Protection des espaces marins : retour sur l'engagement de la Nouvelle Calédonie

WWF - World Wide Foundation - 28/11/2018 09:35:00


La Nouvelle Calédonie fête cette année les 10 ans de l'inscription de ses lagons et récifs au Patrimoine mondial de l'Humanité. A cette occasion et à la veille des grands événements internationaux qui se tiendront d'ici 2020 pour la sauvegarde de la biodiversité mondiale, le WWF France revient sur l'engagement renouvelé du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie pour une plus grande protection de ses espaces marins.

En octobre dernier à Bali, lors de la conférence Our Ocean 2018, le Gouvernement calédonien s'est engagé devant la communauté internationale à classer en protection forte dès 2019 de nouvelles zones d'importance pour la biodiversité (monts sous-marins, fosse de subduction et îles hautes), à hauteur de 200 000 km² à 400 000 km². Cet engagement amènerait ainsi probablement à environ 30% de surface d'AMP placé en protection forte en Nouvelle Calédonie.

A cette occasion, la Nouvelle-Calédonie s'est également engagée à un renforcement de la collaboration internationale dans la région de la Mer de Corail. Cette échelle de gestion est essentielle au vu de l'immense surface maritime à gérer et surveiller, mais aussi de ses nombreuses espèces à très forte valeur économique et culturelle, qui constitue le capital naturel de la région, aujourd'hui menacées telles que les tortues marines, les requins et les thons qui n'ont que faire de nos frontières lorsqu'elles se déplacent et doivent donc être gérées et protégées à l'échelle de leur réalité biologique.

A l'heure où de plus en plus d'études montrent que seules les AMP offrant un fort niveau de protection permettent d'aboutir aux résultats de conservation escomptés, et que l'écrasante majorité des zones et surfaces classées AMP en France sont à des niveaux de protection modérés ou faibles, le WWF France tient à saluer les avancées significatives en termes de conservation réalisées par le Gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

Si le WWF France a salué ces avancées qui doivent inspirer et engager à l'action les autres territoires français ainsi que la communauté internationale, la Nouvelle-Calédonie doit poursuivre ses efforts afin de consolider son engagement. Pour cela, le WWF France appelle la Nouvelle-Calédonie à :

. Mobiliser les moyens à la hauteur de l'ambition de protection effective du capital naturel de son AMP géante,
. Inventer une gouvernance originale pour une co-gestion réussie de la biodiversité et des ressources halieutiques qu'elle partage avec les pays du Pacifique Sud-Ouest
. Mais aussi d'investir, via ses collectivités provinciales, dans une protection renforcée des eaux lagonaires adossées à la ZEE et sur lesquelles s'exercent aujourd'hui la majorité des pressions humaines (pêche, activités récréatives, tourisme, trafic maritime, ...)

Retour sur un engagement de longue date
Lors de la Convention sur la diversité biologique de 2011, 160 pays se sont donné comme objectif de couvrir 10% de leurs eaux en AMP à l'horizon 2020. La France est même allée plus loin en se fixant un objectif à 20% lors des Grenelles de l'environnement et de la mer. Ainsi en France métropolitaine, si 40% des eaux marines sont classés en AMP, seul 1% l'est à un niveau de protection forte.

Ainsi, le territoire français d'Outre-mer semble faire office de bon élève. La Nouvelle Calédonie est engagée dans une politique de protection de ses eaux, tout d'abord par le développement d'un réseau d'AMP provinciales dans les années 1990 et 2000, puis via le classement d'une large partie de ses lagons au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 2008, et enfin par la création par le Gouvernement en 2014 du Parc naturel de la mer de Corail (PNMC), la 2ème plus grande Aire Marine Protégée au monde avec l'intégralité des 1,3 millions de km² de sa ZEE soit près de 2,3 la surface de la métropole française.

Ce n'est toutefois que très récemment que la protection du Parc s'est renforcée avec le classement en fort niveau de protection de l'ensemble de ses récifs coralliens (interdiction de pêcher et parfois même de pénétrer sur ces zones), couvrant un total de 28 000 km². Même si cette zone ne représente qu'à peine plus de 2% du Parc, elle concentre une biodiversité exceptionnelle et des écosystèmes dans un état de préservation tout aussi remarquable (dont pas moins d'1/3 des récifs coralliens encore quasiment vierges de la planète).

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