Coordination européenne contre le djihadisme

Blog de Rachida Dati - 10/11/2014 12:35:00


Éclipsée dans l'actualité par l'intervention du Président de la République, une réunion extrêmement importante a eu lieu hier après-midi à Paris. Elle réunissait les ministres de l'Intérieur de 6 pays européens (G6) ainsi que des ministres turc, canadien et américains.

Je tiens à saluer l'initiative prise par Bernard Cazeneuve et les solutions qui ont été proposées pour lutter contre le terrorisme international, et notamment en ce qui concerne le phénomène des départs et des arrivées de djihadistes sur le sol européen.

En tant que membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen (LIBE), j'ai à de nombreuses reprises interpellé les autorités européennes à ce sujet, soutenant la nécessité d'une coordination européenne face au défi des jeunes européens qui partent faire le "djihad" en Syrie ou en Irak au côté de Daech.

Ils seraient aujourd'hui plus de 3000 Européens dans les rangs de cette organisation terroriste. De nombreux pays européens sont concernés par ce phénomène et au lieu de chercher des solutions chacun dans notre coin, il nous faut trouver des solutions communes. De plus, la libre circulation rend évidemment nos États interdépendants au niveau de la sécurité.

Pour protéger les Européens, les ministres hier ont très clairement soutenu la mise en place d'un système de collecte des données fournies par les voyageurs aux compagnies aériennes (PNR). C'est un dossier dont nous avons la responsabilité en commission LIBE que je continuerai à soutenir, tout en restant attentive au respect de la vie privée des Européens.

Au cours de cette réunion, il a été rappelé l'urgence de mieux contrôler l'entrée dans le territoire Schengen. La volonté du ministre français de l'Intérieur de "renforcer la coopération Schengen" va dans le bon sens. Il faut réfléchir à comment utiliser au mieux le système d'information Schengen, outil clé dans l'amélioration de la fluidité de l'information entre les autorités nationales. Il faut qu'on ait enfin un débat plus vaste sur la porosité de nos frontières : à travers le cas concret des djihadistes, nous voyons les enjeux sécuritaires de taille qui menacent l'Europe si nous laissons Schengen en l'état.

Enfin, Daech, il faut le rappeler, est une organisation d'un nouveau type de par son utilisation massive des médias sociaux comme instrument de propagande et de recrutement, de sorte qu'il est inexact de parler de "loups solitaires". Cette "guerre virtuelle" doit aussi être menée.

La nouvelle loi française de lutte contre le terrorisme apporte, sur ce point, des avancées significatives. Mais nous savons tous qu'une action européenne est indispensable.

Dans le cadre d'une approche globale de lutte contre le terrorisme, je souhaite que l'on puisse s'appuyer sur le centre européen sur la cybercriminalité et poursuivre au niveau européen notre dialogue avec les partenaires du monde de l'internet. C'est une autre priorité pour les mois à venir.
7 novembre 2014