L'UNESCO plaide pour plus de justice dans les cas de meurtres de journalistes

UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture - 04/11/2016 16:20:00


Si une grande majorité des attaques meurtières contre des employés des médias demeurent impunies, l'UNESCO constate qu'un nombre croissant d'Etats membres se montrent plus déterminés à assurer un suivi de ces crimes et à les signaler.

Ces données sont publiées alors que l'UNESCO et ses partenaires s'apprêtent à commémorer la Journée internationale de la fin de l'impunité pour le crimes commis contre des journalistes (2 novembre). Elles sont extraites du Rapport de la Directrice générale de l'UNESCO sur la Sécurité des journalistes et le risque de l'impunité, qui sera présenté devant le Conseil intergouvernemental du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) le 17 novembre.

Ce rapport est publié tous les deux ans depuis 2008 dans le cadre du mandat du PIDC.

Dans le même temps, le Rapport souligne que moins d'un cas de journaliste tué sur dix donne lieu à un jugement devant un tribunal national d'après l'information fournie par les Etats membres qui ont répondu aux demandes de la Directrice générale concernant le suivi judiciaire.

Dans son édition 2016, le Rapport note que sur 62 pays où l'on recense des meurtres de journalistes en lien avec leur travail, 40 ont répondu aux demandes d'information de la Directrice générale. En 2014, date du précédant rapport, seuls 16 pays sur les 59 concernés avaient fourni l'information requise.

Au total depuis 2006, la Directrice générale a reçu de l'information de la part de 59 Etats membres concernant 402 journalistes tués sur les 827 recensés au cours des dix dernières années. Mais seuls 63 cas sur 402 ont été résolus, soit 16% des cas pour lesquels on dispose d'information et seulement 8% des journalistes tués recensés par l'UNESCO.

92% des incidents dans lesquels on a fait usage de violence pour museler la libre expression et priver le public de son droit à l'information n'ont pas été suivis de sanction. Conséquence : les criminels peuvent en déduire que quoi qu'il arrive, ils échapperont à la justice.

L'UNESCO appelle les Etats membres à faire leur possible pour poursuivre les auteurs des meurtres visant des professionnels des médias depuis des années. On assiste à une amélioration continue du suivi des actions en justice à l'encontre des meurtriers de journalistes par les Etats membres. Cela montre une récéptivité accrue aux messages de l'UNESCO et du système des Nations Unies en général sur ces questions.

Pourtant, aujourd'hui encore, le métier de journaliste reste dangereux dans trop de régions observe le Rapport de la Directrice générale. Pour les seules années 2014-2015, 213 journalistes ont été victimes de mort violente. En 2015, 115 journalistes ont été tués, ce qui en fait la deuxième année la plus meurtière de la décennie, juste devant 2012, année où l'UNESCO a recensé 124 journalistes tués. En 2014, 98 journalistes ont été tués.

Plus de 25 événements sont organisés dans le monde pour rendre compte du lourd bilan que les journalistes et les travailleurs des médias ont payé et continue de payer. En cause : la violence favorisée par l'impunité.

A Bogotá (Colombie), une commémoration spéciale aura lieu le 2 novembre pour le 30e anniversaire du meurtre de Guillermo Cano Isaza, fondateur et rédacteur en chef de El Espectador. Son oeuvre se poursuit à travers le Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano, décerné chaque année lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai). Ce Prix, qui récompense les journalistes qui se battent pour défendre la liberté de la presse, a permis de faire libérer certains lauréats qui étaient emprisonnés.

A l'occasion de la Journée internationale de la fin de l'impunité pour le crimes commis contre des journalistes, l'UNESCO lance également une campagne se sensibilisation intitulée My killers are still free [Mes meurtriers sont toujours libres] qui met en lumière les princiaples données du rapport de la Directrice générale. Elle comprend des témoignages de proches de journalistes tués dans l'exercice de leur fonction en Afrique, en Asie et dans le Pacifique et en Amérique latine.

L'impunité affecte la gouvernance, la liberté d'expression et la liberté d'information. Des événements destinés à sensibiliser l'opinion à cette problématique auront lieu partout dans le monde à l'occasion de la Journée qui a été commémorée pour la première fois en 2014 suite à une proclamation des Nations Unies. La date du 2 novembre a été choisie pour commémorer le meurtre des journalistes français Claude Verlon et Ghislaine Dupont perpétré au Mali le 2 novembre 2013.
02.11.2016