Aux Matinales du FERAM, Yannick Blanc, Président de Futuribles : « Quel impact durable aura la crise du COVID 19 sur nos sociétés ? »

FERAM - Forum d'échanges et de rencontres administratifs mondiaux - 15/06/2020 14:10:00

Yannick Blanc est l'invité des Matinales du FERAM


En introduction, Yannick Blanc rappelle ce qu'est la prospective et ce qu'elle n'est pas. Tout d'abord, la prospective indique Yannick Blanc, n'est ni de la prophétie, ni de la prévision, ni de la planification stratégique. Elle ne prévoit pas l'avenir. C'est une attitude qui consiste à mobiliser de manière interdisciplinaire toutes les données de l'histoire et du présent, afin de mieux discerner et de distinguer les phénomènes qui sont déterminés et irréversibles de ceux où l'incertitude domine. Tout ne dépend pas de la délibération collective et de la volonté des décideurs. Il y a des zones où rien n'est joué. lI s'agit de discerner et d'analyser les futurs possibles. A noter qu'il n'y a pas en France de représentation académique, à l'exception de la chaire de prospective du CNAM et à Sciences Po. « C'est une attitude », rappelait son fondateur, Gaston Berger. L'exercice de scénarios consiste à organiser cette attitude de manière lisible

Les Phénomènes de transformation se poursuivent. Il s'agit de mieux comprendre ce qui est en train de se passer. La prospective se trouve dans une situation paradoxale dans le contexte actuel. Le rôle du prospectiviste est d'exhorter notamment le décideur dans le monde des entreprises à élargir son horizon et à considérer les enjeux de long terme. Il faut considérer les tendances lourdes et les phénomènes émergents pour sortir les décisions des contraintes de la dictature du court terme. Il faut mobiliser les connaissances que nous avons des phénomènes de longue durée et combiner ces phénomènes avec des ruptures, des événements et des impacts qui se produisent au jour le jour.
Le scénario post-COVID est à 18 mois, il faut faire face aujourd'hui à la demande des membres de Futuribles sur les scénarios possibles dans cette période de rupture. Dans le prochain numéro de Futuribles, Yannick Blanc a écrit un article intitulé « Il n'y a plus d'après ». Selon les prospectivistes, la crise n'est pas une parenthèse. Nous sommes dans une période de rupture, et des transformations essentielles et irréversibles sont en cours. Les micro-décisions que nous prenons au jour le jour dans la situation de crise, façonnent l'avenir de façon durable. Par exemple, le télétravail est devenu une réalité quotidienne pour des millions de gens, chacun étant passé d'une pratique homéopathique à une pratique systématique. Nous nous sommes adaptés et chacun a apprivoisé cette pratique du télétravail en combinant la relation entre vie privée, vie professionnelle, vie familiale, vie des enfants etc.

Les scénarios, leur mode de construction et les points de vigilance prospectifs

La situation est très évolutive et par rapport aux mois derniers, il y a déjà des évolutions.
Les scénarios sont construits en regroupant les données dont nous disposons, en distinguant dans ce paquet de données les variables-clés et en appliquant ces variables à des soussystèmes. Les sous-systèmes sont un découpage de la réalité du monde, en l'occurrence pour le sujet qui nous intéresse, selon le schéma suivant : -1- la situation sanitaire, -2- les mesures prises pour gérer la crise, -3- les conséquences économiques, sociales et financières de cette crise.
C'est sur la base de ce découpage que, précise Yannick blanc, les prospectivistes ont travaillé au début de la crise. Il faut distinguer deux niveaux de scénarios : des micros scénarios et macros scénarios. Dans chacun des trois sous-systèmes ci-dessus, il y a des micros scénarios.

Les scénarios, leur mode de construction et les points de vigilance prospectifs

La situation est très évolutive et par rapport aux mois derniers, il y a déjà des évolutions.
Les scénarios sont construits en regroupant les données dont nous disposons, en distinguant dans ce paquet de données les variables-clés et en appliquant ces variables à des soussystèmes. Les sous-systèmes sont un découpage de la réalité du monde, en l'occurrence pour le sujet qui nous intéresse, selon le schéma suivant : -1- la situation sanitaire, -2- les mesures prises pour gérer la crise, -3- les conséquences économiques, sociales et financières de cette crise.
C'est sur la base de ce découpage que, précise Yannick blanc, les prospectivistes ont travaillé au début de la crise. Il faut distinguer deux niveaux de scénarios : des micros scénarios et macros scénarios. Dans chacun des trois sous-systèmes ci-dessus, il y a des micros scénarios.

