L'autonomisation économique des femmes, accentue une croissance économique durable là ou elle est promue dans le monde

ONU Femmes - 28/01/2021 16:45:00

ONU Femmes France /
Portée par ONU Femmes, l'autonomisation économique des femmes est un facteur clé de leur émancipation. Elle est également le moyen le plus sûr d'atteindre une croissance économique inclusive et durable. Pourtant, les inégalités économiques de genre persistent dans tous les pays du monde. Discriminées dans l'accès au marché du travail et dans leur progression de carrière, les femmes sont les premières victimes économiques de la COVID-19. Si rien n'est fait, la pandémie amènera 47 millions supplémentaires d'entre elles sous le seuil de pauvreté, inversant des décennies de progrès vers l'éradication de l'extrême pauvreté (1).

DES INÉGALITÉS PERSISTANTES, EXACERBÉES PAR LA CRISE SANITAIRE...
Malgré de nombreux engagements internationaux appuyant l'autonomisation économique des femmes, des inégalités persistent. Multiformes, elles s'expriment notamment par un accès entravé à la propriété. Ainsi, tandis que la terre est l'une des premières sources de revenus pour les populations rurales, les femmes ne représentent que 13 % des propriétaires agricoles à l'échelle mondiale (2). Les inégalités économiques de genre se traduisent aussi par un accès différencié au marché du travail. À l'échelle mondiale, le taux d'activité féminine a même reculé de 51 à 48 % entre 2000 et 2019 (3). Qui plus est, la discrimination de genre enferme souvent les femmes dans des emplois précaires et/ou informels, limite leur participation aux processus décisionnels et restreint leur accès aux actifs économiques. L'inégale répartition des congés parentaux et des tâches domestiques pèse lourdement sur les possibilités d'entrées et d'évolutions des femmes dans le monde professionnel. En effet, les femmes réalisent les trois quart du travail domestique non rémunéré au niveau mondial (4). En conséquence cela les oblige souvent à se tourner vers un travail à temps partiel. En France, elles sont 29,3 % à travailler à temps partiel, contre 8,4 % des hommes (5).

Les inégalités économiques aboutissent donc à une sur-représentation des femmes parmi la population précaire. En l'état actuel des choses, elles sont les premières victimes économiques de la COVID-19. Tandis qu'avant la pandémie, le taux de pauvreté des femmes était censé diminuer de 2,7 % entre 2019 et 2021, celui-ci devrait finalement connaître une augmentation de 9,1 % (6).

... QUI ENTRAVENT CROISSANCE ET REPRISE ÉCONOMIQUE
Pourtant, investir dans l'autonomisation économique des femmes permet d'avancer vers l'égalité femmes-hommes tout en contribuant significativement à la croissance économique. Un accès égal des femmes sur le marché du travail contribuerait directement à la croissance. La productivité en serait accrue mécaniquement du fait de l'augmentation de la main-d'oeuvre, mais aussi grâce aux bienfaits économiques liés à la diversité. Si le taux d'emploi des femmes atteignait celui des hommes, le Produit Intérieur Brut (PIB) de la Zone Euro augmenterait de 13 % (7). Au niveau global, l'égalité professionnelle pourrait entraîner une hausse du PIB mondial de 28 000 milliards de dollars (8), ce qui aurait également des retombées positives sur le niveau de vie des hommes.

Atteindre l'égalité économique de genre produirait également des retombées positives indirectes. Les femmes consacrent généralement une part plus importante de leurs revenus que les hommes à la santé, à l'alimentation et à l'éducation de leur famille et de leur communauté. Leur autonomisation économique bénéficierait donc à l'ensemble de la société (9), favorisant ainsi la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l'horizon 2030.

"Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel savoir technique serait ouvert à des femmes analphabètes comme nous", a déclaré une étudiante à la fin de sa formation à Tilonia, dans l'État du Rajasthan. "Venir à Tilonia nous a permis d'acquérir la confiance nécessaire pour apprendre de nouvelles choses et rendre nos vies meilleures".
"Je n'aurais jamais imaginé qu'un tel savoir technique serait ouvert à des femmes analphabètes comme nous", a déclaré une étudiante à la fin de sa formation à Tilonia, dans l'État du Rajasthan. "Venir à Tilonia nous a permis d'acquérir la confiance nécessaire pour apprendre de nouvelles choses et rendre nos vies meilleures".

ONU FEMMES, PLUS MOBILISÉE QUE JAMAIS FACE AUX INÉGALITÉS ÉCONOMIQUES
C'est donc contre toute logique que, face à la crise économique mondiale, les mesures gouvernementales liées à la COVID-19 ignorent largement les impacts genrés de la pandémie. En effet, seul 1 pays sur 8 a mis en place des mesures incluant une perspective de genre (10), et seulement 7 % d'entre elles concernent directement la sécurité économique des femmes (11).

Des solutions existent et ONU Femmes, actrice de longue date de l'autonomisation économique des femmes, est plus mobilisée que jamais. Elle s'appuie et ré-adapte au contexte actuel des centaines de programmes dédiés qui permettent aux femmes d'obtenir des emplois décents, d'accumuler des actifs et d'influencer les institutions et les politiques publiques. Parallèlement, afin d'appuyer son plaidoyer, ONU Femmes a mis en place le COVID-19 Global Gender Response Tracker (12) qui suit les mesures politiques adoptées par les gouvernements du monde entier et décompte les réponses à la pandémie intégrant une perspective de genre. Enfin, se concentrant également sur le secteur privé, ONU Femmes a créé, avec le Pacte Mondial des Nations Unies, les Principes d'autonomisation des femmes (WEP), un ensemble de principes permettant aux entreprises signataires de s'engager pour l'égalité professionnelle et l'autonomisation économique des femmes. À ce jour, plus de 4 000 entreprises ont déjà ratifié les WEP dans le monde (13). Au niveau national, ONU Femmes France défend au côté du collectif "Ensemble contre le Sexisme" l'introduction de dispositions sensibles au genre dans le plan de relance économique français. Cela permettrait de conditionner les versements d'aide publique au respect et à l'amélioration de l'égalité femmes-hommes et, ainsi, de repenser un monde plus inclusif et durable.


Anna Nemirovsky

PLUS D'INFO SUR https://www.onufemmes.fr

(1) UN Women/PNUD, 2020 (2) ONU Femmes, 2018

(3) Banque Mondiale, 2020
(4) L. Addati, U. Cattaneo, V. Esquivel et I. Valarino (2018), Un travail et des emplois pour l'avenir du travail décent. Op. Cit

(5) INSEE, 2019

(6) UN Women/PNUD, 2020
(7) Kevin Daly, 2007, Gender Inequality, Growth and Global Ageing (L'inégalité des sexes, la croissance et le vieillissement de la population mondiale), Global Economics Paper 154, Goldman Sachs

(8) McKinsey Global Institute report, 2015

(9) Chronique ONU, par Venge Nyirongo

(10) ONU Femmes, 2020

(11) UNDP et ONU Femmes, COVID-19 Global Gender Response Tracker, 2020

(12) UNDP, UN Women - COVID-19 Global Gender Response Tracker

(13) WEP, 2020