La féminisation des noms de métiers et de fonctions

Académie Française - 06/03/2019 13:15:00


I - Le contexte

La féminisation des noms de métiers, de fonctions et des titres soulève diverses questions en raison du décalage que l'on observe entre les réalités sociales et leur traduction dans le langage, et les tentatives visant à la réduction de cet écart.

En ce début de XXIe siècle, tous les pays du monde, et en particulier la France et les autres pays entièrement ou en partie de langue française, connaissent une évolution rapide et générale de la place qu'occupent les femmes dans la société, de la carrière professionnelle qui s'ouvre à elles, des métiers et des fonctions auxquels elles accèdent sans que l'appellation correspondant à leur activité et à leur rôle réponde pleinement à cette situation nouvelle. Il en résulte une attente de la part d'un nombre croissant de femmes, qui souhaitent voir nommer au féminin la profession ou la charge qu'elles exercent, et qui aspirent à voir combler ce qu'elles ressentent comme une lacune de la langue.

Notre pays traverse à cet égard depuis une dizaine d'années une période de transition, marquée par une évolution sociale qui se déroule sous nos yeux et par de multiples tentatives de modification des usages qui restent hésitantes et incertaines, sans qu'une tendance générale se dégage et que des règles, même implicites, parviennent à s'imposer.
La situation d'ensemble est difficile à saisir.
Tout d'abord, il n'existe pas de relevé probant des usages. Les documents mis à la disposition de l'Académie grâce au concours de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (D.G.L.F.L.F.) font apparaître l'étroitesse du corpus disponible1 et l'immensité de la recherche qu'il faudrait entreprendre pour disposer d'une recension exhaustive des usages, en pleine mutation. Ces mêmes données font d'autre part apparaître la multiplicité des formes possibles de féminisation et le grand flottement que l'on constate entre les usages existants : maintien de la forme au masculin avec l'article masculin, ajout de l'article féminin à un substantif masculin, concurrence entre les diverses formes féminisées et, par ailleurs, variation des accords de genre entre le substantif féminisé ou non et les verbes, pronoms, adjectifs le concernant dans la suite de la phrase.

Il faut ajouter qu'aucune réponse explicite n'est apportée aux questions qui précèdent dans les dictionnaires d'usage et les répertoires spécialisés. Cela est également vrai du Dictionnaire de l'Académie française, qui n'a pas pour vocation de recenser la pluralité des usages en train de naître ou de se former,
mais de dire le « bon usage » dès lors qu'il est établi et consacré. Il est toutefois possible que, lorsque la neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie sera achevée et entièrement mise en ligne, des révisions puissent être apportées pour intégrer des évolutions confirmées.


II - La méthode

L'Académie française, à plusieurs occasions, a évoqué la question de la féminisation des noms de métiers et de fonctions en séance plénière. Elle a décidé de confier à une commission l'étude de l'évolution de l'usage et des problèmes qui réfèrent à ce sujet, et a chargé celle-ci de lui soumettre des propositions.

Animée par M. Gabriel de Broglie et composé de Mme Danièle Sallenave, sir Michael Edwards et Mme Dominique Bona, la commission s'est réunie neuf fois. Elle rend compte ci-après de ses travaux à l'Académie.

Les membres de la commission remercient M. Robert Martin, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et M. Olivier Soutet, membre correspondant de cette Académie, tous deux linguistes et lexicologues, spécialistes de la grammaire historique du français, pour le concours qu'ils ont accepté de leur prêter et l'éclairage qu'ils ont apporté sur un certain nombre de notions complexes.

Si, dans un premier temps, des femmes se sont accommodées des appellations masculines, c'est parce qu'elles avaient à coeur de marquer, dans la dénomination de leur métier, l'égalité de compétence et de mérite avec les
hommes qui avait permis ce qu'elles regardaient comme une conquête ; ce constat est de moins en moins vrai, les nouvelles générations donnant souvent la préférence aux appellations qui font droit à la différence.

