Entretien avec Fabio Gambaro, directeur de l'Institut Culturel Italien, Institut d'exception de l'Italie

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 15/01/2019 15:30:00

Fabio Gambaro nous fait découvrir l'activité intense de l'institut à Paris. Présentation d'une institution culturelle hors normes.

Quelle est l'origine de l'Institut Culturel Italien et comment fonctionne-t-il ?

L'institut fait partie d'un réseau plus vaste qui regroupe 90 Instituts dans le monde dont 4 en France qui est un pays majeur de notre action culturelle : Strasbourg, Lyon, Marseille et Paris qui en est la tête de pont.
Notre principale mission est de promouvoir la culture Italienne en France, qui est un terrain favorable car les français sont assez curieux et très sensibles à la culture italienne. Mais c'est une nouvelle vision de notre culture que nous voulons apporter, libérée des clichés, car la culture italienne ne se résume pas à la Renaissance, Florence et le cinéma d'après-guerre. C'est précisémment pour cette raison que nous faisons la promotion des artistes contemporains comme par exemple dans le domaine du cinéma où émerge une nouvelle génération que nous essayons de faire découvrir.

Pour résumer : Essayer de faire découvrir les facettes de la culture italienne que les français ne connaissent pas encore.

Depuis ma nomination en tant que directeur de l'institut, en novembre 2016, mon premier choix a été un choix linguistique, en effet, dans notre maison tout est traduit en français, que ce soient les débats, ou les films d'auteurs. Grâce à celà notre public est de plus en plus de nationalité française. En conséquence nous construisons progressivement notre programme en fonction de ce public qui est attentif à ce que nous sommes et à ce que nous représentons dans l'imaginaire de la la création. Mais bien sûr, une partie de notre public est italien car Paris compte une grande communauté italienne qui demeure attachée à la relation avec l'Italie.

Quels sont justement vos priorités et vos projets ?

Mes principales priorités sont tout d'abord la promotion des nouveaux artistes Italien et l'ouverture de l'Institut à notre public français en collaborant avec les établissements culturels français. Par exemple lors de notre soirée autour des oeuvres du Caravage, nous avons invité des experts venus d'Italie mais aussi des spécialistes du Musée du Louvre. Ainsi, cela a permis d'optimiser le dialogue et la rencontre entre français et italiens que ce soit du point de vue des spécialistes ou de celui du grand public.

En termes de collaboration nous avons organisé un spectacle avec Daniel Pennac en compagnie d'acteurs Italiens. La Cinémathèque de Paris propose une programmation italienne et le théâtre de la ville a également organisé un événement dédié à la danse italienne.

Nous collaborons donc avec de grandes institutions françaises, comme le Théâtre de la Ville ou la Cinémathèque, mais aussi avec des organisemes moins connus. Par exemple nous avons aidé association d'étudiants dynamique dans la conception et l'organisation d'un festival italien. Nous avons aussi aidé à faire venir une compagnie italienne pour monter un spectacle au Lycée International de saint Germain en Laye ou nous avons une section italienne depuis 50 ans !

L'Institut organise de nombreux événements, de 2 à 4 par semaine, ce qui représente un total de 150 événements par an avec un très large spectre de programmation, que ça soit du théâtre, de la musique ou encore de la gastronomie, comprenant chacun un éventail varié allant du classique à la musique pop. Nous sommes aussi très impliqués dans le domaine de la littérature et nous éditons par exemple des livres sur des poètes italiens méconnus dans une publication :« Cahier de l'hôtel de Galliffet ».

Afin de présenter toute la richesse de la culture de l'Italie, nous organisons aussi des soirées, « écran aujourd'hui », qui présentent avec des sous-titrages en français des films d'auteurs italiens qui ont eu beaucoup de succès en Italie mais peu d'écho en France. Car nous voulons toujours faire découverir des nouveautés du 7ième art auquel notre pays a tant apporté.