Par exemple, dans le sous-système « situation sanitaire », il faut distinguer :
La catastrophe sanitaire et l'incapacité à y faire face.
Les pays forteresses, avec la fragmentation des réponses sanitaires par pays, avec la fermeture des frontières.
La maitrise effective de la pandémie en fin 2020.
***
On peut dès lors distinguer quatre macros-scénarios :
1er scénario : « sur le fil du rasoir » qui se caractérise par :
- Une épidémie ralentie,
- Une reprise économique hésitante,
- Un contexte social fragile.
Ce scénario est hautement probable et prend, semble-t-il, le dessus aujourd'hui... Il est fondé sur une hypothèse d'un recul du PIB mondial de 10 à 12 points.

2ème scénario : « la grande dépression »
- Pas de traitement efficace du virus avant 2021,
- Pas de reprise de la consommation après la période de confinement,
- Un chômage de l'ordre de 15 à 18 %,
- Des pénuries de main-d'oeuvre,
- Une crise financière.

3ème scénario : « vers un âge obscur » (un scénario noir avec un PIB de -15 points)
- Poursuite de la pandémie,
- Pas de constitution d'immunité de groupe,
- Pas de coopération internationale,
- Un chômage très élevé,
- Une déstructuration du tissu économique avec une montée des activités informelles,
- L'obligation pour les pouvoirs publics d'organiser le rationnement des ressources.


4ème scénario : « Great new deal »
- Epidémie maitrisée en fin 2020 (avec généralisation des tests et du tracking)
- Le PIB recule de 8 % et le chômage est limité à 11%,
- Un contexte d'union nationale avec une solidarité européenne et une réelle coopération internationale,
- Un mouvement de reconstruction et de transition fondé sur des investissements privés et publics massifs dans la transition écologique.

Sur la base des données dont nous disposons, on peut donc distinguer deux scénarios noirs (les scénarios 2 et 3) et un scénario positif (le dernier). Ce qui est intéressant est de parcourir les scénarios et de les faire siens. Mais ces scénarios sont presque dépassés, car de grands changements sont déjà en cours...


Quatre points de vigilance sont à retenir :
1- Les enjeux bio-politiques
2- L'inégalité des risques et des impacts sanitaires
3- Les impacts économiques
4- La question des États et de la communauté internationale



Premier point de vigilance : l'exigence bio-politiquei
L'arbitrage qu'ont dû rendre l'ensemble des pouvoirs politiques entre protéger la vie ou protéger l'économie, est devenu le coeur des débats. Le débat fut ouvert aux États-Unis où il y a eu des affrontements politiques. Ce qui est intéressant, c'est que le gouvernement britannique par exemple qui avait fait le choix d'une immunité de groupe et d'assumer un nombre de morts très élevé (jusqu'à 250 000), a dû faire machine arrière, sauf à perdre sa légitimité. Aucun pouvoir politique ni État ne peut faire une croix sur la question de la vie, sans se désagréger ni perdre les fondements de sa légitimité politique. On note d'ailleurs que face à cette pandémie, tous les régimes autoritaires ont adopté, au moins dans un premier temps, et parfois durablement comme au Brésil, une attitude de déni face à la pandémie. Sont aujourd'hui au centre du débat, la question de l'action publique en matière d'efficacité sanitaire, l'accès aux soins, la résilience des systèmes hospitaliers. Dans l'exemple français, les fondements sur lesquels a été construit depuis une quinzaine d'années, la politique hospitalière en matière sanitaire, seront totalement revisités. Il y a une congruence entre la consistance démocratique d'un régime et son attention à la protection de la vie. Ce phénomène-là aura des conséquences durables.


La politique de prévention sanitaire est un élément pauvre des politiques publiques. Les bases de calcul des politiques publiques en matière hospitalière vont être remises fondamentalement en cause, à savoir la question de l'accès aux soins, de leur efficacité, la question des inégalités sanitaires, la politique de santé. La politique de santé est-elle considérée comme un coût ou un investissement ? Comment dans ce contexte nouveau la société française et les sociétés en général vont-elles reconstruire le consensus en matière de politique sanitaire ?



La politique de prévention sanitaire en France est le parent pauvre des budgets de la santé.
Or il y a des liens étroits entre la prévention de santé et la prepared ness, qui signifie « être prêt à faire face à une catastrophe, à une épidémie ». L'affaire des masques en France a mis en évidence ce lien et donc cette question de la gestion de la crise revient au centre du jeu.

