Iles Féroé : le massacre des baleines continue (presque) dans l'indifférence

Fondation 30 Millions d'Amis - 05/07/2018 15:35:00

En vertu d'une longue tradition, les Iles Féroé sont chaque année le théâtre du Grindadráp, un massacre sanguinaire de plusieurs milliers de baleines pilotes. Cet abattage légal a été - pour la 1ère fois - ouvertement décrié... par les autorités de la santé publique du pays.

Le Grindadráp, mauvais pour la santé ? Pour la première fois, les autorités de la santé publique de l'archipel ont pris fermement position sur la consommation de viande de dauphins-pilotes (aussi appelés baleines-pilotes). Pour le bien-être des cétacés ? Absolument pas ! « En manger [de la viande de dauphins, NDLR] est si problématique pour la santé des Féringiens que nous leur avons demandé de faire ce sacrifice culturel. Car c'est un sacrifice de ne plus consommer cette nourriture traditionnelle », explique Pál Weihe, Directeur du département de médecine et de santé publique sur l'archipel, à l'AFP.

Cette viande serait en effet impropre en raison de sa haute teneur en mercure et en polluants organiques persistants (POP) : ces substances affecteraient négativement le développement intellectuel et neurologique des Hommes et affaibliraient leur système immunitaire.

Les autorités de santé féringiennes avaient commencé en 1998 à alerter sur la viande de dauphins en demandant d'en limiter la consommation à un ou deux repas par mois. Dans le cas des femmes enceintes, il leur avait été demandé de s'abstenir complètement. En 2008, cette recommandation avait été étendue à l'ensemble de la population féringienne mais sans qu'elle soit suivie d'effets...

Grindadráp, tradition mortelle

Chaque année, l'eau vire au rouge sang. Suivant une tradition ancestrale, les Féringiens rabattent chaque été des familles entières de dauphins pilotes passant le long des côtes vers des criques. Une fois amenés vers la plage, ils sont brutalement tués à l'arme blanche où ils agonisent de longues minutes devant leurs congénères. Leur viande est ensuite distribuée à la population locale.

Cette tradition a encore de beaux jours devant elle : elle est légitimée par les autorités danoises sous couvert d'une sorte de dérogation culturelle accordée par le Danemark. De plus, elle continue d'être défendue par les politiques qui y voient une tradition écologique et respectueuse : « La question centrale du "grind", c'est que cela fait partie des ressources vivant dans nos eaux. Nous basons toute notre existence mais aussi notre État-providence moderne et ouvert sur le monde sur l'exploitation des ressources marines vivantes. Et nous considérons notre législation et tout notre système de chasse des cétacés comme le mode d'exploitation le plus durable qui soit », explique Høgni Hoydal, le ministre féringien de la Pêche.
Des milliers de baleines sont abattues tous les ans lors du Grindadráp, aux Iles Féroé. crédit photo Auksinis Kardas/ Flickr