« Nous ne pouvons pas abandonner la population de Gaza », déclarent des agences de l'ONU et des ONG

ONU - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - 01/02/2024 11:00:00



Les équipes de l'UNRWA travaillent 24 heures sur 24 pour distribuer de la nourriture aux Palestiniens désespérés.


Les affrontements meurtriers et les bombardements se sont poursuivis à Khan Younis, dans le sud de Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi, alors que les principaux responsables humanitaires de l'ONU et d'ONG partenaires ont mis en garde contre les « conséquences catastrophiques » de la suspension du financement de l'UNRWA, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, qui fait face à des allégations de collusion avec le Hamas visant des employés.

Malgré les allégations « horribles » selon lesquelles 12 membres du personnel de l'UNRWA auraient été impliqués dans les attaques sanglantes menées par le Hamas contre Israël le 7 octobre, « nous ne devons pas empêcher une organisation entière de remplir son mandat de servir les personnes dans le besoin », a déclaré le groupe d'agences d'aide humanitaire dirigé par l'ONU, regroupé sous le nom de Comité permanent inter-organisations (IASC).


Effondrement régional

« Le retrait de fonds de l'UNRWA [...] entraînerait l'effondrement du système humanitaire à Gaza, avec des conséquences humanitaires et en matière de droits de l'homme de grande portée dans le territoire palestinien occupé et dans toute la région », a averti le comité dirigé par le chef des secours d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths.

Des centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans abri et « au bord de la famine », depuis le début des bombardements israéliens et de l'invasion terrestre après que les militants palestiniens ont massacré quelque 1.200 Israéliens et pris plus de 250 personnes en otage.

L'UNRWA - la plus grande agence d'aide à Gaza dont le rôle clé notamment dans l'éducation et les soins de santé dans l'enclave remonte à 1949 - représente une planche de salut pour plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza.

Son avenir est menacé après que plusieurs grands donateurs ont suspendu leurs fonds dans l'attente d'enquêtes sur les allégations d'Israël selon lesquelles 12 des 30.000 employés de l'agence auraient joué un rôle dans les attaques du 7 octobre.

Conséquences catastrophiques pour la population


Une enquête complète et urgente est déjà en cours par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) - le plus haut organe d'enquête du système des Nations Unies - ont déclaré les chefs de l'IASC, notant en outre que l'UNRWA avait annoncé une enquête indépendante sur ses opérations.

« Les décisions de divers États membres de suspendre les fonds destinés à l'UNRWA auront des conséquences catastrophiques pour la population de Gaza », poursuit le communiqué de l'IASC. « Aucune autre entité n'a la capacité de fournir une aide d'une telle ampleur dont 2,2 millions de personnes à Gaza ont un besoin urgent ».

Dans sa dernière mise à jour, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU, OCHA, a noté que le nombre de morts à Gaza depuis le début des bombardements israéliens « intenses » s'élevait désormais à au moins 26.751, selon les autorités sanitaires de l'enclave. Au 30 janvier, 218 soldats israéliens avaient été tués et 1.283 blessés, citant l'armée israélienne.

Les hostilités ont continué d'être « particulièrement intenses » dans la ville méridionale de Khan Younis, a rapporté mardi soir l'OCHA, « avec de violents combats signalés près des hôpitaux Nasser et Al Amal, et des informations faisant état de Palestiniens fuyant vers la ville méridionale de Rafah, qui est déjà surpeuplée, malgré l'absence d'un passage sûr ».

Des opérations terrestres et des affrontements entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens ont également été signalés dans une grande partie de Gaza, a noté l'OCHA, avec de nouveaux ordres d'évacuation émis lundi et mardi dans des quartiers de l'ouest de la ville de Gaza, notamment le camp de réfugiés d'Ash Shati, Rimal Ash Shamali et Al Janubi, Sabra, Ash Sheikh 'Ajlin et Tel Al Hawa.

« Ces ordres d'évacuation couvraient une superficie de 12,43 kilomètres carrés... Cette zone abritait près de 300.000 Palestiniens avant le 7 octobre et, par la suite, 59 abris avec environ 88.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays qui y ont trouvé refuge », a déclaré l'OCHA.

Réduction de l'espace à l'abri


Les ordres d'évacuation massive émis par l'armée israélienne à partir du 1er décembre couvrent un total de 158 kilomètres carrés, soit 41% de la bande de Gaza. « Cette zone abritait 1,38 million de Palestiniens avant le 7 octobre et, par la suite, elle comprenait 161 abris accueillant environ 700.750 personnes déplacées », selon OCHA.

La semaine écoulée a également vu « un grand nombre d'hommes palestiniens » arrêtés par l'armée israélienne à un poste de contrôle à Khan Younis « avec beaucoup d'entre eux déshabillés jusqu'à leurs sous-vêtements, les yeux bandés et emmenés », a également rapporté l'OCHA.

Les populations vulnérables du nord et du centre de la bande de Gaza sont de plus en plus difficiles à atteindre en raison d'une « tendance croissante à l'interdiction et à la restriction d'accès », selon le Bureau de coordination de l'aide des Nations Unies.

« Les raisons en sont les retards excessifs des convois d'aide humanitaire devant ou aux points de contrôle israéliens et l'intensification des hostilités dans le centre de la bande de Gaza. Les menaces contre la sécurité du personnel et des sites humanitaires sont également fréquentes, empêchant l'acheminement d'une aide urgente et vitale et posant des risques sérieux pour les personnes impliquées dans les efforts humanitaires », a précisé le bureau.


Les 14 signataires de l'appel sont :
Martin Griffiths, Coordonnateur des secours d'urgence et Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires (OCHA)
Jane Backhurst, Présidente, ICVA (Christian Aid)
Jamie Munn, Directeur exécutif, Conseil international des organismes bénévoles (ICVA)
Amy E. Pope, Directrice générale, Organisation internationale pour les migrations (OIM)
Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH)
Paula Gaviria Betancur, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (RS sur les droits de l'homme des personnes déplacées)
Achim Steiner, Administrateur, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
Natalia Kanem, Directrice exécutive, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)
Michal Mlynár, Directeur exécutif par intérim, Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat)
Catherine Russell, Directrice exécutive, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)
Sima Bahous, Directrice exécutive, ONU Femmes
Cindy McCain, Directrice exécutive, Programme alimentaire mondial (PAM)
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général, Organisation mondiale de la Santé (OMS)