Allocution du président Biden sur les attaques terroristes du 7 octobre et la résilience de l'État d'Israël et de son peuple

La Maison Blanche - 20/10/2023 17:15:00



Joe Biden lors de son intervention


La Maison-Blanche
Tel Aviv, Israël
Le 18 octobre 2023

Le président [Biden] : Bonjour. Asseyez-vous, je vous en prie. Je suis venu en Israël porteur d'un seul message : vous n'êtes pas seuls. Vous n'êtes pas seuls.

Tant que les États-Unis seront là, et nous serons là pour toujours, nous ne vous laisserons jamais seuls.

Surtout, je sais que les attaques terroristes récentes contre le peuple de cette nation ont laissé une blessure très profonde.

Plus de 1 300 Israéliens innocents, et parmi eux au moins 31 Américains, tués par le groupe terroriste Hamas.

Des centaines de jeunes gens à un festival de musique, un festival qui célébrait la paix, la paix, abattus pendant qu'ils fuyaient pour survivre.

Pleins d'innocents, des nourrissons comme des grands-parents âgés, des Israéliens et des Américains, pris en otage.

Des enfants massacrés. Des nourrissons massacrés. Des familles entières massacrées.

Des viols, des décapitations, des gens brûlés vifs.

Le Hamas a commis des atrocités qui rappellent les pires exactions de Daech, déchaînant sur le monde le mal à l'état pur.

Rien ne le justifie. Rien ne l'excuse. Point final.

La brutalité dont nous avons été témoins serait déchirante où qu'elle se soit manifestée dans le monde, mais elle l'est encore plus ici, en Israël.

Le 7 octobre, une fête juive sacrée, est devenu le jour le plus meurtrier pour le peuple juif depuis l'Holocauste. Il a fait resurgir le souvenir douloureux et les cicatrices laissés par mille ans d'antisémitisme et par le génocide du peuple juif.

À l'époque, le monde voyait ce qui se passait, et il n'a rien fait. Nous n'allons pas attendre sans rien faire, une fois de plus. Ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais.

À ceux qui vivent dans l'incertitude en attendant désespérément de savoir ce qu'il est advenu de leurs proches, en particulier aux familles des otages, je le répète : vous n'êtes pas seuls.

Nous travaillons avec des partenaires dans toute la région et nous examinons toutes les possibilités pour ramener chez eux ceux qui sont retenus en captivité par le Hamas.

Je ne peux pas parler publiquement de tous les détails, mais je vous assure que pour moi, en tant que président des États-Unis, il n'y a pas de plus haute priorité que la libération et le retour de tous ces otages sains et saufs.

À ceux qui souffrent de l'absence d'un enfant, d'un parent, d'un conjoint, d'un frère, d'une soeur, d'un ami : je sais que vous ressentez un vide énorme dans la poitrine. C'est comme si ce vide vous aspirait.

Le remords du survivant, la colère, les interrogations dans votre âme sur votre foi.

La chaise, la chaise vide qu'on fixe, pendant la shiva. Le premier sabbat sans eux.

Ce sont les choses du quotidien, les petites choses qui manquent le plus.

L'odeur quand on ouvre la porte du placard. Le café du matin qu'on prenait ensemble.

La courbe de son sourire, la tonalité parfaite de son rire, les gazouillis de son petit garçon, le bébé.

À ceux qui ont perdu des êtres chers, je dis, voilà ce que je sais : ils ne disparaîtront jamais vraiment. Il reste quelque chose qui n'est jamais complètement perdu : votre amour pour eux et leur amour pour vous.

Je vous promets qu'il y aura des jours où, en vous promenant, vous vous demanderez : « Qu'est-ce qu'il voudrait que je fasse, ou qu'est-ce qu'elle voudrait que je fasse ? » Un sourire se dessinera sur vos lèvres lorsque vous passerez devant un endroit qui vous évoquera sa mémoire. C'est à ce moment-là que vous saurez, lorsqu'un sourire naîtra sur vos lèvres avant qu'une larme ne coule dans vos yeux, que vous allez vous en sortir.