Les États-Unis sont le pays le plus déstabilisé par la crise sanitaire. La gestion de la crise par le pouvoir fédéral et les pouvoirs locaux, l'affaire George Floyd, montrent la fragilité de cet État. Certaines données donnent à réfléchir : 18 % du PIB sont affecté aux dépenses de santé ; la prévalence de l'obésité est de 50 % ; le diabète atteint 30 % de la population ; les maladies cardio-vasculaires touchent 50% de la population. L'espérance de vie aux EU est inférieure à celle de tous les autres pays de l'OCDE ! Ces données qu'on ne cite jamais, doivent nous conduire à changer notre regard sur ce qui fait l'ancrage fondamental d'un pouvoir sur la population. Il s'agit là d'un reversement de ce qu'on a appelé bio-politique, c'est-à-dire la capacité d'un État à étendre son pouvoir sur la population et les individus comme êtres vivants. La légitimité de l'ancrage d'un pouvoir politique est en jeu.
Sur les scénarios sanitaires, nous ne sommes ni dans un scénario épidémique catastrophique, (1 million de morts au final au niveau mondial ?), ni dans une maîtrise absolue de la maladie. Il reste encore beaucoup d'incertitudes et sous réserve de la précision des données statistiques dont nous ne disposons pas aujourd'hui avec certitude, ni dans un scénario où l'épidémie évoluera à moyen terme durant un an à 18 mois, ce phénomène de la pandémie n'avait pas été prévu. Beaucoup d'incertitudes qui n'étaient pas repérées...
Un article dans le New York Times révèle dans un questionnaire, avec 511 réponses, que le consensus qui se dégage est l'absence totale de certitude sur l'intensité, la teneur et le risque lié à cette maladie.
2ème point de vigilance : l'inquiétude pour les pays en développement.

Les pays émergents (africains etc.) auraient dû être, de l'avis général, très impactés, du fait de certains facteurs. Mais c'est l'inverse qui s'est produit. Ce phénomène doit être regardé avec beaucoup de précaution. Notre niveau sanitaire ne nous a pas prémunis contre cette maladie, bien que le risque dans les scénarios étaient connus. Le contraste entre une Afrique ayant réussi à contenir la maladie et les États-Unis qui sont aussi impactés, nous pose un problème majeur. La crise du COVID 19 a bouleversé la hiérarchie des fonctions vitales de la société. La logistique, les transports, les déchets, la chaîne alimentaire, comment allons-nous continuer à fonctionner sans eux ? La question des fonctions vitales dans nos sociétés se pose désormais de manière aiguë.


L'autre réflexion qui se pose, est la façon dont les individus organisent leurs liens entre eux. L'expérience du télétravail a conduit à se poser la question de la hiérarchie des valeurs, des règles et des liens du travail. Il y a eu une mise à nu de la teneur des liens que nous avons entre nous, dans nos comportements et nos habitudes. Par exemple les notions de distanciel et de présentiel, qui sont deux mots devenus fondamentaux avec la crise, nous ne l'employions jamais auparavant. Nous sommes à présent amenés à reconsidérer les liens que nous avons au travail.



Quant aux usages de la vie quotidienne : il y aura une plus grande attention sur la qualité des liens que nous avons entre les personnes. Même si les gestes habituels et banals vont disparaître durablement, comme se serrer la main, ce bouleversement va nous conduire à renforcer l'attention que nous portons aux uns et aux autres, et en particulier aux aînés dans les EHPADs etc.

Les scénarios en fait n'étaient pas assez systémiques. La partie sanitaire était développée, mais on n'avait pas imaginé les conséquences économiques d'une telle pandémie. Celle-ci a très profondément bouleversé les filières économiques, voire les a fait disparaître ou transformées en profondeur. La filière tourisme, transport, aéronautique est déstabilisée définitivement avec un écosystème d'une très grande complexité et une capacité de résilience très faible (pas de trésorerie...). L'activité liée au tourisme combine de très grands opérateurs (compagnies aériennes) et des millions de très petites micros entreprises et unités économiques qui irriguent très profondément les sociétés. A cause de cette épidémie et de la complexité de ce secteur économique, on assiste à une déstabilisation définitive de ce secteur. Le transport aérien et les industries aéronautiques, les bassins portuaires et aériens sont un champ économique. Le tourisme d'affaire est pratiquement arrêté. Leur modèle économique fondé sur des flux etc., doit être revu de fond en comble. Toutes les stratégies territoriales doivent être reconsidérées.

