Extrait de la conférence de presse de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Moscou, 15 décembre 2022

Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie - 15/12/2022 20:35:00

Sur la crise ukrainienne

Le discours télévisuel de Vladimir Zelenski du 12 décembre a attiré notre attention. Non pas par sa nouveauté ou profondeur, mais par sa criminalité et immoralité. Cette fois, il s'est adressé aux dirigeants du G7 avec une "commande" des démarches pour soutenir le régime néonazi de Kiev dans sa confrontation avec la Russie.

Nous avons déjà compris que "l'unité créative" était incapable d'inventer quelque chose de nouveau. Il est exigé des sponsors du régime de Kiev de lui fournir une aide militaire et financière supplémentaire, il est exigé de la Russie de lancer d'ici Noël le retrait des troupes russes du "territoire internationalement reconnu de l'Ukraine", et il est exigé du monde entier de réunir un sommet mondial pour mettre en oeuvre la "formule de la paix" de Vladimir Zelenski détachée de la réalité. Quand il a été officiellement demandé à l'entourage proche ce qui arrive à Vladimir Zelenski, ils ont répondu "il est fatigué". C'est flagrant.

De telles initiatives pseudo-pacifiques sont camouflées par des propos sur l'attachement aux méthodes diplomatiques de règlement. Tout cela montre qu'il est effectivement "fatigué" et surmené. Apparemment, Kiev ne songe pas à arrêter la guerre. L'objectif principal du régime reste la victoire "sur le champ de bataille", c'est pourquoi dans leurs fantaisies ils ont besoin de plus en plus d'armes. Les négociations avec la Russie ne font pas partie de ses projets. D'autant plus qu'elles sont interdites au niveau législatif. Voici quel est le plan "pacifique".

De son côté, notre pays a souligné plusieurs fois en répondant aux questions et en donnant des explications que ce n'est pas Moscou qui avait rompu les négociations en avril 2022 mais le régime de Kiev. Par conséquence, c'est le régime de Kiev et Vladimir Zelenski "fatigué" qui sont responsable du renoncement à la diplomatie en tant que méthode. Les nouvelles réalités créent un nouveau tableau sur le terrain. Mais il leur sera plus difficile ensuite de déboucher sur des ententes, comme l'a annoncé à différentes occasion le gouvernement russe. Apparemment, ces gens sont effectivement surmenés. Il ne faut s'attendre à rien d'adéquat de leur part.

Tout le monde est également au courant (même si l'Occident tente de l'ignorer) de l'utilisation par l'armée ukrainienne de méthodes de guerre interdites et de violation du droit international humanitaire par Kiev. Les unités ukrainiennes, qui se transforment de plus en plus en armée de mercenaires, poursuivent les bombardements des villes et des communes sur le territoire frontalier de la Russie, faisant de plus en plus de morts et de blessés parmi les civils, détruisant l'infrastructure civile. Faisant souffrir les habitants du Donbass, des régions de Kherson, de Zaporojié, de Belgorod, de Briansk et de Koursk.

Les quartiers résidentiels de Donetsk subissent les frappes les plus barbares. D'ailleurs, l'ONU le sait bien (mais n'en parle pas toujours). Elle reste en contact avec des représentants de deux ONG humanitaires qui restent dans la ville. Une telle information a été notamment partagée le 8 décembre lors d'une conférence de presse à New York par le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU Stéphane Dujarric.

Nous exhortons seulement le Secrétariat de l'ONU à être objectif. Nous voudrions qu'ils accordent autant d'objectivité qu'ils accordent au régime de Kiev, à défaut de soutenir Moscou. C'est sur ce point que nous insistons. La question de savoir qui soutien le Secrétariat de l'ONU ne doit pas se poser. Je rappelle que l'objectif du Secrétariat consiste à garder son objectivité pour évaluer la situation. Pour cela il possède des instruments et des mécanismes d'activité appropriés. Prendre position ne fait pas partie des obligations fonctionnelles du Secrétariat.

Le 12 décembre, des saboteurs ukrainiens ont fait sauter les piliers d'un pont dans la banlieue de Melitopol. Le 13 décembre, des roquettes ont été tirées sur la ville de Klintsy de la région de Briansk à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec la région ukrainienne de Tchernigov.