C'est ce qui vous donnera la force de trouver de la lumière dans les heures les plus sombres, lorsque les terroristes croyaient pouvoir vous terrasser, vous démoraliser, briser votre détermination. Mais ils n'y sont jamais parvenus et ils n'y parviendront jamais.

Au lieu de cela, nous avons été témoins d'actes incroyables d'héroïsme et de courage d' Israéliens qui s'entraidaient.

Des voisins qui ont formé des groupes de surveillance pour protéger leur kibboutz, qui ont ouvert leurs portes pour abriter des survivants.

Des soldats à la retraite qui ont une fois de plus foncé vers le danger.

Des médecins qui ont volé au secours de leurs concitoyens. Des membres du personnel médical qui n'étaient pas en service pendant le festival de musique et qui se sont occupés des blessés avant de devenir eux-mêmes des victimes.

Des volontaires qui ont récupéré les dépouilles pour que les familles puissent enterrer leurs proches conformément à la tradition juive.

Des réservistes qui ont quitté leur famille, interrompu leur lune de miel, leurs études à l'étranger sans la moindre hésitation.

Et bien d'autres exemples encore.

L'État d'Israël est né pour donner un lieu sûr aux juifs du monde entier. C'est pour cela qu'il a vu le jour. Je le dis depuis longtemps : si Israël n'existait pas, il faudrait l'inventer.

Et même si cela semble être difficile à envisager aujourd'hui, Israël doit redevenir un lieu sûr pour le peuple juif. Je vous donne ma parole : nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce soit le cas.

Il y a 75 ans, 11 minutes seulement après la création de l'État juif, le président Harry Truman, les États-Unis d'Amérique ont été la première nation à reconnaître Israël. Depuis ce jour, nous sommes à vos côtés et nous continuerons de l'être aujourd'hui.

Mon administration s'est mise en contact étroit avec vos dirigeants dès les premiers instants de cette attaque, et nous allons nous assurer que vous aurez ce dont vous avez besoin pour protéger votre peuple, pour défendre votre nation.

Depuis des décennies, nous assurons à Israël un avantage militaire qualitatif. Dans le courant de la semaine, je demanderai au Congrès des États-Unis de mettre en place un programme de soutien sans précédent pour la défense d'Israël.

Nous allons continuer à poursuivre l'approvisionnement du Dôme de fer afin qu'il puisse continuer de veiller sur le ciel israélien, et sauver ainsi des vies israéliennes.

Nous avons déployé des moyens militaires américains dans la région, notamment en positionnant le groupe de frappe du porte-avions USS Ford en Méditerranée orientale, et l'USS Eisenhower est en route afin de décourager toute nouvelle agression contre Israël et d'empêcher que ce conflit ne s'étende.

Le monde saura qu'Israël est plus fort que jamais.

Et mon message à tout État ou à tout autre acteur hostile qui envisagerait d'attaquer Israël reste le même qu'il y a une semaine : Ne faites surtout pas ça.

Cet attentat a été dépeint comme le 11-Septembre d'Israël. Mais pour un pays de la taille d'Israël, c'est l'équivalent de 15 11-Septembre. Son ampleur a beau peut-être être différente, je n'en suis pas moins convaincu que ces horreurs ont éveillé une sorte de sentiment primitif en Israël, tout comme cela s'est passé et a été ressenti aux États-Unis.

Le choc, la douleur, la rage une rage dévorante. Je le comprends, et beaucoup d'Américains le comprennent.

On ne peut pas regarder ce qui est arrivé ici à vos mères, vos pères, vos grands-parents, vos fils, vos filles, vos enfants, même vos bébés, et ne pas crier justice. Il faut que justice soit faite.

Mais je vous mets en garde : vous ressentez cette rage, mais ne vous laissez pas consumer par elle.

Après le 11-Septembre, nous étions furieux aux États-Unis. Nous avons cherché justice et nous sommes arrivés à nos fins, mais nous avons aussi commis des erreurs.