Nous voulons aussi mieux faire connaître l'Italie aux français, c'est pour cela que nous organisons plusieurs événements (expositions, entretiens avec des personnalités, évènements liés à la gastronomie) et associés à une région de notre pays.
Par exemple pour rapeller la grande cité milanaise nous avons évidemment évoqué la Scala, Maria Callas, mais aussi des artistes milanais ou encore le Piccolo Teatro de Milan quin a toujours eu un grand écho à Paris.

Mais l'année 2018 aura surtout été marquée par les 70 ans de la constitution italienne. Cela aura été l'occasion d'organiser plusieurs conférences au sujet de la transformation du pays : économie, langue, paysage, politique. Et nous savons l'attention que la France a apporté à la renaissance contemporaine de l'Italie.

Nous avons aussi; ce qui est moins connu, un Programme de résidence d'artistes à l'instar de la France qui dispose de la remarquable Villa Medficis à Rome avec une tradition des grands prix de Rome. Nous invitons de jeunes artistes dans toutes les disciplines et nous les faisons participer à la vie de l'institut. Ce sont les jeunes talents de demain. Le Centre culturel est un organisme vivant, bien sur il se fonde sur le capital artistique et intellectuel de l'Italie qui a beaucoup apporté à la culture occidentale, mais il mise aussi sur des mouvements de l'art contemporain qui irriguent la vitalité de la création.

Dites- nous en plus sur le Festival Italissimo ?

C'est un festival que j'ai contribué à créer il y a plus de 4 ans, et dont j'ai été le directeur.

Cet évènement met en avant la littérature et la culture italienne et permet aussi de la découvrir. Il se déroule principalement à la Maison de la Poésie mais aussi dorénavant à Science Po et à la Sorbonne qui sont des foyers intellectuels de la vie parisienne.

Nous invitons des artistes italiens comme par exemple pour la première fois cette année Alessandro Barico ou encore Roberto Saviano le célèbre auteur de « Gomora ».

L'Institut dépend-il du ministère des biens culturels ou de la Farnenisa et quelle est la place de la culture dans la diplomatie ?


Nous sommes rattachés au ministère des affaires étrangères. C'est une volonté politique.
Il est évident que la culture joue un rôle dans la diplomatie, le « Soft power », elle a un véritable pouvoir. C'est même, pour l'Italie, une partie de son ADN et je crois que la culture est un formidable moyen de faire connaître un pays, son histoire et l'apport qu'il peut constituer à l'universalité contemporaine. De plus l'Italie qui est un pays régionaliste dont l'indépendance est récente - 70 ans, c'est peu - par rapport à l'histoire de la France et c'est aussi ce qui a motivé les manifestations du 70ième anniversaire que j'ai évoqué. L'Italie tient son rôle sur la scène politique et comme je vous le disais, notre pays est très connu pour sa culture, son style de vie, son design, sa créativité. Et cela a peut-être, - je dirais -sans doute, une influence économique pour promouvoir le « made in italy ».

L'institut joue-t-il un rôle d'école de la langue italienne, un peu comme le Goethe Institut ou le British Council ?

Oui nous donnons aussi des cours d'italiens pour adultes à plus de 1000 élèves. Nous nous appuyons sur notre programmation culturelle ainsi que sur notre bibliothèque ; la plus importante bibliothèque italienne de Paris.

Un mot enfin sur le lieu qui abrite notre institut. Et c'est important pour nos amis français. L'hôtel de Galliffet où je vous reçois est un lieu historique parce qu'il a été la Résidence de Tallleyrant, Prince de Bénévent, ministre des affaires étrangères emblématique de la France. D'ailleurs mon bureau est à côté de celui de l'illustre ministre.
Ce lieu évidemment valorise les manifestations de l'Institut et il est profondément rattaché à ce que nos pays font de meilleur.

L'Institut anime aussi la villégiature des parisiens. Dans notre Jardin qui est ouvert au public d'avril à octobre, les parisiens et les touristes viennent y lire ou pique-niquer. En 2017 nous avions accueillis 20 000 personnes !

Tout cela fait de l'institut un lieu ouvert.

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La Rédaction.
Jean-François Puech, directeur de la Rédaction.