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Le 25 octobre, le Festival International de Colmar annonçait dans un communiqué la nomination d'Alain Altinoglu en tant que directeur artistique. Vladimir Spivakov, qui assurait cette fonction depuis 1989, n'a été informé de cette décision qu'au dernier moment sans avoir été consulté. Interrogé par Radio Classique, le chef d'orchestre russe réagit en exclusivité.
Vladimir Spivakov : « Les négociations ont été menées dans mon dos. Évidemment, je me suis senti trahi »
Au micro de Jean-Michel Dhuez, qui présente cette semaine le Journal du Classique sur Radio Classique, Vladimir Spivakov, 78 ans, raconte comment il a appris son remplacement par Alain Altinoglu à la direction artistique du Festival International de Colmar qui se déroule tous les ans début juillet : « Je l'ai appris par un SMS d'une amie française, qui m'a transmis la nouvelle publiée sur le site Slippedisc, et non par une lettre personnelle du maire de la ville ou par un autre représentant de l'administration du festival (...) J'ajoute que j'ai été officiellement informé de ma démission par mail le 25 octobre. C'était une lettre pleine de termes vagues comme, par exemple, « Pour des raisons que chacun comprend » ( Dieu sait, ce que ça veut dire) ! Une lettre en quelques lignes, même pas signée ».

Ces raisons seraient-elles liées à la nationalité russe du chef d'orchestre et violoniste, qui avait soutenu la guerre en Crimée en 2014 mais a dénoncé l'invasion de l'Ukraine depuis février ? Vladimir Spivakov explique : « La mairie décide alors de renoncer au festival 2022, craignant que ce conflit n'affecte la réputation de l'événement, même si moi, personnellement, je pense et j'ai toujours cru qu'un festival international de musique n'avait rien à voir avec la politique (...) Pour être honnête, je pense que c'est de la lâcheté politique et la volonté de s'inscrire dans la tendance générale à l'abolition de toute la culture russe. Et pourtant, La dernière fois que j'ai rencontré le président du festival en juin 2022, il m'a assuré que des opportunités pour continuer le festival seraient trouvées. Et puis le jour est venu où le communiqué sur le changement de directeur artistique a été mis en ligne. Il va sans dire que les négociations à ce sujet ont été menées dans mon dos, apparemment pendant longtemps. Évidemment, je me suis senti trahi ».

Vladimir Spivakov : « J'ai réussi à créer un lieu exceptionnel où des gens parlaient le même langage, le langage de la musique »
Interrogé sur le bilan qu'il tire de plus de 30 ans de direction du festival alsacien, Vladimir Spivakov insiste sur le bénéfice que la ville de Colmar en a tiré : « Le festival est devenu un symbole de Colmar sur la scène mondiale, tout autant que la statue de la Liberté de Bartholdi et le Retable de Grünewald. Grâce au festival, qui réunissait chaque année les meilleurs musiciens du monde, cette ville est connue partout, les mélomanes du monde entier ont commencé à venir à Colmar. Depuis sa création, plus de 700 musiciens sont venus au festival, plus de 1500 oeuvres y ont été interprétées ». Le chef d'orchestre conclut : « On peut retirer mon nom du site du festival, mais je suis sûr qu'aucune direction politique ne pourra effacer mon rôle de l'histoire de Colmar, car j'ai réussi à créer un lieu exceptionnel où des gens de tous continents, de toutes confessions, nationalités et opinions politiques parlaient le même langage, le langage de la musique »