dans le Donbass.


L'armée russe, qui a essuyé une série de défaites notables depuis le lancement de son opération spéciale le 24 février dernier, vise désormais la conquête de Bakhmout, une ville industrielle qui comptait 70 000 habitants avant le conflit et qui n'abrite désormais qu'environ 10 000 résidents, des personnes âgées en majorité.

Si le verrou que représente Bakhmout saute, les forces russes pourront progresser vers les villes plus importantes de Kramatorsk et de Sloviansk.

Notre immeuble est détruit. Il y avait un commerce dans l'immeuble, il n'y a plus rien, témoigne Oleksandr, 85 ans, dernier habitant du bâtiment délabré, à Bakhmout.


A ses côtés, Pilaheia, 73 ans, dit s'être habituée au fracas des explosions. Maintenant, je ne regarde ni n'écoute ce qui se passe. C'est comme ça. Mais je veux une vie normale malgré tout, dit-elle en nourrissant les poules de ses voisins, qui ont fui.

Ces dernières 24 heures, les troupes ukrainiennes ont repoussé les assauts russes dans deux localités de Louhansk et dans six localités de Donetsk, selon le chef d'état-major des forces armées ukrainiennes.

Il a ajouté que les bombardements russes avaient gagné en intensité à Kherson, dans la région de Zaporijia, et dans des communes de Kharkiv, près de la frontière russe.

Lundi soir, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a réitéré les termes du Kremlin pour une fin négociée du conflit, notamment le rattachement à la Russie d'un cinquième du territoire ukrainien, occupé par l'armée russe.

Kiev, appuyé militairement par l'OTAN, rejette les exigences de Moscou.