Je suis le premier président américain à m'être rendu en Israël en temps de guerre.

J'ai pris des décisions en temps de guerre. Je sais que les choix ne sont jamais clairs ni faciles pour les dirigeants. Ils s'accompagnent toujours de coûts.

Mais il faut faire preuve de discernement. Il faut se poser des questions très difficiles. Il faut se fixer des objectifs clairs et évaluer objectivement si la voie sur laquelle on s'engage permettra de les atteindre.

La grande majorité des Palestiniens ne font pas partie du Hamas. Le Hamas ne représente pas le peuple palestinien.

Le Hamas se sert d'innocents de familles innocentes de Gaza comme boucliers humains ; il place ses centres de commandement, ses armes et ses tunnels de communication dans des zones résidentielles.

La population palestinienne souffre énormément elle aussi. Nous déplorons la mort de Palestiniens innocents. Comme le reste du monde, j'ai été indigné et peiné par les pertes immenses en vies humaines survenues hier à l'hôpital de Gaza.

D'après les informations que nous avons vues jusqu'à maintenant, il semblerait que l'explosion ait été causée par une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza.

Les États-Unis défendent sans équivoque la protection de la vie des civils pendant les conflits, et je suis navré, je suis profondément navré pour les familles qui ont été tuées ou blessées par cette tragédie.

Les habitants de Gaza ont besoin de nourriture, d'eau, de médicaments et d'abris.

Aujourd'hui, j'ai demandé aux membres du Cabinet israélien que j'ai rencontrés ce matin d'autoriser la livraison d'aide humanitaire vitale aux civils de Gaza. Sous la condition que des inspections soient effectuées pour vérifier que l'aide va bien aux civils, et non au Hamas, les Israéliens ont accepté que cette aide humanitaire commence à être acheminée de l'Égypte vers Gaza.

Je vais être clair : si jamais le Hamas détourne ou vole cette aide, cela prouvera une fois de plus qu'il se moque totalement du bien-être du peuple palestinien, et l'aide s'arrêtera. En pratique, cela empêchera la communauté internationale de pouvoir fournir cette aide.

Nous collaborons étroitement avec le gouvernement égyptien, avec les Nations unies et leurs agences, telles que le Programme alimentaire mondial, et avec d'autres partenaires de la région pour faire en sorte que les camions traversent la frontière aussi vite que possible.

Par ailleurs, comme je l'ai dit à Israël, la communauté internationale exige que la Croix-Rouge internationale puisse se rendre auprès des otages. Une demande légitime, que les États-Unis soutiennent pleinement.

Aujourd'hui, j'annonce également une nouvelle aide américaine de 100 millions de dollars destinée à l'assistance humanitaire à la fois à Gaza et en Cisjordanie. Cet argent servira à soutenir plus d'un million de Palestiniens déplacés et touchés par le conflit, notamment à répondre aux besoins d'urgence à Gaza.

Vous êtes un État juif. Vous êtes un État juif qui est aussi une démocratie. Comme les États-Unis, vous ne suivez pas les règles des terroristes. Vous respectez la primauté du droit. Lorsque des conflits éclatent, vous respectez les lois de la guerre.

Ce qui nous distingue des terroristes, c'est notre foi en la dignité fondamentale de chaque vie humaine des Israéliens, des Palestiniens, des arabes, des juifs, des musulmans, des chrétiens de tous.

Nous ne pouvons renoncer à ce qui forge notre identité. Si nous abandonnons cela, ce sont les terroristes qui gagnent. Et nous ne devons jamais les laisser gagner.

Vous savez, Israël est un miracle, un triomphe de la foi, de la détermination et de la résilience face à des souffrances et pertes inimaginables.

Prenez la fête juive du 7 octobre, lors de laquelle on lit le récit de la mort de Moïse. C'est une histoire tragique, celle d'une immense perte pour toute une nation. Une mort qui aurait pu laisser place au désespoir dans les coeurs de toute une nation.

