Sophie Adenot, nouvelle astronaute française de l'ESA (VIDEO)

CNES - Centre National d'Etudes Spatiales - 29/11/2022 12:10:00

L'Agence spatiale européenne vient d'annoncer les noms des cinq nouveaux astronautes sélectionnés pour faire partie du corps des astronautes de carrière. Félicitations à Sophie Adenot qui devient la 11eme astronaute de nationalité française !

L'Agence spatiale européenne vient d'annoncer les noms des cinq nouveaux astronautes sélectionnés pour faire partie du corps des astronautes de carrière.

Côté français, il s'agit de Sophie Adenot, première femme française pilote d'essai d'hélicoptères, aujourd'hui lieutenant-colonel de l'Armée de l'air et de l'espace. Il s'agit de la deuxième femme française astronaute, 20 ans après Claudie Haigneré.

On compte également la Britannique Rosemary Coogan (doctorante au sein de l'agence spatiale française, le CNES), l'espagnol Pablo Álvarez Fernández, le Belge Raphaël Liégeois, et le Suisse Marco Sieber. John McFall, du Royaume-Uni, devient le premier « parastronaute ».

Onze réservistes ont également été sélectionnés et présentés au grand public, parmi lesquels le français Arnaud Prost.


COMMENT CETTE NOUVELLE PROMOTION D'ASTRONAUTES A-T-ELLE ÉTÉ RECRUTÉE ?
Des campagnes de recrutement d'astronautes en Europe, il n'y en a pas souvent. La dernière datait de 2009 : à l'époque plus de 8 000 candidats avaient postulé dans toute l'Europe, pour seulement six places en bout de course... Cette fois-ci, ce sont plus de 22 000 candidatures qui ont été envoyées en 2021, dont plus de 7 000 Françaises (5 400 d'hommes et 1 600 de femmes), la nation de loin la plus représentée parmi les postulants.


La série Datastronautes, sur la sélection et les missions des astronautes (CNES).
La sélection de ces nouveaux astronautes dure plus d'un an. Elle commence avec un certain nombre de critères d'âge, de formation et d'expérience : il fallait avoir entre 27 et 50 ans, être diplômé au minimum d'un master dans un domaine scientifique, avoir au moins trois années d'expérience professionnelle et parler un anglais courant - indispensable pour apprendre le métier dans un contexte international.

Si avoir un diplôme d'ingénieur ou un master de sciences (sciences naturelles, aéronautique, mathématiques, informatique...) ou être médecin, chercheur ou pilote, est indispensable pour postuler, devenir astronaute, c'est aussi être un véritable couteau suisse : plongée, aviation, parachutisme, musique, langues et expériences étrangères ; plus que des compétences techniques et scientifiques, les candidats doivent présenter des compétences opérationnelles.

Ce qu'on appelle les « soft skills » sont tout aussi importants. Il faut être capable de garder son calme sous la pression, rester motivé face à des horaires de travail irréguliers et des déplacements fréquents, s'adapter à son environnement, être un bon coéquipier par exemple.

ON NE NAÎT PAS ASTRONAUTE, ON LE DEVIENT
L'objectif de la sélection n'est pas de chercher des superhéroïnes et des superhéros, mais de mettre en avant des personnes qui ont le potentiel pour le devenir.

À l'issue d'une première phase d'étude des dossiers, qui permet d'écrémer 90 % des candidatures, les candidats sélectionnés doivent passer des tests psychotechniques et psychologiques, individuels ou en équipe, en tous genres : logique, orientation dans l'espace, capacité au multitâche, tests de mémoire, calcul mental. En tout, il y a une vingtaine d'épreuves intenses dont le but n'est pas d'observer si vous êtes ultra-performant pendant une minute, mais de tester votre motivation et d'analyser sur la durée si votre performance s'écroule ou résiste.