De tels actes du régime de Kiev sont commis avec l'approbation des États-Unis, qui participent directement au pointage de l'artillerie et des roquettes et fournissent à l'armée ukrainiennes des renseignements satellites. Les journalistes américains écrivent ouvertement que "le Pentagone a donné le feu vert aux frappes de drones contre le territoire russe". Inspirés par un tel soutien, les politiques ukrainiens font déjà part de leur intention de frapper l'infrastructure critique de la région de Moscou. Washington, qui est devenu une partie au conflit, ne pourra pas esquiver la complicité à la terreur perpétrée par le régime de Kiev contre la population civile russe et se dégager de la responsabilité pour la mort et les destructions causées par les armes américaines sur consignes américaines. Quelque chose de similaire se déroulait dans les années 1990. Nous nous souvenons parfaitement d'où venaient les armes, l'argent, le soutien politique, informationnel, moral et psychologique aux combattants et terroristes dans le Caucase du Nord. Nous nous souvenons où se trouvaient les centres de décisions. Ce n'est pas nous qui formions et financions les individus envoyés dans le Caucase du Nord qui recrutaient la population locale. Tout venait de l'étranger. L'histoire de cette terrible guerre contre le terrorisme international que la Russie avait subi pour la première fois est écrite depuis longtemps et tous les faits sont constatés. Les États-Unis voudraient que l'histoire se répète? Il faudrait répondre à cette question. Ont-ils tiré des conclusions après que le jeu par procuration de l'Occident sur notre territoire s'est soldé par une défaite totale du terrorisme international?

Les néonazis ukrainiens poursuivent la pratique impitoyable de minage à distance des communes russes par des mines antipersonnel interdites. Dans son communiqué de presse du 3 décembre, le Comité international de la Croix-Rouge a enfin osé de parler publiquement des conséquences des actions de l'armée ukrainienne pour les habitants du Donbass. Il a constaté la menace que représentent pour la population civile les munitions non explosées et les bombes à sous-munitions largement utilisées par le régime de Kiev depuis février 2022.

L'Occident ne cesse pas d'armer l'Ukraine. Washington est le leader et principal inspirateur de cette course aux armements. D'après différentes sources, depuis février dernier, les États-Unis ont livré au régime de Kiev des armements, notamment de l'artillerie lourde et des lance-roquettes multiples, pour 21,5 milliards de dollars.

Heureusement pour l'industrie militaire américaine, les États-Unis n'ont pas l'intention de s'arrêter là. Le Pentagone a récemment alloué pour les "besoins militaires" de l'armée ukrainienne 800 millions de dollars supplémentaires. La Maison Blanche a annoncé le 9 décembre l'envoi en Ukraine d'une nouvelle aide sous forme de munitions supplémentaires pour LRM Himars, 80.000 munitions d'artillerie, des équipements pour lutter contre les drones et renforcer la défense aérienne. Pour 275 millions de dollars en tout.

À noter que la cadence de consommation par l'armée ukrainienne des munitions américaines fournies étonne même les experts américains. Ces derniers notent que de par cet indice les Ukrainiens "battent des records". Selon la compagnie Lockheed Martin, en presque dix mois de conflit, une quantité de roquettes prévue pour treize ans a été utilisée. Mais Vladimir Zelenski ne se soucie pas de ses hommes. Cela lui est égal. C'est seulement en public qu'il se dit "citoyen ukrainien" et porte des chemises traditionnelles, participent à des rituels à l'église, mais en réalité il n'appartient pas à la culture et à la spiritualité de ce pays et de ce peuple. Nous le comprenons parfaitement vu les actions criminelles impitoyables qu'il commet en se trouvant dans un état de "fatigue", comme dit son entourage. Tout ce qui se passe du point de vue de la "logique" du régime de Kiev n'est pas la limite. Il ne se soucie pas des siens ni de personne. Il a peur seulement pour lui, pour ceux qui se sont retranchés rue Bankovaïa. Tous les autres peuvent être tués (selon la logique de Vladimir Zelenski).

