Soupçonnée d'encourager les comportements addictifs, l'application TikTok Lite dans le viseur de la Commission européenne

Commission Européenne - 19/04/2024 15:20:00




L'exécutif européen a demandé, mercredi 17 avril, au groupe chinois ByteDance de fournir des explications sur les risques liés à sa nouvelle application TikTok Lite, récemment lancée en France et en Espagne. Rémunérant le visionnage de vidéos, celle-ci est soupçonnée d'encourager les comportements addictifs.

"Nouveau coup de pression de la Commission européenne sur le géant chinois TikTok", entame La Tribune. Mercredi 17 avril, "Bruxelles a en effet réclamé des explications au réseau social sur les risques d'addiction liés au déploiement en France et en Espagne d'un nouveau service rémunérant les utilisateurs qui regardent des vidéos", poursuit le journal économique.

La Commission a ainsi donné 24 heures à TikTok, propriété du groupe chinois ByteDance, pour fournir "des détails sur l'évaluation des risques". Ce que l'entreprise "aurait dû effectuer avant le déploiement de la nouvelle application "TikTok Lite" ", le 11 avril dernier en France et en Espagne, d'après l'institution. Et cette dernière d'ajouter : "Cela concerne l'impact potentiel du nouveau programme de "récompenses" sur la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs, en particulier en ce qui concerne la stimulation [...] du comportement addictif" [La Tribune]. Les Echos font savoir que la procédure intervient "au titre de la législation sur les services numériques (DSA)", un règlement européen qui a introduit des exigences de sécurité renforcées pour les utilisateurs des plateformes numériques.

Prime au visionnage
TikTok Lite contient un "programme de récompenses", permettant "aux utilisateurs de gagner des points en effectuant certaines tâches sur TikTok, telles que regarder des vidéos, aimer du contenu, suivre des créateurs, inviter des amis à rejoindre TikTok" [La Dépêche]. Les points récoltés peuvent ensuite être échangés "contre des cartes-cadeaux sur des sites partenaires, comme Amazon", ajoute Ouest-France.

L'application est soupçonnée par l'Union européenne d'encourager "un usage excessif de l'application vidéo, déjà accusée d'accaparer l'attention des adolescents et jeunes adultes" [Le Figaro].

De son côté, "le réseau social a rappelé à plusieurs reprises que seules les personnes âgées de 18 ans ou plus pouvaient collecter des points" sur TikTok Lite [Ouest-France]. Pour ce faire il est "nécessaire de fournir un selfie avec une pièce d'identité, un selfie vidéo ou une transaction bancaire", note la RTBF. Mais le média belge indique que beaucoup considèrent ce système comme facilement contournable. A l'instar d'Anne Cordier, professeure en science de l'information et de la communication à l'université de Lorraine, qui voit dans TikTok Lite "un phénomène de création de dépendance connu et problématique" [RTBF].

TikTok déjà épinglé par la Commission européenne
Des préoccupations ainsi prises en compte par la Commission européenne. "Nous ne ménagerons aucun effort pour protéger les mineurs dans le cadre du DSA", a déclaré sur X le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton [Euractiv].

L'application est déjà visée par la Commission qui a "ouvert en février 2024 une procédure formelle contre TikTok, soupçonné d'avoir enfreint la DSA dans des domaines liés à la protection des mineurs, à la transparence de la publicité, à l'accès aux données pour les chercheurs, ainsi qu'à la gestion des risques liés à la conception addictive et au contenu nocif de son application", détaille La Dépêche.

Dans le cas de TikTok Lite, si des garanties suffisantes n'étaient pas apportées, une enquête pour infraction au DSA pourrait être ouverte. L'application risquerait "une très lourde amende, représentant jusqu'à 6 % de son chiffre d'affaires mondial", précise Le Figaro. La Commission peut également "imposer des amendes en cas de communication d'informations incorrectes, incomplètes ou trompeuses", rappelle l'institution