Après ces épreuves, il ne reste que quelques centaines de candidats. Pour eux, le marathon ne fait que commencer. Ils subissent des tests collectifs pour mieux comprendre les personnalités de chacun dans des contextes variés. Ici, l'objectif n'est évidemment pas de sélectionner les plus gros egos mais ceux qui s'intégreront au mieux dans une équipe, prendront les meilleures décisions sous pression, seront résilients, patients, persévérants, calmes, organisés et d'une bonne tolérance au confinement et aux espaces réduits.

Pour la petite centaine de candidats restants vient enfin la dernière phase avant la sélection finale : des tests médicaux très poussés pendant une semaine - cardiologue, neurologue, IRM, ophtalmologue et ORL notamment.

QU'EST-CE QUI ATTEND CETTE NOUVELLE PROMOTION ?
Pour ces nouveaux astronautes, l'aventure ne fait que commencer car ils doivent maintenant être formés. Ils seront amenés à réaliser chacun au moins deux vols d'une durée de six mois à bord de la Station spatiale internationale.


À bord de la station, pas de médecin ni de plombier. Les astronautes doivent être capables de tout faire et doivent donc tout apprendre sur le fonctionnement de la station pour être capables de la réparer.

La formation commence donc par dix-huit mois de formation théorique, avec au menu une remise à niveau dans de nombreux domaines : mécanique spatiale, propulsion, biologie, systèmes spatiaux, informatique, calcul de trajectoires, mais aussi médecine. L'entraînement se fera principalement au centre européen de formation des astronautes à Cologne, en Allemagne, mais les apprentis-astronautes seront amenés à voyager dans chaque pays contributeur de l'ISS, notamment aux États-Unis, en Russie, au Japon ou au Canada.

L'apprentissage théorique sera doublé de nombreuses heures dans des simulateurs grandeur nature afin de se préparer à toutes les situations : les futurs astronautes s'entraînent par exemple dans des maquettes des modules de la Station Spatiale Internationale. Ces modules leur permettent de voir les choses telles qu'elles sont dans la station et donc de pouvoir s'entraîner d'une part aux scénarios d'urgence (extinction incendie ou dépressurisation), et d'autre part (et surtout) à leur utilisation (PC systèmes, stockage, entre autres).

Quant à l'entraînement sur les véhicules spatiaux, les nouveaux astronautes vont s'entraîner soit à Moscou sur les Soyouz, soit chez SpaceX pour les Crew Dragon. Ils peuvent également s'entraîner dans d'immenses piscines qui reproduisent en partie les conditions des sorties extravéhiculaires dites « EVA », lorsqu'il faut sortir en dehors de la station spatiale internationale pour effectuer des réparations par exemple. Ces exercices en piscine se déroulent soit à Cologne, soit au Johnson Space Center.

Mais l'essentiel de leur entraînement reste quand même... en salle de classe.

L'AFFECTATION À UNE MISSION
Ensuite, lorsque les astronautes auront été affectés à une mission - l'affectation à une mission peut parfois prendre des années, il leur faudra encore 18 mois pour s'y préparer spécifiquement.


En effet, chaque mission comprend de nombreuses expériences scientifiques qui seront menées à bord. Les astronautes doivent connaître les manipulations et protocoles qu'ils devront mettre en oeuvre une fois là-haut sur le bout des doigts.

Par exemple, lors de la mission Alpha, Thomas Pesquet a mené une centaine d'expériences, dont plusieurs conçues et pilotées depuis la France par le CADMOS (Centre d'aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales) - notamment sur le sommeil des astronautes et des expériences de « télérobotique » pour les tâches de guidage et de capture.

Il avait également testé une pince acoustique pour manipuler les objets à distance, ainsi que des emballages réutilisables - le recyclage étant un enjeu clé dans l'optique de vols longue durée. Côté biologie, Thomas Pesquet a aussi mené une expérience sur le blob, en même temps que 300 000 élèves à la surface de la Terre.

