Discours d'Inger Andersen Directrice Exécutive du Programme des Nations Unies pour l'Environnement : S'unir pour mettre fin à la pollution plastique (VIDEO)

PNUE - Programme des Nations Unies pour l'Environnement - 29/03/2024 10:00:00





M. Jean-Luc Assi, Ministre de l'environnement et du développement durable
M. Bouake Fofana, Ministre de l'hydraulique et de l'assainissement
Mme Françoise Remarck, Ministre de la culture
Mme Yvette Daoud, Ambassadrice du Royaume des Pays-Bas
Excellences, partenaire, Mesdames et Messieurs
Kevin Kariuki, Vice-Président de la banque Africaine de développement
Philippe Poinsot, Coordinateur résident des Nations Unies en Côte d'Ivoire

Nous célébrons aujourd'hui la Journée mondiale de l'environnement. Nous encourageons chacune et chacun à agir pour lutter contre la pollution plastique.

Je remercie la Côte d'Ivoire d'accueillir ces célébrations et le Royaume des Pays-Bas pour son généreux soutien.

En accueillant la Journée mondiale de l'environnement, la Côte d'Ivoire fait preuve d'un engagement fort contre la triple crise planétaire. La crise du changement climatique. La crise de la perte de la nature et de la biodiversité. La crise de la pollution et des déchets.

La pollution plastique est un aspect critique de la triple crise planétaire.

Le monde produit plus de 400 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année. Moins de 10% des déchets plastiques jamais produits ont été recyclés. Où finit le reste ? Enterrés, brûlés ou jetés, souvent après une seule utilisation. Dans les océans, les cours d'eau et les lacs. Le plastique finit également ingéré par les animaux et les êtres humains. La pollution plastique est une grave menace pour les écosystèmes, la santé humaine et le climat. La Côte d'Ivoire n'est pas à l'abri.

Chers amis,

Il faut mettre fin à la pollution plastique. Pour notre prospérité. Pour la santé de la planète. Pour la santé de l'humanité. Pour y parvenir, il faudra repenser comment nous produisons, utilisons, récupérons et éliminons les plastiques.

Il faut redéfinir la conception des produits afin d'éliminer ou d'utiliser moins de plastique, en particulier les plastiques problématiques et inutiles. Il faut redéfinir la conception des emballages pour réduire les quantités de plastique. Il faut redéfinir la conception des systèmes et des produits pour faciliter la réutilisation et le recyclage. Il faut repenser le système pour assurer une certaine justice, afin que les travailleurs du secteur informel des déchets et d'autres communautés vulnérables aient accès à des emplois décents.

La communauté internationale travaille sur cette refonte à l'aide d'un accord mondial qui mette fin à la pollution plastique. Il est prévu que cet accord soit conclu en 2024. La Côte d'Ivoire est pleinement engagée dans ce processus.

La Côte d'Ivoire agit également au niveau national. Le pays a interdit les sacs en plastique à usage unique en 2013. Elle fait partie des 15 États de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest ayant accepté d'interdire les emballages en plastique d'ici à 2025.

Cependant, tous les pays, doivent passer à la vitesse supérieure. Chaque année perdue implique une augmentation des déchets plastiques dans l'environnement.

Les gouvernements doivent conclure un accord solide pour mettre fin à la pollution plastique. Un accord qui porte sur l'ensemble du cycle de vie des plastiques. Un accord qui soit réellement inclusif, qui encourage la participation des travailleurs du secteur informel des déchets, des peuples autochtones, de la société civile et du monde universitaire. Un accord qui garantisse un soutien aux pays en développement.

L'industrie et le secteur privé doivent s'engager dans les négociations sur la pollution plastique, mais il n'est pas nécessaire d'attendre un accord pour agir. Ils peuvent faire preuve de créativité dès maintenant pour tirer pleinement parti des nouveaux modèles commerciaux et des nouveaux marchés qui émergeront. Redéfinir les produits et les emballages afin d'éliminer le plastique ou d'en utiliser moins, les rendre plus facilement réutilisables, recyclables et réparables. Les investisseurs doivent soutenir cette transition. En particulier, les organisations financières internationales doivent investir dans des infrastructures de gestion des déchets solides.

Chers amis,

Agir pour mettre fin à la pollution plastique est une opportunité majeure, en particulier pour les pays en développement. En agissant de concert, nous pouvons pratiquement éliminer la pollution plastique d'ici à 2040. Nous pouvons réduire les coûts sociaux, environnementaux et les coûts de santé. Nous pouvons, créer des centaines de milliers d'emplois, principalement dans les pays en développement, ainsi que stimuler de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités commerciales.

Tout le monde y gagne, à condition d'assurer une transition juste. Cette transition juste est cruciale pour la Côte d'Ivoire, où l'industrie des déchets emploie dix mille 10 000 personnes et soutient jusqu'à 20 000 emplois informels. Elle est également cruciale pour le reste de ce grand continent, où des emplois décents et durables pour les jeunes et les femmes peuvent apporter prospérité et stabilité.

La façon dont le monde produit, consomme et élimine le plastique a entraîné un désastre. Nous pouvons y mettre fin en fermant le robinet de la pollution plastique. À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, j'invite tout le monde à rejoindre ce mouvement mondial pour mettre fin à la pollution plastique, une fois pour toutes.

Je vous remercie.

Bio d'Inger Andersen

Inger Andersen a été nommée directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement par le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, en février 2019.

Entre Janvier 2015 et mai 2019, Mme Andersen a occupé le poste de directrice générale de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

Mme Andersen apporte à ce rôle sa passion de la conservation et du développement durable, dont elle a fait preuve tout au long de ses 30 années de carrière dans le domaine de l'économie du développement international, de la durabilité environnementale, de l'élaboration des politiques, de la conception et la mise en oeuvre de projets générant des effets positifs sur le terrain. Elle a joué un rôle clé dans l'appui aux pays riverains en matière de gestion internationale de l'eau et de diplomatie hydraulique.

Avant de rejoindre l'IUCN, Mme Andersen a occupé plusieurs postes de direction à la Banque mondiale et à l'Organisation des Nations Unies. Dernièrement, elle a servi en tant que Vice-présidente pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, comme Vice-présidente pour le développement durable et cheffe du conseil du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). Au cours de ses 15 années de carrière à la Banque mondiale, Mme Andersen a occupé des postes de direction dans les domaines de l'eau, de l'environnement et du développement durable, axés tout particulièrement sur l'Afrique et le Moyen-Orient. Avant cela, Mme Andersen a travaillé aux Nations Unies pendant 12 ans. Elle a débuté au Bureau des Nations Unies pour la région soudano-sahélienne où elle s'est concentrée sur les problèmes de sécheresse et de désertification, avant d'être nommée coordonnatrice de l'eau et de l'environnement du Programme des Nations Unies pour le développement pour la région arabe.

Le parcours académique de Mme Andersen comprend une licence de la London Metropolitan University North et un Master de la School of Oriental and African Studies de l'Université de Londres, avec une spécialisation en économie du développement.