L'Afrique australe en proie à une urgence climatique : 45 millions de personnes souffrent de la faim dans la région

PAM - Programme Alimentaire Mondial - 06/03/2020 14:30:00


JOHANNESBURG / LONDRES - Un nombre record de 45 millions de personnes dans les 16 pays de la Communauté de développement d'Afrique australe, pour la plupart des femmes et des enfants, sont en proie à une grave insécurité alimentaire. Cela fait suite à des périodes de sécheresses répétées et à d'importantes inondations qui viennent s'ajouter à l'instabilité économique. Ainsi, face à l'aggravation des crises, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies insiste sur l'importance d'agir rapidement, afin de sauver des vies et de permettre aux communautés de s'adapter au changement climatique.
"Nous n'avions jamais connu de crise alimentaire de cette ampleur auparavant. Et nous savons que la situation va s'aggraver a déclaré Lola Castro, Directrice régionale du PAM pour l'Afrique australe. "La saison des cyclones a commencé et nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de laisser se répéter les ravages causés par les tempêtes de l'an dernier"


"Bien que notre priorité la plus urgente soit les millions de personnes qui ont besoin d'un soutien immédiat, il est absolument essentiel de renforcer la résilience des nombreuses personnes qui sont davantage menacées par des sécheresses et des tempêtes de plus en plus fréquentes et destructrices", a également ajouté Mme Castro.

La période de soudure (période de transition avant la prochaine récolte durant laquelle les stocks des récoltes précédentes touchent à leur fin) s'intensifie avant la récolte céréalière annuelle d'avril/mai. La communauté internationale doit donc accélérer à la fois l'aide d'urgence aux millions de personnes souffrant désespérément de la faim en Afrique australe et les investissements à long terme pour permettre aux personnes vulnérables de la région de résister aux effets de plus en plus graves du changement climatique.

L'Afrique australe, avec des températures qui augmentent deux fois plus que la moyenne mondiale et la plupart de ses aliments produits par des agriculteurs de subsistance entièrement dépendants de pluies de plus en plus imprévisibles, n'a eu qu'une seule saison de croissance normale au cours des cinq dernières années. Dans de nombreuses zones, les pluies de cette saison sont arrivées, une fois de plus, avec du retard et les experts prévoient un climat chaud et sec continu dans les mois à venir. Cela laisse présager d'une autre mauvaise récolte.

Au cours de cette période de soudure, le PAM prévoit de fournir une aide à 8,3 millions de personnes faisant face à des niveaux de faim "de crise» ou "d'urgence" dans huit des pays les plus durement touchés : Zimbabwe, Zambie, Mozambique, Madagascar, Namibie, Lesotho, Eswatini et Malawi.

A ce jour, le PAM n'a obtenu que 205 millions de dollars sur les 489 millions de dollars nécessaires pour cette assistance. Il a ainsi dû recourir massivement à des emprunts internes pour garantir la distribution de vivres auprès de ceux qui en ont besoin.

Le Zimbabwe est en proie à la pire crise alimentaire de la décennie, avec 7,7 millions de personnes, soit la moitié de la population, en situation d'insécurité alimentaire grave. Il en va de même pour 20% de la population de la Zambie, pourtant un grenier à blé régional de longue date, qui doit maintenant restreindre ses exportations de céréales et accepter une aide extérieure. Par ailleurs, 20% de la population du Lesotho, un pays frappé par la sécheresse, souffre également de la faim aujourd'hui, tout comme 10% des Namibiens.

Dans un contexte de taux élevés de malnutrition, de croissance démographique, d'inégalités et de propagation du VIH/SIDA, la crise de la faim est aggravée par la flambée des prix des denrées alimentaires, les pertes de bétail en masse et la montée du chômage. Dans toute la région, les familles mangent moins, sautent des repas, retirent les enfants de l'école, vendent des biens précieux et s'endettent.

"Si nous ne recevons pas les fonds nécessaires, nous serons dans l'obligation de diminuer notre aide alimentaire auprès des plus démunis", a déclaré Mme. Castro. "Nous n'aurons pas non plus la possibilité de développer de manière adéquate nos activités à plus long terme;des activités qui sont pourtant essentielles pour pouvoir lutter efficacement contre l'urgence que constitue le changement climatique.

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies est la plus grande organisation humanitaire au monde. Il sauve des vies dans les situations d'urgence, oeuvre pour la prospérité et soutient un avenir durable pour les personnes victimes des conflits, des catastrophes naturelles et de l'impact des changements climatiques.

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