Raymond Depardon, photographe militaire (1962-1963): Histoire d'une redécouverte et d'un talent d'exception

Musée National de la Marine - 05/07/2019 18:52:17


Célèbre pour son oeuvre photographique et ses réalisations cinématographiques, Raymond Depardon est un témoin sensible et engagé des époques qu'il traverse, des territoires qu'il arpente et des habitants qu'il rencontre.

Pour la première fois, le musée national de la Marine, le musée du Service de santé des armées, l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD) et la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA), présentent, en étroite collaboration avec l'artiste, une sélection de 100 photographies prises pendant son service militaire entre juillet 1962 et août 1963.

Raymond Depardon est alors affecté comme photographe à la rédaction du magazine des armées Terre Air Mer (TAM), le « Paris-Match militaire ». Il y réalise plus de 2 000 photographies, conservées et intégralement numérisées à l'ECPAD (agence d'images de la Défense).

Ce corpus de jeunesse, jamais présenté, met en lumière une autre facette de la carrière de Raymond Depardon et illustre la genèse d'un regard dont la richesse du parcours est aujourd'hui mondialement saluée. Entre grandes manoeuvres militaires et sujets sociétaux, le photographe en service commandé s'exprime déjà avec une grande liberté et dresse le portrait d'un pays en mutation. Au diapason d'une génération en uniforme, Raymond Depardon délivre un inventaire de la France des années 1960, déjà empreint d'une douce distance et d'une conscience du territoire qui constitueront, des années plus tard, la signature d'un grand regard.

RAYMOND DEPARDON LE SITE


Célèbre pour son oeuvre photographique, ses réalisations cinématographiques et ses nombreux ouvrages dans lesquels il tisse un dialogue réflexif entre texte et image, Raymond Depardon est un auteur total, sans frontières ni limites, un témoin sensible et engagé des époques qu'il traverse, des territoires qu'il arpente et des habitants qu'il rencontre.

Riche d'un parcours débuté enfant au sein de la ferme familiale à Villefranche-sur-Saône, Raymond
Depardon s'est souvent raconté, notamment dans son autobiographie, La ferme du Garet (1995). Pourtant, une zone floue demeure: quels souvenirs précis conserve-t-il de son service militaire? À vingt ans, Raymond Depardon, pigiste pour l'agence Dalmas, s'est déjà illustré professionnellement et publie régulièrement dans les grands quotidiens et magazines d'informations nationales: France-Soir, Paris Match, etc. Au cours d'un reportage en Algérie, en 1960, il rencontre des photographes militaires du journal Bled, qui lui donnent l'idée de faire son service au sein de la revue des armées. Affecté à la rédaction parisienne de TAM (Terre Air Mer magazine) au grade de brigadier en juillet 1962, Raymond Depardon découvre une atmosphère de travail très libre rassemblant des officiers et des conscrits issus du monde des arts et du journalisme.

Au fil des images de Raymond Depardon et dans le défilement des articles de la revue, se dessinent décors et histoires, petites et grandes. Celle de l'aventure d'un Paris Match militaire, TAM magazine, titre phare né dans la tempête de la guerre d'Algérie pour mieux lui tourner le dos et envisager un avenir à construire, dans lequel l'armée doit se réinventer.

Des archives de la revue surgissent des noms d'anciens appelés aujourd'hui célèbres: Philippe Labro, Jacques Séguéla, Francis Véber, parmi toute une nombreuse équipe de photographes et de journalistes aux quatre cents coups sous l'uniforme qui, dans l'énergie de leurs vingt ans, contribuent à cette transformation médiatique de l'instrument guerrier vers une armée de métier. Pour le compte de TAM, entre les mois de juillet 1962 et d'août 1963, Raymond Depardon entreprend un véritable tour de France militaire aux côtés des différentes unités et photographie du sol, du ciel et de la mer, réalisant ainsi un panorama du territoire métropolitain, pour des entraînements ou des événements sportifs, pour des sujets de sociétés ou institutionnels.
Il expérimente sans cesse à l'aide du Rolleiflex grand angle dont la revue le dote, saisit sur la pellicule une armée française engagée dans le bond technologique des « Trente Glorieuses » et fixe le portrait d'une génération: « Apprenez à diriger infailliblement votre oeil vers la photo à faire, comme un chasseur à la recherche de sa proie; apprenez à faire de l'objectif de votre appareil le prolongement instantané de votre oeil exercé, en un mot, apprenez à photographier comme vous Respirez ». Depuis leur parution dans le magazine, les images de Raymond Depardon n'ont plus jamais été vues: une production singulière d'un reporter parmi d'autres, goutte d'eau dans l'océan de la centaine de milliers d'images qui illustrent la revue TAM.