La commission a estimé qu'elle devait s'abstenir de toute position dogmatique et adopter au contraire une attitude pragmatique en matière de féminisation des noms de métiers et de fonctions dans la langue française
d'aujourd'hui. Elle a d'autre part constaté que l'objet même de sa mission était de se pencher sur la féminisation des noms de personnes et excluait par conséquent toute velléité de remettre en cause les règles générales de fonctionnement de la langue française. Enfin, la commission a considéré que l'appréciation qui lui était demandée sur les appellations féminines des métiers et fonctions n'était pas conditionnée par des données chiffrées exhaustives des usages actuels en la matière, mais devait répondre aux besoins linguistiques et aux attentes résultant des évolutions récentes de la société.

En s'efforçant ainsi d'étudier quelles évolutions pratiques il serait souhaitable de recommander, mais aussi à quelles difficultés linguistiques la démarche peut se heurter, la commission s'est conformée aux méthodes
éprouvées à l'Académie, qui a toujours fondé ses recommandations sur le « bon usage » dont elle est la gardienne, ce qui implique, non pas d'avaliser tous les usages, ni de les retarder ou de les devancer, ni de chercher à les imposer, mais de dégager ceux qui attestent une formation correcte et sont durablement établis.


III- Les noms de métiers

Si la féminisation des noms de fonctions, de titres et de grades fait apparaître des contraintes internes à la langue française qu'il n'est pas possible d'ignorer, il n'existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms de métiers et de professions. Celle-ci relève d'une évolution naturelle de la langue, constamment observée depuis le Moyen Âge (on trouve par exemple au Moyen Âge « inventeure », « chirurgienne », « commandante » - ou, plus souvent, des substantifs féminisés par l'intermédiaire du suffixe « -esse », comme dans « venderesse », « mairesse », « chanteresse » ou « devineresse »). Ce phénomène s'est amplifié au XIXe siècle, avec l'avènement de l'âge industriel ; il s'est accéléré depuis le début du XXe siècle, où les progrès de l'instruction mais aussi les nécessités sociales liées au premier conflit mondial ont amené les femmes à exercer des activités jusqu'alors réservées aux hommes. Et la tendance à la féminisation s'est accentuée dans une proportion importante au cours de la dernière décennie, comme le révèle la consultation des bases de données auxquelles la commission a eu accès. Que l'usage n'ait
pas encore intégré ces évolutions révèle incontestablement un décalage entre la langue et les moeurs.

On se gardera d'oublier qu'un certain nombre de formes féminines ont été rapidement abandonnées par l'usage : ainsi le terme « peintresse », employé dès le XIIIe siècle au sens d'« épouse d'un peintre », et qui désigne du XVIe au XVIIIe siècle une femme qui s'adonne à la peinture (avec une éclipse au XVIIe siècle, où l'on disait plutôt : « la peintre »), n'est plus usité au XIXe siècle. Bien d'autres vocables connaissent une durée de vie encore plus courte (ainsi « chirurgienne », ou encore « autrice », employé lui aussi du XVIe
au XIXe siècle, où il est supplanté par « autoresse », dont l'emploi n'est pas parvenu à s'enraciner).

Il serait simplificateur de dire que les noms de métiers se sont toujours féminisés librement, en particulier au temps des corporations. Mais à partir de leur abrogation en 1791 par le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier, il en fut ainsi, comme l'attestent les différentes éditions du Dictionnaire de l'Académie française - la huitième édition (1932-1935) a donné entrée à un grand nombre de formes féminines ; dans la neuvième édition (en cours de publication) figurent par centaines des formes féminines correspondant à des noms de métiers. Ces mots sont entrés naturellement dans l'usage et l'Académie les a
enregistrés pourvu qu'ils soient bien formés et que leur emploi se soit imposé. Le nombre d'entrées comportant une forme féminine dans les dernières éditions du Dictionnaire atteste cette sûreté de l'usage, qui féminise aisément les métiers. Les métiers manuels, où les femmes étaient nombreuses au XIXe siècle parce que la promotion sociale par l'instruction publique leur était refusée, sont féminisés depuis très longtemps. De nos jours cette féminisation s'effectue d'elle-même, tant dans le secteur privé que dans le secteur public où l'usage l'a déjà consacrée dans la quasi-totalité des cas, même si quelques termes, pour lesquels la recherche de solutions doit être poursuivie, soulèvent une difficulté. Presque toutes les appellations professionnelles employées possèdent déjà un féminin reconnu par les dictionnaires.

