Un scorpion géant hantait les mers il y a 460 millions d'années

Cité des Sciences et de l'Industrie - 04/09/2015 18:45:00


Une nouvelle espèce de scorpion des mers géant a été découverte dans l'Iowa, aux États-Unis, par une équipe de paléontologues de l'université de Yale. Vieux de 460 millions d'années, c'est le plus ancien spécimen d'euryptéride découvert à ce jour.

Le bestiaire des monstres peuplant les mers préhistoriques vient de s'enrichir. Le fossile d'un de scorpion de mer géant, appartenant à une espèce inconnue jusqu'alors, a été découvert aux États-Unis par une équipe de chercheurs de l'université de Yale. C'est en creusant dans la couche supérieure de la Winneshiek Shale, dans le nord de l'Iowa, près de la ville de Decorah, que les paléontologues ont mis au jour ce fossile particulièrement bien conservé. Une découverte décrite dans un article de la revue BMC Evolutionary Biology parue le 1er septembre.

Un scorpion cuirassé comme une galère grecque


Cette nouvelle espèce est représentée par plus de 150 fragments de fossiles - ici des appendices (podomères) articulés du scorpion de mer. Ils ont été découverts dans la couche supérieure de la Winneshiek shale, (nord de l'Iowa) qui est une source abondante de faunes fossiles. Celle-ci est constituée d'un schiste de sable épais de 27 mètres. Elle comble un ancien cratère d'environ 5,6 kilomètres de diamètre conséquence de l'impact d'une météorite, tombé il y a 470 millions d'années et traversé actuellement par la rivière Upper Iowa.
© James Lamsdell


Baptisé Pentecopterus decorahensis pour ses similitudes avec le pentecoptère - un navire de guerre antique grec - tant pour sa forme que pour son comportement de prédateur, il nageait dans les mers préhistoriques du milieu de l'Ordovicien (Darriwilian), il y a 460 millions d'années. C'est l'espèce la plus ancienne d'euryptéride, apparentée aux arachnides modernes, retrouvée à ce jour. Un record, car il repousse de neuf millions d'années leur origine. Leur allure était proche des scorpions actuels bien que d'une dimension sans commune mesure. Appartenant aux plus grands arthropodes ayant existé sur Terre, il pouvait atteindre 2,5 mètres de long. Leur gigantisme a probablement été favorisé, selon les paléontologues, par une eau riche en oxygène.


Un fossile « bizarre » et bien conservé

Le Pentecopterus ne déroge pas à la règle. Il mesure plus de 1,5 mètre de long, ce qui en fait le plus grand euryptéride connu de la période. Mais ce qui a particulièrement intrigué James Lamsdell, auteur principal de l'étude, c'est sa forme étrange. « Le membre en forme de raquette dont il se servait pour nager est unique, tout comme la forme de sa tête, aplatie » a-t-il déclaré au journal BMC Evolutionnary Biology. Mais le plus surprenant reste l'état de conservation du fossile. L'exosquelette de l'animal était compressé dans le rocher, mais il a pu être décollé et étudié au microscope, révélant ainsi d'autres surprises.


De nombreux détails sont visibles sur l'exosquelette du Pentecopterus decorahensis comme les soies recouvrant sa partie ventrale.
© James Lamsdell


C'est ainsi qu'une multitude de détails, comme des traces de petits poils sur les pattes, sont apparus de façon tellement précise que les paléontologues ont eu le sentiment d'étudier un animal contemporain. Tout comme certaines parties du corps, la préservation des traces de ces follicules et des soies (poils raides) ont permis aux chercheurs de les comparer à des espèces actuelles et d'en imaginer les fonctions. Les membres situés à l'arrière sont recouverts de soies denses comme celles que l'on peut retrouver sur les étrilles. Celles-ci ont pour fonction d'étendre la surface de la palette natatoire lorsque l'animal nage. Par contre, la taille des follicules suggère, selon les paléontologues, que ces soies ont pu aussi avoir une fonction sensorielle.

Loin d'être rares, les euryptérides font partie des principaux superprédateurs des périodes géologiques suivantes (Silurien et Dévonien). Incroyablement résistants, ils subsistent à plusieurs grandes extinctions. De moins en moins adaptés à leur environnement, ils finissent par disparaître définitivement il y a 248 millions d'années, lors de la grande crise du Permien, laissant alors la place aux dinosaures.