Journée de la liberté de la presse : l'ONU appelle à protéger les journalistes menacés par la répression

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 04/05/2017 11:40:00


A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a demandé de faire cesser toutes les formes de répression à l'encontre des journalistes et de protéger ces derniers.

« Les journalistes se rendent dans les endroits les plus dangereux pour prêter leur voix à ceux qui n'en ont pas. Les professionnels des médias sont confrontés à la diffamation, aux agressions sexuelles, aux emprisonnements, aux coups et blessures et même à la mort », a souligné M. Guterres dans un message pour cette journée qui a pour thème : 'Des esprits critiques pour une période critique'.

« Nous avons besoin de personnalités fortes pour défendre la liberté des médias. C'est là une exigence primordiale pour faire barrage à la désinformation ambiante. Et chacun d'entre nous doit se battre pour défendre le droit à la vérité », a ajouté le chef de l'ONU.

A l'occasion de cette Journée de la liberté de la presse, M. Guterres a lancé un appel « pour que cessent toutes les formes de répression à l'encontre des journalistes - parce qu'une presse libre fait progresser la paix et la justice pour tous ». « Protégeons les journalistes, car leurs mots et leurs images peuvent changer le monde », a-t-il déclaré.

L'UNESCO fer de lance de la sécurité des journalistes

La Directrice générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a souligné de son côté que « l'existence de médias indépendants et pluralistes n'a jamais été aussi importante pour émanciper les femmes et les hommes, renforcer la bonne gouvernance et l'état de droit, et faire avancer le Programme de développement durable à l'horizon 2030 - particulièrement l'Objectif 16, qui vise à établir des sociétés justes, pacifiques et inclusives ».

« Les médias ne doivent pas se réduire à servir de sources d'information fiables - ils doivent permettre à de nombreuses voix de se faire entendre et mobiliser des forces nouvelles au service de la tolérance et du dialogue. L'enjeu est clair. Nous avons besoin d'un journalisme original, critique et bien documenté, qui s'appuie sur des règles de déontologie professionnelle exigeantes et sur une éducation aux médias de qualité - allié à un public correctement initié aux médias et à l'information », a-t-elle ajouté.

La Directrice générale de l'UNESCO a souligné l'engagement de son organisation en faveur de la sécurité des journalistes. Selon elle, le meurtre reste trop souvent la forme la plus tragique de censure - 102 journalistes l'ont payé de leur vie en 2016. « Cette situation est inacceptable et affaiblit nos sociétés dans leur ensemble. C'est la raison pour laquelle l'UNESCO est, avec ses partenaires, le fer de lance du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité à travers le globe », a-t-elle souligné.

« La période critique que nous traversons exige des esprits critiques. J'appelle aujourd'hui chacun d'entre vous à aiguiser vos esprits pour défendre les libertés indispensables à la paix et à la justice », a ajouté Mme Bokova.

Il faut cesser de diaboliser les médias critiques

De son côté, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, David Kaye, a demandé aux gouvernements de cesser de diaboliser les médias critiques.

« Tous les jours de l'année, y compris la Journée mondiale de la liberté de la presse, ceux qui pratiquent le journalisme sont confrontés à la censure, à la criminalisation, au harcèlement et, souvent, aux attaques physiques et au meurtre. Les gouvernements doivent agir pour garantir la liberté de la presse, libérer les journalistes détenus et mettre fin à la diabolisation publique des médias critiques », a dit M. Kaye dans un communiqué de presse.

« Le harcèlement des médias par les gouvernements est une crise mondiale », a-t-il ajouté. « Je demande à tous les gouvernements de prendre des mesures pour protéger et promouvoir le journalisme indépendant».

L'expert a en particulier invité les personnes ayant autorité : à libérer tous ceux qui sont détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression ; à abroger les lois clairement incompatibles avec la liberté d'expression ; à prendre des mesures pour enquêter et poursuivre tous les responsables des attaques contre les journalistes ; à résister à la tentation d'ordonner à des sites web critiques de supprimer du contenu ou de bloquer des sources d'information en ligne ; à éviter de surveiller des journalistes ; et à cesser la diabolisation publique des médias critiques.

Photo : ONU / Violaine Martin