TRAITE. La famille est impliquée dans près de la moitié des cas de traite d'enfants, selon l'OIM

Organisation Internationale pour les Migrations - 29/11/2017 15:20:00

Près de la moitié des cas de traite d'enfants identifiés supposent une participation de la famille, d'après de nouvelles données publiées par l'OIM, l'organisme des Nations Unies chargé des migrations.

Ces statistiques, qui sont essentielles aux efforts de prévention de la traite et à l'identification et la protection des survivants, reposent sur des données publiées par le Counter-Trafficking Data Collaborative (CTDC), le tout premier portail sur la traite d'êtres humains à intégrer de telles données transmises par de multiples organismes.

L'ampleur de l'implication de la famille dans le processus de traite d'enfants est jusqu'à quatre fois plus grande que dans les cas de traite d'adultes, justifiant la nécessité de déployer davantage d'efforts de prévention ciblant spécifiquement les enfants et leur famille. De plus, les garçons sont plus susceptibles d'être recrutés par un membre de la famille que les filles.

Les enfants sont le plus souvent victimes de traite à des fins d'exploitation sexuelle, de mendicité forcée et de travail domestique. Les nouvelles données montrent aussi que les enfants sont plus susceptibles d'être contraints par des violences physiques, sexuelles et psychologiques, tandis que les adultes ont davantage tendance à être gardés sous contrôle par la confiscation de leurs documents ou par l'exploitation de leur statut irrégulier dans un pays étranger.

Le CTDC est un nouveau portail de données créé par l'OIM, en partenariat avec Polaris, une organisation non gouvernementale qui combat et prévient l'esclavage moderne et la traite d'êtres humains. Il héberge le plus grand registre multipartite de données sur la traite en libre accès.

« Notre Organisation joue un rôle prépondérant dans l'amélioration de l'accès à ces informations essentielles afin de renforcer les activités de lutte contre la traite », a déclaré William Lacy Swing, Directeur général de l'OIM.

« L'esclavage moderne est un crime clandestin qui sévit dans l'ombre tandis que les efforts visant à le combattre ne reposent souvent que sur des informations incomplètes. C'est pourquoi l'exhaustivité des données est primordiale, afin que nous puissions exercer des pressions mieux ciblées sur la traite et aider davantage de survivants pour qu'ils puissent sortir de leur situation d'exploitation. Le CTDC est un pas en avant pour mieux illustrer la réalité de l'esclavage moderne et permettre des efforts coordonnés afin de le combattre à travers les frontières », a déclaré Bradley Myles, Directeur général de Polaris.

Le CTDC continue de créer des partenariats avec d'autres acteurs de la lutte contre la traite. L'ONG Liberty Asia en est la dernière contributrice en date, portant le nombre total de dossiers de cas de traite hébergés sur le site à près de 18 000 victimes de 180 nationalités exploitées dans 117 pays. D'autres données seront transmises dans les prochains mois par diverses organisations partenaires de la lutte contre la traite à travers le monde. La disponibilité de ces données devrait, pour la première fois, avoir un impact important sur la lutte contre la traite.

Ces statistiques relatives aux cas de traite d'enfants avec l'implication de la famille sont fondées sur les informations connues concernant le processus de recrutement de près de 12 000 survivants de traite.

En réponse à ces statistiques inquiétantes, l'OIM appelle les gouvernements et d'autres partenaires humanitaires et acteurs du développement à intensifier les interventions contre la traite ciblant les enfants, notamment en :

Aidant les chefs de famille à faire les meilleurs projets à long terme pour eux et leur famille, en respectant les valeurs de l'organisation et les aspirations de leurs enfants. Lorsque la décision de migrer est prise, il est important de remédier aux causes profondes de la migration dangereuse en tant que stratégie de survie. Les familles ne doivent pas se sentir obligées d'envoyer leurs enfants à l'étranger sans qu'ils n'y soient préparés. Les enfants et leur famille doivent avoir les connaissances nécessaires pour identifier les personnes mal intentionnées et qui voudraient les exploiter ;

Permettant aux enfants de réduire leurs vulnérabilités en les aidant à identifier les situations potentiellement dangereuses ou abusives, à reconnaître les relations toxiques qui ne reposent pas sur le respect mutuel, à savoir où et comment ils peuvent obtenir de l'aide et à comprendre les alternatives à leur disposition pour qu'ils puissent réaliser leurs aspirations ;

S'assurant que les systèmes de protection soient accessibles aux enfants, indépendamment de leur statut migratoire. Les systèmes de protection de l'enfant doivent par ailleurs agir dans le meilleur intérêt de l'enfant en toutes circonstances, y compris dans la fourniture de solutions durables en vue de la résolution de leur cas.

Davantage d'études sont nécessaires pour mieux comprendre les facteurs de risque et de protection spécifiques qui rendent les enfants vulnérables à la traite. Les enfants doivent pouvoir faire entendre leur voix dans la conception, la mise en oeuvre et l'évaluation des services, des politiques et des interventions et la légitimité de leurs aspirations doit être reconnue. De nouvelles possibilités de participation effective et des programmes qui exploitent et renforcent leur résilience doivent être créés.