OMS / Nouvelles listes de médicaments et de produits de diagnostic essentiels

OMS - Organisation Mondiale de la Santé - 11/07/2019 09:25:00

L'OMS actualise ses orientations mondiales sur les médicaments et les outils de diagnostic pour répondre à certains problèmes de santé, privilégier les traitements très efficaces et rendre les traitements plus abordables

La Liste des médicaments essentiels et la Liste des produits de diagnostic essentiels de l'OMS sont des documents d'orientation fondamentaux qui aident les pays à privilégier les produits sanitaires cruciaux qui devraient être largement disponibles et abordables dans les systèmes de santé.

Les deux listes, publiées aujourd'hui, 9 juillet 2019, mettent l'accent sur le cancer et sur d'autres problèmes de santé de portée mondiale et privilégient les solutions efficaces, l'établissement judicieux des priorités et l'accès optimal pour les patients.

« Plus de 150 pays dans le monde utilisent la Liste OMS des médicaments essentiels pour déterminer quels sont les médicaments les plus rentables, en fonction de données factuelles et des effets sur la santé », dit le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. « L'inscription de certains médicaments antinéoplasiques parmi les plus récents et les plus sophistiqués sur cette liste montre bien que tout le monde, et pas uniquement ceux qui ont les moyens de les payer, mérite d'avoir accès à ces médicaments vitaux », a-t-il ajouté.

La Liste des médicaments essentiels (2019)

Traitements antinéoplasiques: plusieurs nouveaux traitements antinéoplasiques ont été mis sur le marché ces dernières années mais quelques-uns d'entre eux seulement apportent des bienfaits suffisants pour être considérés comme essentiels. Les 12 médicaments ajoutés sur la nouvelle Liste des médicaments essentiels sont considérés comme les meilleurs, en termes de taux de survie, pour traiter les cinq cancers suivants: mélanome, cancer du poumon, cancer de la prostate, myélome multiple et leucémies.

Ainsi, deux traitements immunologiques récemment mis au point (le nivolumab et le pembrolizumab) ont permis d'obtenir des taux de survie allant jusqu'à 50% pour le mélanome à un stade avancé, un cancer incurable il y a peu de temps encore.

Antibiotiques: Le Comité d'experts de la sélection et de l'utilisation des médicaments essentiels a renforcé ses recommandations relatives à l'usage des antibiotiques en actualisant les catégories « AWARE », qui indiquent quels antibiotiques utiliser pour traiter les infections les plus courantes et les plus graves afin d'obtenir de meilleurs résultats et de réduire le risque de résistance. Le Comité a recommandé l'ajout de trois nouveaux antibiotiques considérés comme essentiels pour le traitement des infections multirésistantes.

Autres mises à jour de la liste des médicaments essentiels:

Inscription de nouveaux anticoagulants oraux pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux, comme alternative à la warfarine chez les patients atteints de fibrillation auriculaire et pour traiter la thrombose veineuse profonde. Ces nouveaux anticoagulants sont particulièrement avantageux pour les pays à revenu faible car, contrairement à la warfarine, ils ne nécessitent pas de contrôles réguliers.
Inscription de produits biologiques et des produits biosimilaires correspondants, pour le traitement de maladies inflammatoires chroniques, comme la polyarthrite rhumatoïde et certaines maladies inflammatoires de l'intestin.
Inscription de la carbétocine thermostable pour la prévention de l'hémorragie du postpartum. Cette nouvelle formulation a des effets similaires à ceux de l'ocytocine, le traitement standard actuel, mais elle présente des avantages pour les pays tropicaux car il n'est pas nécessaire de la réfrigérer.
Les produits soumis au Comité d'experts ne sont pas tous inscrits sur la liste. Ainsi, des médicaments pour le traitement de la sclérose en plaques qui avaient été soumis en vue de leur inscription n'ont finalement pas été inscrits. Le Comité a noté que certaines options thérapeutiques valables actuellement commercialisées dans de nombreux pays ne lui avaient pas été soumises et qu'il souhaiterait recevoir une demande révisée comportant toutes les options disponibles. En outre, le Comité d'experts n'a pas recommandé l'inscription du méthylphénidate, un médicament qui sert à traiter le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), car il a constaté qu'il y avait des incertitudes quant aux estimations de ses bienfaits.