Mais l'usage est une réalité complexe : certains points de résistance doivent être pris en compte. Les raisons qui, en certains cas, s'opposent à la féminisation ne peuvent être a priori considérées comme irrecevables. Les écueils sont souvent d'ordre pratique - des solutions peuvent alors être envisagées pour parvenir à une féminisation respectueuse des règles fondamentales de la langue -, mais parfois aussi d'ordre psychologique, et il convient de prendre toute la mesure des résistances à l'emploi de certaines formes particulières.

S'agissant des noms de métiers, l'Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd'hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées, pour peu
qu'elles ne contreviennent pas aux règles élémentaires et fondamentales de la langue, en particulier aux règles morphologiques qui président à la création des formes féminines dérivées des substantifs masculins. Ces contraintes sont objectives, et il convient de rappeler que les formes féminines auxquelles on peut légitimement recourir doivent être conformes aux modes ordinaires d'expression et de formation propres au français, dans la mesure où ces règles fondamentales ordonnent et guident toutes ses évolutions. Il n'est pas loisible de s'en affranchir, au risque de bouleverser le système de la langue.
La mission de l'Académie française n'est pas de dresser une liste exhaustive des noms de métiers et de leur féminisation inscrite dans l'usage ou souhaitable. Ce serait une tâche insurmontable dans la mesure où les noms de métiers sont très nombreux et où nous traversons par ailleurs une période de transition sociale et d'évolution des usages. Or il convient de laisser aux pratiques qui assurent la vitalité de la langue le soin de trancher : elles seules peuvent conférer à des appellations nouvelles la légitimité dont elles
manquaient à l'origine.

L'Académie se gardera donc d'édicter des règles de féminisation des noms de métiers : se fondant sur l'usage, qui décidera et tranchera en dernier ressort, elle indiquera les limites dans lesquelles peuvent être envisagées les formes que prendra cette adaptation légitime de la langue aux mutations de la société, sans chercher à embrasser dans des considérations trop générales l'infinie diversité des situations et des cas.
L'Académie française peut, en revanche, recenser utilement les difficultés rencontrées, qui expliquent les hésitations, voire les résistances de l'usage.

