RDC : la MONUSCO évacue des blessés graves de l'attentat contre l'église de Kasindi au Nord Kivu et met au jour 2 fosses communes en Ituri

MONUSCO - Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation de la RDC - 24/01/2023 17:20:00

KINSHASA, République Démocratique du Congo, La MONUSCO a procédé ce 18 janvier à l'évacuation vers Goma des personnes grièvement blessées lors de l'attentat à la bombe perpétré dans une église pentecôtiste à Kasindi à la frontière avec l'Ouganda dans le territoire de Beni au Nord-Kivu.
Au total, six personnes ont été évacuées par des hélicoptères de la mission onusienne de Beni vers Goma. Elles étaient soignées jusque-là à l'hôpital général de Beni où elles avaient été évacuées une première fois depuis Kasindi, le 16 janvier. Parmi ces blessés, on compte trois femmes.

Le médecin-directeur de l'hôpital général de Beni, le docteur Jérémie Muhindo, soutient que son établissement connaît actuellement une « saturation ». C'est ce qui a conduit à la décision d'envoyer certains blessés à Goma pour leur prise en charge. Il annonce que d'autres blessés doivent arriver de Kasindi et dit avoir sollicité la MONUSCO pour prendre en charge certains d'entre eux dans son hôpital de Mavivi.

Quarante-huit heures après l'attentat, une délégation de la MONUSCO, avec à sa tête le chef de bureau à l'intérim Abdourahamane Ganda, s'est rendue à l'hôpital général de référence de Beni où sont pris en charge 24 blessés, rescapés de l'attentat de Kasindi.

Au cours d'un échange avec le leadership, personnels soignants et médecins de cet hôpital, le chef de bureau intérimaire a réitéré l'appui de la MONUSCO pour faire face aux urgences qui s'imposent dans la prise en charge des blessés.

Après l'échange avec l'équipe dirigeante de l'hôpital, Abdourahamane Ganda, au nom de la Représente spéciale du Secrétaire général de Nations Unies, en RDC, et de l'ensemble du personnel de la MONUSCO, a salué la mémoire des personnes qui ont perdu la vie dans cet attentat.

Nous sommes venus ici aujourd'hui pour deux raisons : réconforter les blessés et encourager les autorités sanitaires qui s'occupent d'eux
« Nous sommes venus ici aujourd'hui pour deux raisons : réconforter les blessés et encourager les autorités sanitaires qui s'occupent d'eux. Puis évaluer avec elles d'éventuels besoins additionnels auxquels nous pourrions contribuer », a-t-il déclaré.

Capacité d'accueil dépassée

L'hôpital général de référence de Beni, seul établissement de la ville capable de prendre en charge les blessés graves, dit avoir atteint et même dépassé sa capacité d'accueil, malgré l'appui de certains partenaires. L'offre d'appui de la MONUSCO est donc arrivée à point nommé. Rassurant, le docteur Franck Fikiri, médecin-directeur, a saisi cette opportunité pour également faire état des besoins actuels de l'institution qu'il dirige :

« Quand bien même nous bénéficions de l'appui de certains partenaires, les besoins sont toujours là. Nous venons de partager positivement avec le chef de bureau de la MONUSCO, nous avons besoin d'élargir nos capacités d'accueil, parce que tout le temps, nous sommes surpris par des évènements ici. Nous aurions souhaité que la MONUSCO puisse nous construire un autre pavillon pour les blessés. Nous avons présenté cette doléance au chef de bureau de la MONUSCO qui a promis que d'ici à quelques jours, on pourra augmenter notre capacité. Naturellement, au-delà de tout ce que nous avons comme appui de part et d'autre, nous aurions souhaité, s'il y a un lot de médicaments ou d'intrants additionnels, que la MONUSCO nous les amène pour ajouter à ce qui est déjà là, ça peut toujours faire du bien ».

« On a cru que c'était la foudre qui s'était abattue sur l'église... »

Dix-sept blessés sont actuellement pris en charge dans cet hôpital. Unadolescent de 14 ans a succombé à ses blessures lundi 16 à la descente de l'ambulance qui le ramenait de Kasindi vers Beni. Pour ces rescapés encore traumatisés et sous le choc, le sentiment oscille entre résignation et colère. Si, pour certains, « c'est la volonté de Dieu », en revanche pour d'autres l'Etat doit tout faire pour retrouver les auteurs de cet acte et les juger ; il doit aussi ramener la paix dans cette partie du territoire. Tous décrivent une scène d'apocalypse dimanche quand, en plein culte, tout s'est écroulé autour d'eux.