La Liste des produits de diagnostic (in vitro) essentiels

La première Liste des produits de diagnostic essentiels, publiée en 2018, était axée sur un nombre limité de maladies prioritaires - infection à VIH, paludisme, tuberculose et hépatite. La liste de cette année comporte également des produits de diagnostic de maladies non transmissibles et de maladies transmissibles.

Cancers: étant donné qu'il est primordial de diagnostiquer un cancer précocement (70% des décès par cancer surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire principalement car la majorité des cancers sont diagnostiqués trop tard), l'OMS a ajouté sur la Liste des produits de diagnostic essentiels 12 tests permettant de détecter un grand nombre de tumeurs solides (tumeurs colorectales, tumeurs hépatiques, tumeurs du col de l'utérus, tumeurs prostatiques, tumeurs mammaires et tumeurs germinales), ainsi que les leucémies et les lymphomes.

Pour faciliter le diagnostic correct des cancers, une nouvelle section couvrant les tests utilisés en anatomie pathologique a été ajoutée. Ces tests doivent être mis à la disposition des laboratoires spécialisés.

Maladies infectieuses: la liste est axée sur des infectieuses supplémentaires prévalentes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, comme le choléra, et sur des maladies négligées, telles que la leishmaniose, la schistosomiase, la dengue et la maladie à virus Zika.

En outre, une nouvelle section concernant les tests de diagnostic de la grippe a été ajoutée pour les établissements de santé communautaires où il n'y a pas de laboratoire.

Tests généraux: Des tests généraux ont également été ajoutés à la liste. Ceux-ci servent à diagnostiquer différentes maladies et affections, comme l'anémie ferriprive, les dysfonctionnements thyroïdiens ou la drépanocytose (une forme congénitale d'anémie très répandue en Afrique subsaharienne).

Notons aussi également l'ajout important d'une nouvelle section concernant les tests de dépistage de maladies dans les dons de sang, dans le cadre d'une stratégie de l'OMS visant à rendre les transfusions sanguines plus sûres.

« La Liste des produits de diagnostic essentiels a été établie pour la première fois en 2018 pour orienter l'offre de tests et améliorer l'issue des traitements », dit Mariângela Simão, Sous-Directrice générale de l'OMS chargée des médicaments et des produits sanitaires. « Au fur et à mesure que les pays avanceront sur la voie de la couverture sanitaire universelle, il faudra absolument disposer des bons outils de diagnostic pour dispenser les traitements adéquats », a-t-elle ajouté.

Note aux rédactions

La Liste des médicaments essentiels actualisée comporte 28 médicaments pour adultes et 23 médicaments à usage pédiatrique supplémentaires et elle spécifie de nouvelles indications pour 26 produits déjà inscrits, ce qui porte à 460 le nombre total de produits considérés comme essentiels pour répondre aux principaux besoins de santé publique. Ce chiffre peut sembler élevé mais il ne correspond qu'à une partie des médicaments disponibles sur le marché. En limitant les choix, l'OMS met l'accent sur les bienfaits pour les patients et sur l'utilisation judicieuse des ressources financières, afin d'aider les pays à établir des priorités et à instaurer la couverture sanitaire universelle.

La liste des produits de diagnostic essentiels actualisée comporte 46 tests généraux utilisables dans le cadre des soins de routine et pour détecter et diagnostiquer un large éventail de maladies, ainsi que 69 tests destinés à la détection, au diagnostic et au suivi de maladies spécifiques.

La liste est divisée en deux sections: une section est destinée aux communautés et inclut l'autodépistage, tandis que l'autre est destinée aux laboratoires d'analyses médicales, lesquels peuvent être généraux ou spécialisés.

Ces deux listes sont des modèles sur la base desquels les pays peuvent établir leurs propres listes nationales. Les listes nationales établies en fonction de la charge de morbidité locale et de l'infrastructure de soins existante, sont un excellent cadre grâce auquel les pays peuvent planifier et mettre en oeuvre les services de laboratoire et les médicaments dont ils ont besoin. Pour garantir l'accès à ces produits sanitaires, il faut de bonnes pratiques en matière d'achats, des chaînes d'approvisionnement efficaces, des protocoles de gestion de la qualité et des personnels de santé qualifiés. L'efficacité des services de diagnostic, qui sont basés sur des technologies, dépend aussi de spécifications techniques solides, de la disponibilité de réseaux de laboratoires bien conçus, d'infrastructures d'appui adéquates et de la formation correcte des usagers (patients ou agents de santé) pour garantir la sécurité.