3ème point de vigilance : le pic pétrolier

Il est probable que nous avons atteint et dépassé le pic pétrolier. La consommation des produits pétroliers et la place du pétrole dans l'économie est définitivement atteinte. La situation des années passées n'est plus d'actualité. L'effondrement des prix du pétrole rend impossible par exemple l'exploitation du gaz de schiste. A 30 dollars le baril et un prix de revient à 40, il est impossible de poursuivre une telle activité sur ce schéma. La filière parait durablement impactée. Le paradoxe, est que la situation conduit à l'épuisement des ressources pétrolières et la déstabilisation du système se traduit par un effondrement des prix du pétrole et par la chute de la demande du fait de la crise. Aussi assiste-t-on à un effondrement de ce secteur d'activité.



4ème point de vigilance : la situation des Etats et de la communauté internationale

Les Etats sortent très affaiblis de cette crise, mais sont plus que jamais nécessaires. L'impréparation, l'improvisation de la gestion de la crise montrent l'incapacité des États à répondre à la question posée. Les grands États du Nord n'ont pas été à la hauteur des attentes de la population, même s'ils ont assumé les missions. Et même si la situation n'est pas si mauvaise, la population n'a pas jugé les gouvernants capables de gérer la crise.

En France, l'impact majeur de la crise est la verticalité du pouvoir. Le décrochage, ancien déjà, entre le pouvoir et l'opérationnalité s'est exacerbé. La verticalité opérationnelle sous la direction de l'exécutif parait démontrer qu'elle est inopérante et inefficace au plan opérationnel. Le Général De Gaulle disait que la France avait deux constitutions : une constitution politique et une constitution administrative. Alors que c'était une force avec des préfets adossés à un pouvoir central, cette constitution administrative a démontré des faiblesses. Or, les États, en même temps, s'avèrent plus que jamais nécessaires. En effet, pour faire face à la crise sanitaire et organiser la résilience, nous avons besoin de puissance publique, d'actions et de politiques budgétaires qui vont prendre le relais. Les banques centrales ont joué leur rôle par exemple. Cette tension doit être regardée avec beaucoup d'attention.


Les institutions internationales sont inexistantes dans cette crise. Le grand paradoxe est que, alors que la pandémie est par excellence un sujet mondial de la planète qui appelle une réponse internationale et transnationale, la communauté internationale n'a pas joué vraiment son rôle. On assiste à des phénomènes tels que l'effondrement du leadership américain, la montée en puissance du régime chinois, l'effondrement d'autres grands États, l'ambiguïté du comportement de certains grands pays dans la crise. L'OMS, même si elle a pu en matière de coopération se mobiliser, les politiques concurrentielles des grandes industries pharmaceutiques n'ont pas moins été très vives et ont dominé le paysage. La coopération entre les pays n'a pas vraiment joué. Il faut s'attendre à des années de confrontation de l'Humanité à des problèmes terrestres, des problèmes d'énergie, d'écologie et de graves difficultés. Les facteurs de puissance vont changer. La capacité d'action des États, des pouvoirs publics, des territoires va prendre une place de plus en plus grande.




Dialogue avec les participants

- Concernant le télétravail, l'un des participants fait observer que l'on n'a pas encore assez mesuré l'impact sur les relations entre les employeurs et les syndicats. Il en va de même pour la décentralisation des processus de production. Par ailleurs, on constate que là où les médecins généralistes ont pu traiter les malades, au plus près du réel et chez eux, l'impact de l'épidémie a été plus faible et les hôpitaux n'ont pas été débordés. Ce phénomène a été observé lorsqu'on compare les situations entre les différents Etats européens, notamment la France, la Belgique et l'Allemagne, à l'interstice des trois États en Belgique.