PLUS D'INFO

PORTRAIT - Qui est Sophie Adenot, choisie pour intégrer la nouvelle promotion de l'ESA ?
Sophie Adenot fait partie de la nouvelle promotion d'astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA) annoncée ce mercredi, qui compte au total trois hommes et deux femmes. La Française, pilote d'essai d'hélicoptère qui compte quelque 3.000 heures de vol, devient la première femme astronaute du pays depuis Claudie Haigneré.
Elle succède à Thomas Pesquet, et plus symboliquement à Claudie Haigneré, dernière femme française à avoir été astronaute à l'Agence spatiale européenne il y a plus de 20 ans. Sophie Adenot, 40 ans et pilote d'essai d'hélicoptère qui compte quelque 3.000 heures de vol, a été sélectionnée avec une autre femme et trois hommes pour intégrer la nouvelle promotion de l'ESA, parmi les 22.500 candidatures. Europe 1 l'a rencontrée.

Sophie Adenot dégage avant tout une force tranquille. Le visage souriant, la voix posée, les pieds bien ancrés dans le sol : la Française est ingénieure de formation. Elle est la première femme pilote d'hélicoptère dans l'armée de l'air.

"Un grand saut dans l'inconnu"
En devenant astronaute, celle qui a grandi en Bourgogne réalise son rêve de toujours. "Le rêve ne devient même pas concret aujourd'hui parce que j'ai du mal à me rendre compte de ce qui se passe", confie-t-elle, encore émue par l'annonce de l'Agence spatiale européenne. "J'y ai travaillé, j'ai beaucoup travaillé", appuie Sophie Adenot. "Tout est à construire. En tout cas, pour moi, c'est un grand saut dans l'inconnu."

"Je pense que j'ai grandi avec l'âme d'une exploratrice. J'ai toujours essayé d'aller chercher un petit peu plus loin ce qu'il se passe, et puis revenir auprès de ses pairs avec un oeil nouveau", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. "Ma soeur me dit souvent, en plaisantant, que quand j'étais petite, 'le seul poster que t'avais dans ta chambre, c'était un poster de fusée'. J'y pense depuis un petit bout de temps", reconnaît la pilote d'essai, désormais astronaute pour l'ESA.

Un programme chargé pour Sophie Adenot
Dans sa vie personnelle, Sophie Adenot est maman d'un petit garçon. Parmi ses modèles, on retrouve la physicienne Marie Curie et l'astronaute Claudie Haigneré, la première femme à être allée dans l'espace. Désormais, la Française de 40 ans va devoir se mettre à l'entraînement. Elle va déménager à Cologne, en Allemagne, où se trouve le Centre européen des astronautes.

Sophie Adenot sera ensuite formée aux sciences de l'espace et commencera les entraînements avec beaucoup de sport, des stages de survie ou encore des vols paraboliques. La Française devrait aller dans l'espace pour la première fois dans quatre ou cinq ans. Lors de la présentation de cette nouvelle génération, Thomas Pesquet, issu de la promotion 2009, a conseillé à tous ses successeurs de "bien s'accrocher".

Vie professionnelle : et si on s'inspirait de Sophie Adenot, la nouvelle astronaute française ?

L'Agence spatiale européenne (ESA) a dévoilé hier sa nouvelle promotion d'astronautes dont fait partie Sophie Adenot et son CV laisse admiratif ! À 40 ans, cette ingénieure de formation, pilote d'hélicoptère de l'armée de l'air devient la deuxième femme française astronaute après Claudie Haigneré dans les années 90.

Les Ministères de l'économie et de l'enseignement supérieur ont salué l'exemple qu'elle incarnait « pour le futur des femmes dans les milieux scientifiques et techniques, où elles sont encore sous-représentées ». L'occasion de vous donner quelques clefs de sa réussite pour s'en inspirer (même juste un peu) au quotidien.

Avoir de l'ambition et croire en son rêve d'enfant
« Pourquoi pas moi ? » Cette phrase semble avoir été le moteur de Sophie Adenot depuis son plus jeune âge. « J'en ai rêvé depuis que j'étais petite fille. Mais j'ai beaucoup travaillé, j'ai beaucoup de personnes qui m'ont soutenue, ma famille en particulier » a-t-elle confié aux journalistes lors de sa première interview d'astronaute. « Ma soeur me dit souvent en plaisantant que le seul poster qu'il y avait dans ma chambre, petite, c'était une fusée ! » Et si vous aussi, vous vous rappeliez ce qui ornait les murs de votre chambre d'adolescent ?

