Les journalistes malgaches inquiets avant la session extraordinaire du Parlement

UPF - Union de la Presse Francophone - 07/07/2016 10:35:00


A Madagascar, la session extraordinaire au Parlement s'ouvre ce mardi 5 juillet pour douze jours. La session ordinaire s'était achevée, vendredi, avec l'ajournement du vote de plusieurs lois controversées, dont celle du code de la communication. Celle-ci est jugée contraire au principe de la liberté de la presse par les journalistes et la société civile. Ils dénoncent un forcing de la part du gouvernement avec la convocation immédiate du Parlement pour se dépêcher de voter cette loi. Un texte consensus avait été élaboré l'année dernière, mais la version actuelle contient plusieurs retours en arrière.

Dans le projet de code de la communication c'est l'article 20 de la loi sur la cybercriminalité, prévoyant des peines de prison en cas de diffamation par exemple, qui est le premier visé par les journalistes et la société civile. « Nous pensons que la liberté de la presse est essentielle. C'est le baromètre de la démocratie. Le fait que les journalistes aient peur d'aller en prison, cela pose problème. Donc, aujourd'hui, la dépénalisation, c'est un principe de modernité, c'est une tendance actuelle, cela fait partie des standards internationaux en matière de liberté de la presse », a expliqué, à RFI, Omer Kalameu, représentant des droits de l'homme à l'ONU, à Madagascar.

Mais son avis n'est que « consultatif », estime le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, pour qui cette nouvelle loi va dans l'intérêt du plus grand nombre. Que cela plaise ou non aux médias. « L'exercice de la profession de journaliste est organisé par la loi, mais pas organisé par les journalistes. Bien évidemment, le rôle de l'Etat, du gouvernement, c'est d'encadrer. On parle de pression mais l'Etat ne met jamais de pression par rapport aux journalistes », a déclaré le président.

Pour lui, au contraire, les médias sont tellement libres dans le pays qu'ils dépassent parfois les bornes.
En signe de deuil pour la liberté de la presse, les journaux arborent, dès ce mardi matin, des unes en noir et blanc. Les représentants des journalistes ont adressé une lettre aux chefs de l'Assemblée nationale et du Sénat pour ouvrir des négociations sur d'éventuelles modifications du texte.
Source : RFI