De toute évidence, ce n'et pas la limite. Le 13 décembre, les États-Unis ont annoncé leur intention de livrer à l'Ukraine une batterie de défense antimissile Patriot. Auparavant, de nombreux experts, notamment américains, doutaient de la raisonnabilité de cette démarche conduisant à une escalade du conflit et à une hausse du risque d'une implication directe de l'armée américaine dans les hostilités. Comme on dit, "allons-y à fond". D'autant que c'est la vie des autres qui est en jeu. En regardant la vie de Vladimir Zelenski, ses intérêts financiers et ambitions sont très éparpillés. Exprime-t-il réellement les attentes du peuple ukrainien? Bien sûr que non. Il "dance" là où un le paie.

Washington continue de "tordre les bras" à d'autres pays de l'Otan exigeant d'eux une bien plus grande contribution à la militarisation de l'Ukraine. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a noté le 30 novembre à Bucarest pendant une réunion des chefs de diplomatie des pays de l'Alliance que le montant de l'aide militaire à Kiev de la part des alliés et partenaires de l'Otan en dix mois avait 40 milliards de dollars. C'est comparable au budget militaire française de 2022.

L'Europe obéit servilement aux consignes de Washington. Le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell (le fameux "jardinier") a récemment déclaré que la Facilité européenne pour la paix, qui sert à livrer des armes à l'Ukraine, augmenterait de 3,5 milliards d'euros. Le secrétaire de l'Otan Jens Stoltenberg a déclaré que "le meilleur moment d'instaurer une paix durable en Ukraine était de lui apporter un soutien militaire". C'est si logique. Il n'y a visiblement pas eu assez de morts là-bas.

Nous voudrions rappeler que toutes les armes livrées par l'Occident en Ukraine sont une cible militaire légitime pour les forces armées russes et seront soient détruites, soient capturées. Nous l'avons dit plusieurs fois.

Ce n'est pas un secret que les armes livrées par l'Occident en Ukraine se retrouvent constamment sur le "marché noir". Le 9 décembre, lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, la Secrétaire générale adjointe pour les affaires de désarmement Izumi Nakamitsu a noté les risques de fuite, de prolifération et de réorientation des armes fournies dans les conditions de conflit en Ukraine.

Les pays de l'UE ont commencé à en parler ces derniers mois en constatant leur apparition sur leur territoire.

Nous avons noté la dernière conférence des "donateurs" de l'Ukraine organisée à Paris le 13 décembre 2022. La délégation de Kiev menée par le premier ministre Denis Chmygal y était venue avec la main tendue. Une nouvelle collecte de plusieurs millions a été annoncée à l'issue ainsi que la création d'un certain mécanisme spécial dans le cadre de l'UE pour l'aide financière et autre à l'Ukraine. D'après la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, depuis 2014, l'UE a alloué plus de 90 milliards d'euros aux autorités ukrainiennes. Le résultat est flagrant, le niveau de la démocratie est stupéfiant. La croissance économique et le règlement de tous les programmes humanitaires, tout a déjà été fait. Réfléchissez, 90 milliards d'euros ont disparu dans ce "trou noir" appelé "régime de Kiev et ses expériences". Je voudrais dire qu'aujourd'hui des représentants du public américain songent à organiser un véritable audit des moyens qui auraient été envoyé au régime de Kiev. Mais est-ce que quelqu'un vérifiera les 90 milliards d'euros? Comment ont-ils été utilisés, où ont-ils été envoyés? Qu'est-ce qu'a été fait avec cet argent?

L'aide au régime de Kiev coûte cher aux contribuables européens parce que cet argent ne sert pas à régler les problèmes mais à les créer, ce qui demande encore plus d'argent. C'est un terrible carrousel sanglant et financier pour faire passer l'argent des poches occidentales dans les proches occidentales, tout en transitant par l'Ukraine. Au final, des milliers de personnes meurent.

Quant à la réaction des Européens. Nous voyons que cela suscite des émotions très négatives. Notamment sur fond de problèmes socio-économiques qui s'aggravent dans les pays européens.

En dépit de ces efforts, toutes les tentatives des États-Unis, de leurs alliés de l'Otan et des pays de l'UE de soutenir le régime de Kiev néonazi et de faire traîner au maximum les hostilités sont vouées à l'échec. Il vaut mieux le comprendre tôt que tard. Malheureusement, tout le monde ne comprend pas toujours après coup. Mais ils ne pourront pas dire que nous n'avions pas prévenu.