La langue française connaît de nombreuses formes de féminisation des noms de métiers, héritées souvent du latin ou de l'italien, parfois de l'anglais. Il n'est pas inutile de relever les plus courantes de ces formes. La première consiste sans doute à marquer le féminin par l'article, éventuellement l'adjectif ou le verbe tout en gardant la même forme au masculin comme au féminin. C'est le cas pour « architecte », « artiste », « juge », « secrétaire », « comptable », « garde », « gendarme », « diplomate ». Les noms de métiers (ou même de fonctions, tels que « ministre », « maire », ou les titres, comme « maître ») se terminant par un « e » muet se prêtent assez naturellement à cette forme, même s'il existe un usage ancien consistant à féminiser le nom de manière plus marquée (« mairesse », « maîtresse », « poétesse » illustrent cet usage). Il en va de même pour les substantifs dont le masculin se termine par « o » (« une dactylo », « une imprésario », « une soprano »).
Il n'est évidemment pas question de modifier d'une quelconque manière les usages existants, dont certains ont tendance à tomber en désuétude, mais de déterminer de quelle manière et dans quelles conditions il est possible d'en créer de nouveaux.
Il existe de nombreuses formes de féminisation marquée : « -er/-ère », « -ier/-ière », « -ien/-ienne », « -in/-ine », « -teur/-trice », etc. Dans le cas où le nom masculin est terminé par une consonne, l'adjonction d'un « e » final est aujourd'hui usuelle : « une artisane », « une experte », « une croupière », « une
principale », « une plantonne », « une maçonne », « une mécanicienne », « une jardinière », « une cheminote », sauf dans quelques cas particuliers, dont le nombre reste limité (« une mannequin », « une médecin » ou « une femme médecin », « une femme marin », « une femme matelot » ou « camelot »...).
La forme la plus courante, et non la moins difficile à féminiser est celle des noms de métiers, très nombreux, se terminant par « -eur », qui peuvent ou ont pu se féminiser en « -euse », « -esse » ou « -eresse », « -eure », ou encore par le recours à la forme masculine accompagnée par l'article, l'adjectif, le
pronom ou le verbe au féminin.
Deux formes de féminisation des noms en « -eur » semblent entrer en compétition : la forme en « -euse », plus ancienne et dont l'usage reste attesté dans un grand nombre de cas, et la forme en « -eure », qui est devenue très courante aujourd'hui. La règle est simple : la déclinaison en « -euse » s'opère lorsqu'un verbe correspond au nom (on a ainsi « une carreleuse », « une contrôleuse », « une entraîneuse », tirés des verbes « carreler », « contrôler », « entraîner ») ; dans le cas contraire, l'usage s'en tenait jusqu'à une date récente à la forme masculine (« une docteur » ou « une femme docteur », « une proviseur »). On observe que l'absence de déclinaison au féminin laisse de plus en plus souvent la place à une forme en « -eure ». Cette terminaison est commode à forger et n'est pas perceptible à l'oreille : du point de vue de la morphologie et de l'étymologie, un nombre assez réduit de cas soulèvent une difficulté. Si l'emploi du suffixe « -eure » peut parfois entrer en compétition avec le seul emploi de l'article (défini ou indéfini), il apparaît toutefois que cette forme de féminisation est particulièrement répandue dans le cas des métiers exercés dans une large proportion par les femmes : il en va ainsi pour le féminin « professeure ». « La professeur » (l'apocope familière « la prof » est très ancienne) présente un caractère quelque peu restrictif, même s'il n'y a pas lieu de s'interdire cette possibilité offerte par la langue. L'emploi de ces formes en « -eure », qui fait débat, et cristallise certaines oppositions au mouvement naturel de la féminisation de la langue, ne constitue pas une menace pour la structure de la langue ni un enjeu véritable du point de vue de l'euphonie, à condition toutefois que le « e » muet final ne soit pas prononcé. L'usage est en train de se former : cette forme de féminisation s'appliquera-t-elle à tous les substantifs en « -eur » qui n'ont pas de féminin ? Il n'entre pas dans la mission de l'Académie d'anticiper sur les évolutions en cours, et qui ne manqueront pas de se poursuivre en fonction des transformations de la société et des moeurs.
Les formes féminines en « -esse » correspondent à un mode ancien de féminisation, très marqué et regardé de ce fait aujourd'hui comme porteur d'une discrimination. Assez largement usité par le passé, notamment après le premier conflit mondial, où il traduisait l'accès des femmes à certaines professions du fait des progrès de l'instruction et des besoins liés à l'économie de guerre, il n'est plus productif depuis près d'un demi-siècle. Les juridictions recourent encore aux termes « demanderesse » ou « défenderesse », « bailleresse » est encore en usage, mais « doctoresse », « notairesse », tout comme « mairesse », sont en train de disparaître (« docteure » a supplanté « doctoresse »). Dans la plupart des cas, ces formes féminines se sont imposées dans le passé parce qu'elles présentaient l'avantage d'être perceptibles à l'oreille, mais aujourd'hui elles tendent à être supplantées par des formes plus simples, sans doute parce qu'elles constituent une marque jugée excessive du sexe féminin ou revêtent une nuance dépréciative. Si le nom se termine en « -teur », le féminin est ordinairement marqué par la forme « -teuse » quand il existe un verbe correspondant (« une acheteuse », « une rapporteuse », « une toiletteuse ») ou par la forme « -trice »
en l'absence de verbe ou quand le verbe ne comporte pas de « t » dans sa terminaison (on aura ainsi « une apparitrice », « une rédactrice »).
Un cas épineux est celui de la forme féminine du substantif « auteur ». Il existe ou il a existé des formes concurrentes, telles que « authoresse » ou « autoresse », « autrice » (assez faiblement usité) et plus souvent aujourd'hui « auteure ». On observera que l'on parle couramment de « créatrice » et de « réalisatrice » : or la notion d'« auteur » n'est pas moins abstraite que celle de « créateur » ou de « réalisateur ». « Autrice », dont la formation est plus satisfaisante, n'est pas complètement sorti de l'usage, et semble même connaître une certaine faveur, notamment dans le monde universitaire, assez rétif à adopter la forme « auteure ». Mais dans ce cas, le caractère tout à fait spécifique de la notion, qui enveloppe une grande part d'abstraction, peut justifier le maintien de la forme masculine, comme c'est le cas pour « poète » voire pour « médecin ». L'étude de ce cas illustre l'ancrage dans la langue des formes anciennes en « -trice », ce mode de féminisation ayant toujours la faveur de l'usage.
Par ailleurs, s'agissant du féminin du substantif « écrivain », on constate que la forme « écrivaine » se répand dans l'usage sans pour autant s'imposer.

