Bicentenaire de la Société de géographie : VISAGES DE L'EXPLORATION AU XIXE SIÈCLE

BnF - Bibliothèque Nationale de France - 05/07/2022 10:50:00

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La BnF célèbre le bicentenaire de la Société de géographie, dont elle conserve les archives, en consacrant une exposition à l'exploration au XIXe siècle. S'appuyant sur le fonds exceptionnel de la Société de géographie et sur d'importants prêts extérieurs, elle réunit près de 200 pièces qui permettent d'offrir un nouveau regard sur la curiosité savante, les «découvertes» de l'époque et plus largement l'entreprise exploratoire elle-même.

Fondée à Paris le 15 décembre 1821, la Société de géographie est un acteur majeur dans l'encouragement aux voyages de découvertes et la diffusion des connaissances géographiques. Tout au long du siècle elle accompagne les explorateurs, dirige leurs travaux et publie leurs résultats. À travers la présentation de carnets de notes et de croquis, cartes et photographies, instruments de mesure, objets et spécimens collectés sur le terrain, le parcours proposé aux visiteurs met particulièrement en valeur toutes les figures - femmes exploratrices, guides, interprètes, etc. - qui ont été les actrices et acteurs invisibles dans le récit et l'iconographie officiels de l'exploration européenne. Organisée en trois temps, la préparation savante, les pratiques de terrain, la mise en récit et en images au retour du voyageur, l'exposition offre aux visiteurs un nouveau regard sur l'exploration.

L'EXPOSITION EN DÉTAILS
L'explorateur, ce héros
L'exploration fut, pour les Européens du XIXe siècle, un horizon d'attente aux enjeux multiples : faire avancer les connaissances géographiques, nourrir des savoirs comme l'anthropologie ou l'archéologie, mais également évaluer les richesses exploitables, à l'heure de l'expansion des empires coloniaux. Dans l'histoire de la rencontre des Européens avec le reste du monde, la figure de l'explorateur est au centre d'un récit héroïque, diffusé par la littérature d'aventure, l'imagerie populaire et, plus tard, par le cinéma. À cette époque se construit une mythologie de l'exploration fondée sur plusieurs idées reçues : la figure de l'explorateur, voyageur solitaire, seul collecteur et créateur de savoirs, le fantasme de territoires explorés vierges de toute histoire et de tout habitant, le rêve d'une connaissance intégrale, objective et désintéressée, de tous les «ailleurs» géographiques.

Mythe et réalité

Octavie Coudreau en costume de voyage - 1897 - BnF, département des Cartes et plans, Société de géographie
L'exposition Visages de l'exploration au XIXe siècle. Du mythe à l'histoire confronte cette mythologie à la réalité du terrain. Elle est l'occasion de donner à voir des parcours trop longtemps passés sous silence, ceux de femmes exploratrices, d'explorateurs non-européens, d'intermédiaires, de guides, d'interprètes qui jouèrent un rôle crucial dans le mouvement exploratoire, même s'ils ont été oubliés du grand récit. En proposant une histoire matérielle des voyages, incarnée sur le terrain par une multiplicité d'acteurs et d'actrices, cette exposition fait également émerger un autre récit, celui des différentes formes d'appropriation du monde à l'époque coloniale. Elle témoigne de l'imbrication des pratiques d'exploration scientifique et des opérations de conquête territoriale, qui, sans être systématique, fut une réalité.


L'exploration et ses acteurs
Carnets de voyages, cartes, photographies et objets collectés ou pillés permettent de rendre compte des réalités quotidiennes de l'exploration, au-delà de la fascination qu'exerce l'attrait de l'ailleurs, au XIXe siècle comme de nos jours.

Pour chaque étape sont mises en avant les contributions des acteurs non-européens de l'exploration : souverains égyptien ou siamois commanditant des explorations, voyageurs africains parcourant le continent, guides, interprètes, porteurs constituant les intermédiaires indispensables à la réalisation de l'entreprise collective qu'était en réalité l'exploration. Le visiteur rencontrera ainsi, aux côtés des figures connues de Brazza, Gallieni, Dumont d'Urville ou Charles de Foucauld, Gabrielle Vassal et Octavie Coudreau, Joseph Martin et son guide toungouse, l'explorateur peul El-Fellati, le lettré Nain Singh, l'ancien esclave Apatou accompagnant Jules Crevaux en Amazonie, et bien d'autres.


Photo portait de Jules Crevaux

Jules Crevaux, né à Lorquin en 1847. Après des études de médecine à l'université de Strasbourg, il embarque à Brest et devient médecin de la marine. Il se porte volontaire dans l'armée de la Loire durant la Guerre de 1870. En 1876, à l'occasion d'une mission qu'il effectue en Guyane, il commence à explorer l'intérieur du territoire. C'est certainement à cette occasion qu'il se passionne pour l'Amazonie et qu'il cherche à percer les secrets de la jungle et de ses habitants. Deux ans plus tard, il remonte l'Oyapock quasiment jusqu'à sa source, descend le Rouapir, poursuit vers l'Ouest jusqu'à Bélem.

portrait Jules Crevaux
Portrait de Jules Crevaux
En 1880, il part de Bogota, remonte le Rio Magdalena, franchit la Cordillère des Andes avant de redescendre l'Orénoque. En 1882, on le retrouve en Bolivie. Le 27 avril, il est au coeur du territoire Tobas, où il est pris à parti dans une guerre tribale. Ses compagnons, qui pourront s'échapper, raconteront que Jules Crevaux a été capturé par les indiens Tobas, exécuté et mangé. Il venait d'avoir 35 ans.

Explorateur méconnu, le lorrain Jules Crevaux aura montré, par ses expéditions, qu'il rapporte à la Société de géographie, combien le monde est plein d'enchantements et de mystères et combien, dans la vie, tout n'est qu'affaire de rencontres. Des bonnes, et des moins bonnes ... Mais des rencontres, toujours !


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