Une école pour les enfants réfugiés d'Ukraine à l'Institut de France

Institut de France - 18/04/2022 19:05:00


Une école pour les enfants réfugiés d'Ukraine à l'Institut de France
L'initiative est venue de l'Académie des sciences. Dès le 28 février, cette institution fondée par Colbert en 1666 publiait un communiqué exprimant sa solidarité avec l'Ukraine, appelant le Kremlin à l'arrêt immédiat des combats sur son territoire. Saluant « la courageuse prise de position de nombreux membres de l'Académie des sciences de Russie » qui ont très tôt dénoncé cette guerre, l'institution française qui réunit 282 chercheurs, issus du monde entier, n'entendait cependant pas en rester au stade des déclarations.

« Nous avons immédiatement pris des décisions plus concrètes en mobilisant une importante subvention à l'Académie des sciences d'Ukraine pour lui permettre de survivre dans ces moments difficiles et en lançant un appel pour répondre aux besoins des familles de scientifiques contraints à l'exil. Les hommes étant restés pour combattre, nous avons accueilli un nombre important de femmes et d'enfants. Nous allons veiller désormais à assurer aux plus jeunes la poursuite de leur éducation en multipliant les actions à visées pédagogiques », exprime Étienne Ghys, secrétaire perpétuel de l'académie.


Soutien à l'école ukrainienne de Paris
Cela passe par un soutien exceptionnel à l'école ukrainienne de Paris qui a vu ses effectifs tripler en moins d'un mois. Elle accueille aujourd'hui plus de 500 enfants. L'établissement, qui jouxte la cathédrale Saint-Volodymyr en plein Saint-Germain-des-Prés, n'étant plus assez grand pour héberger ce public scolaire, l'Académie des sciences a décidé d'accueillir en son sein, à partir de samedi prochain, plusieurs classes. « Une démarche d'autant plus logique que nos locaux occupent les bâtiments de l'ancien collège des Quatre-Nations, fondé par Mazarin en 1661 », pointe Étienne Ghys.

Le 16 avril prochain, au matin, l'Institut de France verra ainsi une trentaine d'enfants et d'adolescents, de la 6e à la 3e, faire leur rentrée des classes dans ses murs. Les effectifs passeront à une soixantaine de jeunes l'après-midi. Le chancelier de cette maison, Xavier Darcos, ancien enseignant lui-même avant de devenir ministre de l'Éducation nationale déclare être « heureux d'accueillir à l'institut ces élèves ukrainiens fuyant la barbarie. Une fois encore, la Coupole du quai Conti est un point de ralliement pour ceux qui font confiance au savoir, à la fraternité et à toutes les valeurs émancipatrices de la culture ».

Des professeurs de classe internationale
Les cours seront dispensés pour partie par certains des membres de l'Académie des sciences, pour une autre par des Ukrainiens. Outre le mathématicien Étienne Ghys qui fera visiter les lieux aux enfants, l'astrophysicien Pierre Léna leur délivrera un enseignement au pied du cadran solaire qui orne l'un des murs de la cour d'honneur. Les deux hommes sont habitués à intervenir en milieu scolaire pour promouvoir leurs disciplines respectives. Pierre Léna est ainsi le cofondateur avec Georges Charpak et Yves Quéré du programme éducatif « La main à la pâte ».

Les deux hommes espèrent que de nombreuses institutions se joindront à leur initiative. À l'étranger, plusieurs de leurs homologues ont déjà pris des mesures comparables : du Portugal à la Grèce en passant par la Belgique et l'Italie. Mais ces pays ne sont pas les seuls. Le Conseil international des sciences (ISC), organisation non gouvernementale qui rassemble plus de 200 institutions scientifiques, parmi lesquelles de nombreuses académies et conseils de recherche, recense près d'une centaine d'initiatives à l'échelle mondiale.