Une véritable difficulté apparaît avec la forme féminine du mot « chef » : le cas mérite qu'on s'y arrête, ce mot étant employé dans de nombreuses locutions, telles que « chef de chantier », « chef d'équipe », « chef de rayon », « chef de gare », « chef de rang » (dans la grande restauration), « chef de bureau », « chef de cabinet », « chef d'orchestre ». Ce mot a donné lieu à la création de formes féminines très diverses : (la) « chef », « chèfe », et même « chève » (comme « brève »), « cheffesse » (ancien), sans omettre « cheftaine ». Ce cas est révélateur : le métier pose en lui-même le problème de sa dénomination, et le féminin ne se forme pas naturellement. La forme « cheffe » semble avoir aujourd'hui, dans une certaine mesure, la faveur de l'usage. Si l'on ne peut soutenir que cette forme appartient au « bon usage » de
la langue, il paraît également difficile de la proscrire tout à fait étant donné le nombre d'occurrences rencontrées dans les sources que la commission a pu consulter.
L'étude du mot « chef » conduit à un constat : la langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms des métiers (la remarque peut être étendue aux noms de fonctions) placés au sommet de l'échelle sociale. L'usage fait une différence entre les métiers les plus courants et les degrés supérieurs de la hiérarchie professionnelle, qui offrent une certaine résistance à la féminisation. Cette résistance augmente indéniablement au fur et à mesure que l'on s'élève dans cette hiérarchie.
Une difficulté d'une autre nature apparaît avec le mot « agent », qui ne connaissait pas de féminin jusqu'à ces dernières années : si la forme « agente » commence à s'implanter dans l'usage (en particulier dans la fonction publique), son emploi rencontre parfois une résistance de la part des femmes auxquelles il pourrait s'appliquer.
Quant aux règles syntaxiques, elles conseillent d'accorder systématiquement les adjectifs et participes avec le substantif (« une conseillère principale », « une contrôleuse adjointe », « une directrice générale », etc.).

La commission a fait le choix de ne pas méconnaître les difficultés pratiques auxquelles se heurte la féminisation et s'est efforcée de les recenser sans prétendre à une quelconque exhaustivité, en vue d'indiquer les voies pouvant être suivies pour faciliter une évolution harmonieuse de l'usage qui soit respectueuse des règles fondamentales de la langue.
L'Académie constate les évolutions en cours, qu'il lui revient d'encadrer et le cas échéant d'orienter, sans chercher pour autant à les freiner ou à les devancer. Elle refuse toute tentative pour forcer l'usage, qui risquerait d'introduire des formes mal reçues du public.

La commission tient à rappeler que, dans ses prises de position antérieures, l'Académie n'a cessé d'en appeler à la liberté de l'usage : l'imposition de normes rigides en matière de féminisation méconnaît en effet le souhait exprimé par certaines femmes de conserver les appellations masculines pour désigner la profession qu'elles exercent.


Rapport entier.