Avoir des modèles et faire des rencontres inspirantes
Outre le modèle de son grand-père, mécanicien dans l'armée de l'air, Sophie Adenot reconnaît aussi avoir été marquée par des rencontres clés qui l'ont aidée à concrétiser son rêve comme Valérie André, première femme pilote d'hélicoptère ou Caroline Aigle, première femme pilote de chasse. « Je me suis dit tiens ces femmes-là n'ont pas l'air d'être des super-womans, elles ont juste l'air sérieuses et travailleuses ». La nouvelle astronaute confie aussi avoir été inspirée par le modèle de Claudie Haigneré, « une grande dame, si elle n'avait pas été là, je ne serais pas là aujourd'hui ! »

Reconversion pro : les bonnes questions à vous poser avant de vous lancer

Ne pas se mettre de barrières
Diplômée de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique (Isae-Supaero) et du prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT), la nouvelle astronaute possède un brillant CV, fruit de ses années de travail. La méthode Sophie Adenot : la persévérance. « Les barrières y'en a deux types : la première c'est quand on se dit je ne connais pas, ce n'est pas mon monde et la deuxième barrière, c'est celle qu'on se met soi-même en se disant que ce n'est qu'un rêve et que c'est lointain ! Au fur et à mesure, j'ai découpé tout brique par brique, faire des sciences à haut-niveau, oui je pouvais le faire, avoir un niveau sportif suffisant pour m'engager dans l'armée, oui je pouvais le faire » explique-t-elle dans une vidéo pour le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.

« J'ai commencé par être ingénieur, j'ai postulé pour l'Armée de l'air, j'ai beaucoup beaucoup travaillé pour me préparer, je pense que même j'étais surentraînée, mais c'était pour me dire j'arriverais à m'intégrer dans ce monde-là que je ne connais pas et qui n'est pas le mien ! »

Faire fi des remarques sexistes
Ingénieur puis militaire avec le grade de lieutenant-colonelle de l'armée de l'air, la nouvelle recrue de l'ESA a pulvérisé le plafond de verre en réussissant brillamment dans des métiers encore majoritairement masculins et elle a appris à ne pas s'arrêter aux remarques de certains confrères. « Sophie, tu ne pèses pas le poids de ton gilet de combat tu n'es pas faite pour être parmi nous ! » lui a déjà dit un de ses collègues. Une réflexion qui n'a pas freiné l'ambition et la volonté de la nouvelle astronaute : « Je les remercie ces gens-là car ils me permettent de canaliser mon énergie, je pourrais pleurer, m'énerver, être en colère mais non je vais me servir de cette énergie pour développer mes compétences ! » Mère d'un enfant, elle montre aussi qu'on peut conjuguer carrière et maternité.


Aimer les sensations fortes
Avec près de 3000 heures de vol en hélicoptère au compteur, Sophie Adenot a été la première femme pilote d'essai d'hélicoptère. Supersportive, elle pratique de nombreuses disciplines comme le ski ou le vtt, elle détient aussi un brevet de parachutisme et une licence de plongée sous-marine. Une façon peut-être de montrer qu'elle pouvait vraiment repousser toutes les limites ?

Vous avez le vertige ou vous détestez la vitesse ? On ne va pas vous demander de sauter d'un avion en parachute ! Essayez juste de vous lancer un défi raisonnable de temps en temps pour sortir de votre zone de confort.

S'investir dans un « side-project »
La nouvelle astronaute a réussi à mener sa carrière tout en continuant de s'adonner à une passion puisqu'elle est aussi devenue professeure de yoga certifiée. De quoi vous motiver pour vous rendre à ce cours de sport même quand il fait nuit, qu'il pleut et que vous avez enchaîné des réunions toute la journée !