Vectopole Sud réseau montpelliérain, unique en Europe, sur les insectes d'intérêt médical, vétérinaire et agricole

CIRAD - Centre International en Recherche Agronomique pour le Développement - 11/05/2018 15:20:00

Vectopole Sud est officiellement lancé le 3 mai à Agropolis International. Ce réseau montpelliérain, unique en Europe, sur les insectes d'intérêt médical, vétérinaire et agricole, rassemble cinq partenaires de recherche et d'enseignement supérieur : le Cirad, le CNRS, l'Inra, l'IRD, l'Université de Montpellier et le principal opérateur public français de démoustication, l'EID Méditerranée. Leur objectif : mutualiser leurs infrastructures et leurs compétences pour innover dans la lutte contre les ravageurs de cultures et les arthropodes vecteurs de pathogènes, responsables de maladies infectieuses humaines ou animales.

Associer santé publique humaine, vétérinaire et végétale en 'Une seule Santé' ('One Health') : c'est la démarche du réseau Vectopole Sud, officiellement lancé le 3 mai, par les présidents de l'Université de Montpellier, du centre Inra de Montpellier, du CNRS et de l'IRD à Montpellier, de l'EID Méditerranée, de Montpellier Université d'Excellence, du DRRT Occitanie et du PDG du Cirad.

Ce réseau montpelliérain rassemble plus de 400 chercheurs et techniciens de cinq laboratoires appartenant aux communautés scientifiques de Montpellier Université d'Excellence (MUSE) et d'Agropolis International. Il mutualise les compétences, expertises et plateformes de recherche de ces partenaires, sur les arthropodes vecteurs et ravageurs, sur quatre sites à Montpellier : Lavalette (campus IRD), Baillarguet (campus Cirad), Triolet (campus UM), EID Méditerranée. Objectif : constituer un pôle d'excellence français et européen dans le domaine des vecteurs de maladies et des ravageurs de culture pour améliorer les systèmes de prévention, de contrôle et de lutte, et ainsi préserver la santé des populations, l'agriculture et l'élevage.

Du côté de la santé végétale, sur le site de Triolet, les chercheurs s'intéressent notamment à la noctuelle américaine du maïs (Spodoptera frugiperda ), espèce invasive de lépidoptères (papillons) de la famille des Noctuidae, dont la chenille, est connue pour ses dégâts sur diverses cultures.

Les arthropodes vecteurs de pathogènes à l'étude
Côté santé humaine et animale, parmi les espèces vectrices emblématiques étudiées au sein de l'insectarium, de niveau de sécurité 2 et 3, sur le campus du Cirad à Baillarguet :

. les moustiques du genre Aedes, vecteurs du Zika, du Chikungunya et de la dengue ;
. les glossines (mouche tsé-tsé), vectrices de la maladie du sommeil (trypanosomoses africaine humaine ou animale) ;
. les tiques, vectrices, selon les espèces, de la cowdriose (maladies des bovins en climat tropical), de la peste porcine africaine ou encore de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo ;
. les culicoïdes, petits moucherons vecteurs de la fièvre catarrhale ovine, de la peste équine et du virus de Schmallenberg ;

Un 1er succès au Brésil pour la technique de l'insecte stérile
L'un des projets phares pour le Cirad, au sein de ce réseau, est Revolinc, financé par l'European Research Council. Ce projet se donne jusqu'en 2021 pour développer une version amplifiée de la technique de l'insecte stérile. « Dans cette technique, les mâles stériles transportent des biocides jusqu'à leurs femelles qui les diffusent elles-mêmes dans leurs gîtes larvaires », précise Jérémy Bouyer, entomologiste au Cirad. Ce qui tue les larves et réduit l'émergence de nouveaux moustiques. Cette approche innovante est actuellement déployée sur trois types d'insectes : mouche tsé-tsé ; moustiques du genre Aedes ; mouches des fruits Ceratitis capitata . « Un système de lâcher développé dans le cadre du projet a été utilisé pour réaliser des lâchers de moustiques mâles stériles* par drone au Brésil en mars 2018. C'est une première mondiale » , révèle Jérémy Bouyer. Et un premier succès pour les chercheurs dans ce domaine, puisque les premières femelles sauvages de moustiques ont ainsi été stérilisées.

Le réseau Vectopole Sud a bénéficié de l'aide de la Région et de l'Etat au travers du contrat de projets Etat-Région 2007-2013 pour la création des laboratoires, puis 2015-2020 pour leur modernisation.

Vectopole Sud vise plus particulièrement à :
. renforcer la production scientifique par l'institutionnalisation du partenariat entre les équipes travaillant dans ce domaine ;
. contribuer à des enseignements et à la création de Masters de recherche internationaux (tel le Master International d'Entomologie médicale et vétérinaire), par l'accueil de stagiaires de l'enseignement supérieur et de doctorants ;
. structurer les différentes expertises pour répondre à des demandes nationales et internationales sur les risques sanitaires et leur gestion dans le domaine de l'émergence et des vecteurs ;
. développer des produits de recherche exploitables industriellement ;
. attirer les équipes de recherche internationale et les bailleurs de fonds régionaux, nationaux et internationaux ;
. coordonner des projets à fort impact local et national afin d'optimiser l'emploi des subventions publiques et privées d'investissements.

*chez le moustique, seule la femelle pique.

03/05/2018 Vectopole Sud, un réseau montpelliérain pour innover dans la lutte contre les vecteurs de maladies et ravageurs de culture