L'UNESCO met en garde contre de faux certificats accompagnés de son timbre censés valider l'exportation de biens culturels africains

UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture - 02/07/2020 10:50:00


L'UNESCO a appelé mercredi à la plus grande vigilance après avoir été saisie de nombreux signalements d'escroquerie et de trafic illicite de biens culturels en provenance d'Afrique, réalisés sous le couvert de faux documents, en vertu desquels l'agence onusienne autoriserait ce commerce et certifierait même la valeur de collections.


Ces documents arborent frauduleusement le nom et le logo de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), en utilisant parfois de fausses cartes professionnelles ou en usurpant le nom de fonctionnaires en poste, a précisé l'agence onusienne dans un communiqué de presse.

La majorité des victimes résident en France, ont souvent des liens avec des pays d'Afrique francophone et pensent connaître les pratiques locales. Le montant cumulé des préjudices est estimé à plus d'un million d'euros.

L'UNESCO a indiqué que le cas échéant elle saisirait la justice pour mettre fin à ces fraudes et fausses représentations. Elle appelle toutes les personnes sollicitées par ce type d'offres à y prêter la plus grande attention et à ne pas y donner suite sans une vérification scrupuleuse. Elle les appelle à se signaler auprès des autorités judiciaires compétentes.

Pour la Directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, « le trafic illicite des biens culturels est un fléau mondial, lucratif, le plus souvent lié aux autres filières du crime organisé, y compris le financement du terrorisme. Il affecte toutes les régions du monde notamment l'Afrique. Ces malversations constituent une atteinte à la culture ».

Convention de 1970
L'agence onusienne célèbre cette année les cinquante ans de la Convention adoptée en 1970 pour lutter contre le trafic illicite de biens culturels. Le rôle de l'UNESCO est de faciliter la coopération entre États, d'assurer le partage des informations et la mise en oeuvre des mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels.

Au cours des cinq dernières années, l'UNESCO a aidé plusieurs dizaines de pays à transcrire dans leurs lois nationales les dispositions de prévention de lutte contre le trafic illicite de biens culturels contenues dans la Convention de 1970, et encouragé la restitution des objets illégalement déplacés de leur territoire..

L'agence onusienne a organisé en partenariat avec ses partenaires - l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), l'Organisation mondiale des douanes, le Conseil international des musées (ICOM) et la Convention UNIDROIT, plus de 80 sessions de formation et de renforcement des capacités auprès des représentants des États et de leurs ministères concernés, des services de police et des douanes, et des professionnels de musées.

L'UNESCO ne délivre aucun certificat ni aucune autorisation de commercialisation de biens culturels.




Par ailleurs le 5 mai dernier, à l'occasion de la Journée du patrimoine mondial africain, l'UNESCO souligne combien il est important d'impliquer la jeunesse pour préserver ce patrimoine qui irrigue la culture contemporaine africaine.

« Alors que nous vivons une période de crise, d'angoisse et d'incertitude, le patrimoine mondial, culturel et naturel, représente une ressource inestimable, qui alimente notre résilience, nous aide à trouver des solutions, et éclaire l'avenir », a déclaré la Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay, dans un message.

« Malgré la fermeture de la quasi-totalité des sites du patrimoine mondial, malgré le confinement qui interdit au patrimoine immatériel de s'épanouir en public, ce patrimoine est plus que jamais vivant comme nous avons pu le constater avec notre campagne #ShareOurHeritage », a-t-elle ajouté.

La campagne #ShareOurHeritage met notamment à l'honneur les hommes et les femmes qui travaillent au quotidien pour préserver et faire vivre ces sites, à travers les crises et les difficultés, et parfois même au péril de leur vie.

« Alors que la fermeture des sites représente pour eux un défi immense, ils ont plus que jamais besoin de notre soutien et de notre reconnaissance », a dit Mme Azoulay.

L'Afrique sous-représentée dans la Liste du patrimoine mondial
Proclamée par la 38e session de la Conférence générale de l'UNESCO (novembre 2015), la Journée du patrimoine mondial africain est l'occasion pour les peuples du monde entier, et en particulier les Africains, de célébrer le patrimoine culturel et naturel unique du continent.

Alors que l'Afrique est sous-représentée sur la Liste du patrimoine mondial (les biens africains représentent environ 12% de tous les sites inscrits dans le monde), un pourcentage disproportionné (39%) de ces biens figurent sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Confrontées à diverses menaces contemporaines, telles que le changement climatique, le développement incontrôlé, le braconnage, les troubles civils et l'instabilité, de nombreuses merveilles de l'Afrique risquent de perdre leur valeur universelle exceptionnelle. Selon l'UNESCO, il est donc plus urgent que jamais que ce patrimoine irremplaçable soit protégé et préservé pour les générations futures.

Cette année, le thème de cette Journée du patrimoine mondial africain souligne également l'importance de l'engagement de la jeunesse. « Il est réel, il est aussi nécessaire, car c'est grâce à son implication que le patrimoine continuera à être cette sève vivante qui irrigue la culture contemporaine africaine », a dit la cheffe de l'UNESCO.

« Cette Journée est donc l'occasion de rendre hommage à tous ces artisans de l'avenir, jeunes, artistes, professionnels du patrimoine ou simples amateurs : en travaillant à préserver ce patrimoine de l'humanité, ils permettent à toutes et à tous, partout dans le monde, de s'enrichir de l'inépuisable richesse culturelle et naturelle du continent africain », a-t-elle conclu.

Photo Un habitant de Tombouctou, au Mali, passe devant la mosquée de Djingareyber. La ville a une large collecction de manuscrits anciens inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.