La FAO élargit la couverture géographique d'un outil novateur en matière de gestion de l'eau, qui s'étend désormais au monde entier

FAO - Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture - 09/10/2023 16:25:00



une carte à l'échelle du monde

Le Portail de données en libre accès sur la productivité de l'eau (WaPOR) utilise des données géospatiales pour assurer le suivi de la consommation d'eau effective des champs cultivés

L'un des outils de gestion et de gouvernance de l'eau les plus novateurs couvre désormais l'ensemble du globe.

Après six années de déploiement réussi en Afrique et au Proche-Orient, le très célèbre Portail de données en libre accès sur la productivité de l'eau (WaPOR) étend la couverture de ses données géospatiales à l'ensemble de la planète. Cette version nouvelle et améliorée du Portail a été lancée aujourd'hui à l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture (FAO), à l'occasion de la deuxième édition du Dialogue de Rome sur l'eau, ainsi qu'en marge du Colloque international sur les sols et l'eau.

WaPOR, de son nom complet «Portail de données en libre accès sur la productivité de l'eau», permet aux utilisateurs d'obtenir des données par satellite quasiment en temps réel, afin d'assurer le suivi d'une part de la consommation d'eau effective des champs cultivés, mais aussi des applications d'irrigation et de la valeur ajoutée susceptible d'être créée, au plan économique, par un apport en eau supplémentaire, le tout en fonction des saisons et à un niveau de résolution spatiale très élevé. Il peut aider les pays, en particulier ceux aux prises avec la pénurie d'eau, à suivre la productivité de l'eau et à repérer les l acunes en la matière. L'agriculture irriguée représente 70 pour cent des prélèvements d'eau mondiaux, aussi est-il de plus en plus impératif de tirer le maximum de chaque goutte.

«WaPOR peut apporter beaucoup, sur la base de données factuelles, pour accroître les perspectives d'optimisation et de fiabilité des rendements agricoles», indique M.Lifeng Li, Directeur de la Division des terres et des eaux de la FAO.

La nouvelle version du Portail, adaptée aux technologies de pointe en matière de capteurs, exploite un plus vaste éventail de données satellites, permet d'augmenter la granularité des évaluations et offre un niveau de résolution rendant désormais possibles des applications à l'échelle du terrain (un pixel représentant 20mètres de surface terrestre); il peut être utilisé par les agriculteurs pour décider quand et en quelle quantité irriguer leurs cultures.

«Nous obtiendrons des données plus précises, qui permettront de ne pas s'arrêter à des chiffres globaux pour des pays entiers», explique M.JippeHoogeveen, Conseiller technique principal du programme WaPOR. «Les gouvernements pourront mettre à profit les connaissances dans le cadre de plans de développement rural plus holistiques, plus intégrés et plus ciblés, ainsi que pour assurer un meilleur suivi des cibles de l'objectif de développement durable6 (ODD6).

Bien que les données issues du portail WaPOR élargi soient accessibles à tous les pays membres de la FAO, ainsi qu'au grand public, la Colombie et le Pakistan sont les premiers pays situés en dehors de la zone initiale de l'Afrique et du Proche-Orient à avoir sollicité un soutien de la FAO en matière de renforcement des capacités.

WaPOR et sa nouvelle version élargie ont été financés par le Gouvernement des Pays-Bas.

Fonctionnement

WaPOR mesure l'évapotranspiration, phase clé du cycle naturel de l'eau qui englobe l'eau dissipée directement dans l'atmosphère par évaporation depuis le sol et les eaux libres, ou par exsudation à travers le feuillage des plantes. La plateforme peut ainsi rendre compte, sous forme de cartes pixellisées, de la biomasse et de la récolte produites par mètre cube d'eau consommé, permettant ainsi de calculer la productivité de l'eau utilisée pour les cultures.

Les applications concrètes sont nombreuses - il est ainsi possible de mieux appréhender l'élaboration de la législation relative à l'eau, les redevances et quotas d'utilisation, et les conseils prodigués aux agriculteurs en matière d'irrigation. À terme, compte tenu du coût du pompage de l'eau, les données pourraient même être utilisées pour déterminer les prix de l'énergie.

WaPOR contribue de manière importante à l'évaluation du coût marginal ou de la valeur ajoutée de l'utilisation de l'eau, ce qui peut permettre aux autorités de planification et aux parties prenantes, y compris aux petits exploitants agricoles, de prendre des décisions plus éclairées, qui ne consistent pas forcément à réduire la consommation d'eau.

Par exemple, d'après une étude de cas portant sur l'utilisation de WaPOR dans la vallée de la Bekaa, au Liban, si les pommes de terre nouvelles sont dix fois plus rentables que le blé mais nécessitent plus d'eau, il pourrait être intéressant de trouver un équilibre entre les priorités en matière de sécurité alimentaire et les priorités en matière de génération de revenus. De telles décisions seraient mieux éclairées par les gains à la marge, tant en termes de prix du marché que d'utilisation de l'eau. WaPOR peut être utilisé pour calculer la productivité économique de l'eau d'irrigation, facilitant ainsi ce type de prise de décision.

Les données géospatiales, complétées par un travail empirique sur le terrain, peuvent aider à déterminer l'action à mener. Si les images WaPOR montrent que des fermes à forte productivité de l'eau jouxtent des fermes dont la productivité de l'eau est faible, se rendre sur le terrain pourrait permettre de déterminer si cette différence s'explique par des pratiques agricoles plus ciblées mais reproductibles.

La Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la Banque africaine de développement, le Fonds vert pour le climat, le Fonds pour l'environnement mondial et d'autres organismes de développement et mécanismes financiers de premier plan utilisent tous WaPOR dans le cadre de certaines de leurs initiatives.