Serbie: Un chef d'Etat ne s'est jamais vu interdire la visite d'un camp de concentration

République de Serbie - 08/08/2022 15:35:00

La décision des autorités croates d'interdire au président de la Serbie Aleksandar Vucic une visite privée à Jasenovac est un scandale qui ne peut pas avoir un effet favorable sur le développement des relations entre les deux pays, estime le secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères Nemanja Starovic et souligne que jamais dans l'histoire de l'Europe, après la Seconde Guerre mondiale, il n'est arrivé qu'un chef d'État se soit vu interdire de se rendre sur les lieux d'un camp de concentration, que ce soit officiellement ou à titre privé.
Starovic a indiqué que les autorités serbes n'avaient pas encore reçu d'explication cohérente pour cet agissement des autorités croates et a ajouté que les explications de la presse croate, relatives à l'anniversaire de l'action criminelle «Oluja» ne peuvent être acceptables, car la première demande d'organisation de la visite officielle est arrivée en septembre dernier, 11 mois avant la commémoration annoncée de cette action à Knin.

Il a ajouté que les vraies raisons résident dans autre chose et que le temps devant nous le montrera, dans la réticence des autorités croates et de la société dans son ensemble à affronter correctement les faits concernant les crimes terribles commis contre le peuple serbe, le peuple juif et le peuple rom en l'Etat Indépendant de Croatie.

-Je pense que c'est un fait assez désagréable pour eux que la visite du président de la Serbie, le dépôt de gerbes et l'allumage de bougies sur le plus grand lieu de martyre serbe les auraient rappelé justement l'essence et le caractère de ces crimes, à dit Starovic pour Tanjug.

Il dit que le gouvernement de la Serbie décidera d'éventuelles contre-mesures dans la période à venir, et aux commentaires des responsables croates selon lesquels la réaction d'hier du président Vucic était «hystérique», Starovic dit que la réaction du président de la Serbie, bien au contraire, était extrêmement mesurée.

Il indique que nous devons tenir compte du fait qu'en septembre dernier et en mars de cette année, la demande des autorités croates de reporter les visites annoncées à Jasenovac a été acceptée, et même cette fois où, dit-il, Vucic a été interdit de visiter Jasenovac en privé sans aucune raison.

-Aucun bruit n'a été soulevé ici, à Belgrade, ce n'a pas été fait par Vucic, mais l'hystérie a en fait commencé avec des articles dans la presse écrite croate dimanche matin, et bien sûr il fallait répondre de manière adéquate à des mensonges aussi brutaux et à la campagne lancée depuis Zagreb, a déclaré Starovic.

Il a déclaré que dans la note envoyée par le Ministère des affaires étrangères de la Serbie à Zagreb, il était demandé que, dans les circonstances actuelles, après l'interdiction «insensée et illégale» au Président de la Serbie de visiter le camp de Jasenovac en privé, Vucic soit autorisé à effectuer une visite officielle d'ici le 17 septembre.

-Si cette visite a lieu ou non, nous ne pouvons pas savoir en ce moment car cela ne dépend pas de nous, mais les annonces scandaleuses que nous pouvons voir dans la presse croate provenant, comme ils disent, de sources non officielles, que pour la réalisation éventuelle de cette visite, de nouvelles conditions seront posées, et qu'une telle visite ne peut avoir lieu avant les mois d'automne, dit Starovic.

Il a souligné que la décision des autorités croates violait le droit de l'homme fondamental à la liberté de mouvement et a ajouté qu'au cours de la seule année écoulée, plus de 700 entrées personnelles ont été enregistrées sur le territoire de la Serbie par des personnes titulaires de passeports diplomatiques ou officiels croates.

Il a ajouté que c'est quelque chose de tout à fait normal et habituel et que toute interdiction de ce type est un scandale en soi, et qu'il n'y a pas de réaction adéquate de l'Union européenne à ce propos.

Il a déclaré que le ministère des Affaires étrangères avait déjà envoyé une vive démarche à l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste en tant qu'organisation internationale très respectable et importante qui s'occupe de nourrir la culture de la mémoire pour les victimes du nazisme et du fascisme de la Deuxième Guerre mondiale, et a ajouté que des réactions adéquates sont arrivées très rapidement par Le Musée de l'Holocauste des Etats-Unis.

Il a souligné que la Serbie souhaitait orienter les relations avec la Croatie dans le sens de l'avenir et des défis communs, susceptibles de rapprocher les deux pays, mais a également déclaré qu'il ne souhaitait pas passer outre cette conduite de la Zagreb officielle.

-Nous ne pouvons pas et ne nous voulons pas passer outre le grand manque de respect qui a été manifesté avant tout envers les victimes des peuples serbe, juif et rom qui ont souffert pendant la Seconde Guerre mondiale dans la NDH et bien sûr nous ferons tout ce qui est conforme à nos compétences afin d'avertir l'opinion publique ici mais surtout internationale de l'inadmissibilité de ce type de comportement de la part de la Croatie, a conclu Starovic.