- A la question selon laquelle les entreprises seraient plus attentives aux citoyens que les États, il semble bien que le système politico-administratif soit en effet moins performant que le système en place dans le secteur privé.
- A propos de la Suède dont le nombre de morts est important, n'y a-t-il pas eu durant la crise un choix initial entre la jeunesse au détriment de la vieillesse ? Selon Yannick blanc, il y a effectivement eu controverse sur le choix qui a été fait dans ce pays. Ce qui apparait néanmoins au final, c'est que lorsqu'on fera le bilan entre les différents pays, ce type de choix n'aurait pu être pris dans notre société. - Sur l'avenir des régimes démocratiques, doit-on craindre une fragilisation ? Nous sommes, selon Yannick Blanc, confrontés à un besoin de délibération collectif et à une diversité des modes de représentation (le groupe sur le climat est intéressant à cet égard). Les institutions démocratiques sont contraintes de se transformer. Le populisme vise à simplifier l'exercice du pouvoir et donc à promouvoir un autocrate tout puissant. Or un système autoritaire ne peut rien contre une épidémie ! Cela redonne de la légitimité aux fondements des pouvoirs démocratiques. Le site « Carrefour des innovations sociales » s'est intéressé aux pouvoirs locaux dans la crise. Nous voyons que ceux-ci ont eu un rôle très innovant et très important. Pour Yannick Blanc, les questions de la santé reviennent au centre du débat politique. Pour qu'une politique sanitaire soit efficace, elle doit être traitée comme un investissement sur le long terme, eu égard aux économies réalisées et aux bénéfices individuels induits.
- Concernant les relations entre les ARS et les préfets, on a observé une coopération efficace, malgré les difficultés liées à la situation sanitaire, notamment dans les régions, tel le Grand Est, les plus impactées par le COVID-19.
- Au plan international, si l'on a constaté l'incapacité des États à s'organiser pour faire face à la crise, cela est lié en particulier aux politiques menées par les deux grands États, Chine et Etats-Unis. Demeure cependant une inconnue sur la politique à venir des Etats-Unis en matière de gestion de la santé. Cette question est essentielle et déterminante par rapport aux institutions internationales.
- On observe, selon un participant, que les États se réfèrent de plus en plus aux comités scientifiques et aux experts en matière sanitaire dont le rôle est devenu majeur. Pour Yannick Blanc, toute notre histoire de la démocratie a été conduite par des experts, en matière nucléaire par exemple ce sont les ingénieurs. C'est une réalité de notre fonctionnement. Par ailleurs, l'influence des sciences liées à la médecine n'était pas très grande en France jusqu'à ces dernières années. Avec la pandémie, leur rôle est apparu plus important. Mais, les dernières évolutions sur la maladie et sa connaissance par les experts médicaux montrent finalement que du fait des antagonismes ou désaccords sur les résultats qui sont survenus (cf. le débat autour du professeur Raoult), les scientifiques ont joué un rôle relatif.
- Enfin, sur l'avenir de l'Europe qui a été assez décevante dans cette crise et dont les divisions apparaissent au grand jour, on peut néanmoins faire le pari, comme le disait Jean Monnet, que l'Europe peut, une fois de plus, sortir grandie et victorieuse à la faveur de cette crise sanitaire.

Biographie de Yannick Blanc

Yannick Blanc est tout à la fois économiste, chercheur, philosophe, haut fonctionnaire et prospectiviste. Après être passé par l'Ecole Normale supérieure de Saint-Cloud (1979), il obtient une maîtrise de philosophie et un DEA de sciences économiques. Il travaille ensuite dix ans en tant que chercheur au Ministère de l'Environnement. Puis, à sa sortie de l'ENA Promotion Condorcet 1992- , Yannick Blanc choisit le Ministère de l'Intérieur où il concevra à la Préfecture de Police de Paris, en tant que directeur de la police générale, la mise en place d'une police de proximité. Après avoir été préfet du Vaucluse en 2012 et du Val d'Oise en 2015, il succède en 2016 à François Chérèque à la présidence de l'Agence du Service Civique où sous son impulsion, l'Agence accueillera 123 000 volontaires sur le thème de l'accueil. Il devient président de Futuribles international en 2019, après avoir présidé la FONDA de 2012 à 2018 qui joue un grand rôle dans le domaine du monde associatif. Yannick Blanc est un responsable qui voit large, engagé à agir et à anticiper les transformations de la société de demain en évolution permanente. Le COVID 20, l'événement majeur de 2020, nous interpelle, et pas seulement sur le plan sanitaire avec la pandémie. FERAM a demandé à Yannick Blanc d'intervenir sur la question des impacts durables du COVID 19 sur la société. Futuribles International a déjà publié deux études sur l'impact du COVID 19 : l'une sur l'Afrique de l'Ouest et l'autre sur le télétravail.

Référence :
https://www.futuribles.com/fr/document/deux-visions-pour-une-afrique-de-louest-post-covid/
https://www.futuribles.com/fr/document/travail-et-teletravail-apres-la-pandemie-de-covid-/
Contact Xavier Givelet Secrétaire général, xavier.givelet@feram.org