Jack Kasereka Mwamba, l'un des rescapés de Kasindi, demande à la MONUSCO et au gouvernement d'intensifier les enquêtes et d'arrêter les auteurs de cet acte. Il témoigne : « Nous étions en pleine cérémonie de baptême à notre église CEPAC quand j'ai entendu de drôles de bruits. Je me suis dit que c'était peut-être la foudre car le temps était pluvieux. J'ai perdu un ami dans cet attentat ; des proches ont également été blessés. Je demande au gouvernement et à la MONUSCO de bien mener les enquêtes pour que ces terroristes qui attaquent les églises où les gens prient soient arrêtés ».

La MONUSCO fut présente sur presque tous les fronts depuis l'incident : appui technique aux services de sécurité pour mener à bien l'enquête afin de retrouver les auteurs de cet acte terroriste, évacuation des blessés et escorte du convoi ayant ramené ces derniers de Kasindi vers Paida à une dizaine de kilomètres de Beni.

Dans une publication sur son compte tweeter au soir de l'attentat, la Mission a condamné ce qu'elle a qualifié d'attentat « lâche et ignoble » contre une église à Kasindi. Elle a réitéré son engagement à ne ménager aucun effort aux côtés des forces de sécurité et de défense congolaises et des autorités judiciaires pour mettre hors d'état de nuire les auteurs de ces actes.


NEW YORK, États-Unis d'Amérique, Des Casques bleus de l'ONU ont découvert dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) des fosses communes avec près de 50 civils morts, dont des femmes et des enfants, ont annoncé jeudi les Nations Unies, qui ont attribué les meurtres à une milice communautaire.
Quarante-deux corps, dont 12 femmes et six enfants, ont été retrouvés enterrés dans le village de Nyamamba, dans la province d'Ituri.

« Et une autre fosse contenant les corps de sept hommes dans le village de Mbogi, à environ 30 km à l'est de Bunia, dans la province de l'Ituri », a déclaré sur Twitter, la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO).

Les miliciens de la milice CODECO (Coopérative pour le développement du Congo), qui disent défendre la communauté Lendu, sont accusés d'avoir perpétré ces meurtres.

La MONUSCO a déclaré soutenir « les autorités congolaises dans le cadre des enquêtes judiciaires sur ces attaques
La MONUSCO condamne fermement ces « tueries barbares et lâches attribuées à la CODECO », a ajouté la mission onusienne, précisant que les soldats de la paix avaient lancé une patrouille dans la région au cours du weekend après avoir entendu parler d'attaques.

195 civils tués et 84 enlèvements dans des attaques attribuées au Codeco et à la milice Zaïre

Selon les Nations Unies, la violence exercée par la CODECO et d'autres groupes armés sur ces communautés vulnérables est « inacceptable et inhumaine ». La MONUSCO a déclaré soutenir « les autorités congolaises dans le cadre des enquêtes judiciaires sur ces attaques » et demande que « les auteurs soient traduits en justice ».

Secouée par des conflits intercommunautaires, la région aurifère d'Ituri a renoué avec les violences depuis fin 2017 et l'avènement de la milice CODECO. Ce groupe armé est l'une des dizaines de milices opérant dans l'est du Congo. Ses rangs sont principalement constitués de la communauté agricole ethnique Lendu, qui mène régulièrement des attaques contre les éleveurs Hema dans la province d'Ituri.

Depuis le 1er décembre 2022, au moins 195 civils ont été tués, 68 blessés et 84 enlevés au cours d'incidents attribués à la CODECO et à une milice rivale appelée Zaïre. De plus, les récentes attaques ont augmenté le nombre de déplacés qui s'élève désormais à plus de 1,5 million dans la province de l'Ituri, mais ont réduit aussi l'accès des humanitaires.

La MONUSCO condamne fermement ces « tueries barbares et lâches attribuées à la CODECO