Mais, même si Moïse est mort, son souvenir, son message, ses leçons ont perduré pour des générations de juifs ainsi que pour beaucoup d'autres tout comme ce sera le cas pour le souvenir de vos proches.

Après avoir lu le récit de la mort de Moïse, ceux qui observent cette fête commencent à lire la Torah à partir du début. L'histoire de la Création nous rappelle deux choses. Premièrement, que lorsque nous sommes jetés à terre, nous nous relevons et repartons de zéro. Deuxièmement, que lorsque nous vivons une tragédie et une perte, nous devons revenir aux origines et nous rappeler qui nous sommes.

Nous sommes tous des êtres humains créés à l'image de Dieu, pourvus de dignité, d'humanité et de raison d'être. Dans les ténèbres, ce qui compte, c'est d'être une lumière pour le monde.

Vous inspirez l'espoir et la lumière pour tant de gens dans le monde. C'est ce que les terroristes cherchent à détruire. C'est ce qu'ils cherchent à détruire, parce qu'ils vivent dans les ténèbres, mais pas vous, pas Israël.

Les nations qui ont un sens moral, comme les États-Unis et Israël, ne sont pas jugées uniquement par l'exemple de leur puissance. Elles le sont par la puissance de leur exemple.

C'est pourquoi, même si c'est très difficile, nous devons continuer à poursuivre la paix. Nous devons continuer à poursuivre une voie qui mène les Israéliens et les Palestiniens à une situation où ils vivent en sécurité, dans la dignité et dans la paix.

D'après moi, on peut y arriver avec une solution à deux États.

Nous devons continuer à oeuvrer pour une plus grande intégration d'Israël parmi ses voisins. Ces attaques n'ont fait que renforcer mon engagement, ma détermination et ma capacité à accomplir cela.

Je suis ici pour vous dire que les terroristes ne l'emporteront pas. La liberté triomphera.

Je vais conclure par ce que j'ai dit au départ. Israéliens, vous n'êtes pas seuls. Les États-Unis sont à vos côtés.

J'ai déjà raconté cette anecdote et je vais la répéter celle de ma première rencontre avec un chef de gouvernement israélien, il y a 50 ans, lorsque j'étais jeune sénateur. J'étais assis en face de la Première ministre Golda Meir dans son bureau. À côté de moi se trouvait un type qui est devenu plus tard Premier ministre, juste avant la guerre du Kippour de 1973.

Elle me montrait des cartes tout en m'expliquant à quel point les choses allaient mal. Tout à coup, elle m'a regardé et elle m'a demandé : « Voulez-vous qu'on prenne une photo ? »

Je l'ai vu se lever de son bureau et se diriger vers ce couloir dont le sol était en marbre, je crois, et elle est partie dans le couloir.

Nous sommes sortis, et il y avait un groupe de photographes devant nous. Nous étions là, côte à côte.

Sans me regarder, elle a chuchoté : « Pourquoi avez-vous l'air aussi inquiet, Sénateur Biden ? » Et j'ai répondu : « Inquiet ? » Je pensais : « Évidemment que je suis inquiet. » Elle m'a regardé et, non, elle n'a pas regardé mais elle a dit : « Ne vous inquiétez pas, Sénateur, nous les Israéliens, nous avons une arme secrète : nous n'avons nulle part ailleurs où aller. »

Eh bien, aujourd'hui, je le déclare à tout Israël : les États-Unis n'iront nulle part ailleurs, eux non plus. Nous serons solidaires. Nous marcherons à vos côtés en ces temps difficiles, et nous marcherons à vos côtés lors des temps joyeux à venir. Et ils viendront.

Comme vous le dites en hébreu, ce que je ne vais pas essayer de faire parce que je suis un très mauvais linguiste ; je vais le dire en anglais : « Le peuple d'Israël vit. Le peuple d'Israël vit. »

Israël sera un État juif sûr, à l'abri du danger et démocratique, aujourd'hui, demain et pour toujours.

Que Dieu protège tous ceux qui oeuvrent pour la paix. Que Dieu sauve ceux qui sont encore en danger.

Merci beaucoup.