Pour Raymond Depardon, ces photographies aux armées étaient lointaines, un souvenir presque enfoui d'une époque où il ne se considérait pas encore auteur, trois ans à peine avant la création de l'agence Gamma (1966) qui inaugure la naissance d'un acte photographique indépendant. Ce corpus de jeunesse, uniquement constitué de négatifs et de planches contacts, est conservé
au sein des archives de TAM, à l'Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD), l'héritier des sections cinématographiques et photographiques de l'armée créés en 1915, installé au fort d'Ivry-surSeine depuis 1946. Le travail effectué sur ce fonds et la numérisation de l'intégralité des photographies en 2014 a mis au jour une facette inédite du parcours de Raymond Depardon: entre grandes manoeuvres militaires et sujets sociétaux, le photographe, pourtant en service commandé, éprouve déjà son art Avec une grande liberté. Au diapason d'une génération en uniforme, Raymond Depardon délivre un inventaire sensible de la France des années 60, déjà empreint d'une douce distance et d'une conscience du territoire qui constitueront, des années plus tard, la signature d'un grand regard.

Cristina Baron
Lucie Moriceau-Chastagner
Commissaires scientifiques de l'exposition

LE TEASER DE L'EXPO LA VIDEO DE PRESENTATION


LES INFORMATIONS PRATIQUES
Informations pratiques :
Musée national de la Marine
Place Monsenergue, Quai de Norfolk, 83000 TOULON
S'y rendre : Gare de Toulon (15 min. à pieds) / Bus 7, 23 et 40 (Préfecture maritime)

OUVERTURE
Septembre - juin : tous les jours sauf le mardi de 10h à 18h
Juillet - août : tous les jours de 10h à 18h
Fermé le 14 juillet, le 25 décembre

TARIFS
Plein tarif 6,50 euros / Tarif réduit 5,50 euros
Le ticket d'entrée donne accès aux collections permanentes et aux expositions temporaires.
www.musee-marine.fr

Raymond DEPARDON Portrait

Le photographe et cinéaste français Raymond Depardon naît le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône (Rhône) dans une famille de cultivateurs. Enfant solitaire, il se découvre une passion pour la photographie et prend ses premiers clichés dans la ferme familiale. En 1958, à l'âge de 16 ans, il « monte » à Paris où il devient l'assistant du photographe Louis Foucherand. Deux ans plus tard, en 1960, il est engagé par l'agence Dalmas en tant que photographe pigiste. Il est envoyé en Algérie pour couvrir l'opération SOS Sahara et décroche sa première grande publication dans Paris-Match.
Il devient, en cinq ans, le reporter principal de l'agence.
En mars 1962, il est incorporé pour ses classes pendant quatre mois au 37e régiment d'infanterie à Sarrebourg (Moselle), puis il est expédié à Paris pour travailler comme photographe des armées à la rédaction du journal Bled 5/5 (qui deviendra TAM). Un an après, en août 1963, il est libéré de ses obligations militaires. Il retourne à l'agence Dalmas où il devient photographe salarié.

LE CATALOGUE Le catalogue de l'exposition Raymond Depardon, photographe militaire, 1962-1963

Ce livre témoigne de la naissance d'un regard, celui du jeune photographe Raymond Depardon, à l'époque où, faisant son service militaire, il collabore à la revue TAM, Terre Air Mer. Ses images conservées à l'ECPAD et largement inédites, portent déjà l'empreinte de son talent et donnent à voir l'oeil de Raymond « avant Depardon » : humour, impertinence, sens du cadrage...
Conçu autour de différents axes historiques, culturels et sociaux, l'ouvrage sera publié dans le cadre de deux expositions, présentées à Toulon puis à Paris et se veut une référence sur le début de carrière de Raymond Depardon. La préface est signée de Pascal Ory. Raymond Depardon arrive en juillet 1962 au siège de la rédaction du magazine Bled 5/5 à Paris. Il participe alors à un chapitre historique de l'aventure éditoriale du ministère des armées qui souhaite radicalement transformer sa communication au lendemain de la guerre d'Algérie pour renouer avec la société civile. C'est la naissance de TAM en août 1962 qui voit l'éclosion de talents au travers de grandes figures du journalisme et du photoreportage qui ont collaboré à la revue pendant leur service militaire : Jacques Séguéla, Just Jackin, Yves Nouchi, Francis Veber... Devant l'objectif de Raymond Depardon, la France des années 60 se révèle dans le contexte socio-économique de la transformation politique et culturelle de la société française et les débuts de la société de consommation (salon des arts ménagers, reportage aux Galeries Lafayette et salon agricole). Raymond Depardon saisit les différents visages d'une France oscillant entre la permanence de ses ambiances d'avant-guerre et le bouillonnement d'une jeunesse aspirant à la liberté et à la modernité.

L' INAUGURATION DE L'EXPOSITION EN VIDEO

Raymond Depardon, photographe militaire, 1962-1963
Sous la direction des commissaires : Cristina Baron et Lucie Moriceau-Chastagner
Préface : Pascal Ory
Contributeurs : Raymond Depardon, Bénédicte Chéron, Françoise Denoyelle, Mathieu Flonneau, Vincent Guigueno, Jérôme de Lespinois
Coédition : Gallimard - ministère des Armées/Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA), en partenariat avec l'ECPAD
Format : 245 x 310 mm - 208 pages - 210 photographies
Parution : 16 mai 2019