Vivre sans paludisme Au Tchad, les agents de santé communautaire luttent contre l'une des maladies les plus mortelles dans le monde

PNUD - Programme des Nations Unies pour le Développement - 02/05/2023 11:20:00

« Nous n'avons pas peur du paludisme car nous suivons les recommandations sanitaires. »


Ngominan Esaie évoque les conseils des agents de santé communautaire de Ngatounou, un village du district sanitaire de Koumra, au Tchad. Ngominan est agriculteur et vit avec sa femme, ses enfants et leurs conjoints. En 2022, quatre membres de la famille de Ngominan ont attrapé le paludisme, une maladie potentiellement mortelle transmise par les piqûres de moustiques. Trois des enfants ont été référés à un centre de santé public car ils étaient gravement malades.

Malgré lae risque sanitaire, Ngominan et sa famille ne craignent pas le paludisme et suivent les conseils des agents de santé communautaire. Chaque nuit, Ngominan et sa famille dorment sous des moustiquaires, ce qui aide à prévenir la maladie. Ils se débarassent de l'eau stagnante à l'extérieur de leurs maisons car il favorise la prolifération des moustiques. Lorsqu'ils sont malades, ils prennent des médicaments contre le paludisme comme conseillé.

L'utilisation de moustiquaires pendant la nuit est cruciale pour les femmes enceintes, les nourrissons et les jeunes enfants car ce sont les populations les plus exposées au risque d'infections graves.

Djotoinan informe les gens sur le paludisme et identifie les personnes présentant des symptômes pseudo-grippaux, tels qu'une fièvre légère et des douleurs musculaires. Si quelqu'un présente ces symptômes, un test de diagnostic rapide est effectué en faisant une piqûre au doigt pour vérifier s'il a effectivement le paludisme.

« Je suis heureux s'il n'y a pas de cas de paludisme car les enfants sont souvent les plus touchés », a déclaré Djotoinan.
Lorsqu'une personne est diagnostiquée positive au test, Djotoinan lui fournit les médicaments pour traiter le paludisme et l'empêcher de se développer afin d'éviter que la maladie n'entraîne des convulsions, le coma ou même la mort.

« Je rends visite aux familles presque tous les jours pour sensibiliser au paludisme, donner des conseils, diagnostiquer et traiter le paludisme, ou encore orienter les patients vers les centres de santé », a-t-il dit.

En plus de son travail comme agent de santé communautaire, Djotoinan soutient sa famille et gère les activités de son église locale.


La quasi-totalité de la population tchadienne est exposée au risque de paludisme, avec 1,8 million de cas confirmés et plus de 2 500 décès de patients hospitalisés en 2022. Le pays est classé au 13e rang pour le taux de mortalité due au paludisme, les enfants de moins de 5 ans représentant près de 60 % des décès liés au paludisme.

La province de Mandoul, où travaille Djotoinan, se trouve dans le sud du Tchad, où une saison des pluies plus longue augmente le risque de paludisme dans la région la plus peuplée du pays.

Des trajets difficiles et de longues distances compliquent l'accès aux services de santé. En moyenne, les patients doivent parcourir 18 kilomètres pour parvenir à un centre de santé et 69 kilomètres pour arriver à un hôpital.

En 2022, de fortes pluies ont provoqué des inondations qui ont touché plus d'un million de personnes et accru davantage le risque de paludisme, notamment à Mandoul. Les inondations ont rendu les déplacements plus compliqués, soulignant le besoin de services antipaludiques sur place dans les zones rurales.


Grâce au financement du Fonds mondial, le ministère de la Santé et de la Prévention, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) et le PNUD soutiennent la prévention, le diagnostic et le traitement du paludisme au sein des communautés ainsi que l'orientation des patients vers les établissements de santé pour les cas potentiellement graves.

Lancé en 2017 dans les régions du Mandoul et du Moyen-Chari voisin, ce programme vient compléter les autres efforts du PNLP pour proposer un accès universel à la prévention et aux soins liés au paludisme.

En 2022, le ministère de la Santé et le PNUD ont soutenu 950 agents de santé communautaire pour fournir un traitement contre le paludisme à plus de 211 000 personnes dans les deux provinces. Pendant les inondations, le PNUD a soutenu les communautés avec l'installation de stations météorologiques et de pluviométrie, tout en renforçant les capacités du gouvernement, de la société civile et des médias pour un système d'alerte précoce multirisques.

Malgré les fortes pluies à Ngatounou, les services de santé communautaire ont continué à fonctionner. Dans d'autres localités, le PNLP a distribué des moustiquaires pour soutenir les personnes déplacées par les inondations, y compris dans la capitale N'Djamena.

En 2023, le PNLP et le PNUD distribueront 11,6 millions de moustiquaires, assurant ainsi la prévention du paludisme auprès de plus de 18 millions de personnes. Les services de santé communautaire s'étendent au Logone-Oriental en coordination avec le ministère de la Santé par le biais de BASE, une organisation non gouvernementale locale.

Le ministère et le PNUD ont formé 377 agents de santé à la prise en charge du paludisme ainsi que d'autres maladies dans la province, qui sont actuellement déployés. Les services de santé communautaire seront renforcés dans huit autres provinces.

En 2021, il y avait 247 millions de cas de paludisme dans le monde et environ 619 000 décès. Le gouvernement du Tchad, le PNUD et le Fonds mondial améliorent les efforts de prévention, de diagnostic et de traitement pour mettre fin au paludisme d'ici 2030 en ne laissant personne de côté.

En soutenant les services de santé communautaires et ceux mis en oeuvre par les communautés pour lutter contre le paludisme, ce partenariat renforce la résilience du système de santé et contribue à un avenir plus équitable, plus sain et plus durable.