Ski de fond : Klaus Jungbluth, citoyen du monde et pionnier équatorien des sports d'hiver
Il est né dans les Andes, porte un prénom et un nom allemands et, avant d'épouser une Italienne et de vivre en Australie, il a découvert le ski en Europe où il a étudié. Aujourd'hui à PyeongChang, Klaus Jungbluth, ce citoyen du monde, est le premier représentant de l'Equateur à des Jeux olympiques d'hiver.
« L'Équateur n'avait pas de Fédération de sports d'hiver jusqu'à ce qu'elle soit fondée en juin 2016 », raconte à l'AFP Jungbluth, 38 ans, qui s'appelle Rodriguez par sa mère. Si bien que ce pays d'Amérique du sud n'avait encore jamais envoyé d'athlète aux Jeux d'hiver avant cette 23e édition.
« En Équateur il n'est pas possible de skier. Il y a de la neige, mais seulement en altitude, à plus de 4.000 m. Il n'y a aucune infrastructure pour pratiquer les sports d'hiver et celui qui veut le faire est obligé d'aller ailleurs », explique-t-il.
Cinq ans après son premier contact avec la neige en Italie, Jungbluth Rodriguez s'alignera jeudi sur le 15 km en ski de fond aux Jeux Olympiques de PyeongChang et ne cache ni son plaisir ni sa fierté.
« C'est une immense satisfaction et une grande fierté de représenter ton pays, souligne-t-il. C'est encore bien plus fort quand tu es le premier. Les sacrifices ont été grands (pour y parvenir) et c'est pour ça que la récompense est immense ».
En 2006 il a quitté son pays pour aller étudier en République tchèque et en Norvège jusqu'en 2011. Il y a appris à aimer le ski mais sans s'y essayer.
De l'haltérophilie au ski
« Après avoir terminé mes études en Europe, je suis rentré en Équateur et j'ai commencé à m'entraîner sur des roller-skis, raconte Jungbluth. Et c'est là que tout a commencé. Alors que je faisais de l'haltérophilie en compétition, je me suis blessé aux genoux et j'ai été obligé de chercher un autre sport où les articulations ne subiraient pas de choc. C'est comme ça que je suis passé au ski de fond ». Sur route d'abord, en 2012, avant de se frotter à la neige pour la première fois en mars 2013 en Italie.
« Une fois par an, avec mon épouse, nous avons alors voyagé en Italie pour y skier sur la neige », ajoute-t-il.
Depuis sept mois, il est installé en Australie où il prépare un diplôme en physiothérapie et ne s'entraîne plus que sur route « parce qu'il n'y a pas de neige sur la Sunshine Coast » au nord de Brisbane, sur la côte Est du pays. De là son surnom The tarmac skier.
Pour ce qui est des finances, il a beaucoup investi personnellement mais depuis que sa participation aux Jeux Olympiques est acquise, « le Comité olympique équatorien a pris en charge (ses) frais de préparation, de transport aérien, de matériel d'entraînement, et tout ce dont (il a) eu besoin ».
Pionnier
Ses sacrifices passés, son histoire et ses éventuels exploits à venir permettront-ils de développer le ski en Equateur ?
« Dans la mesure où je ne vis pas en Equateur, l'avenir du ski y est incertain car ce serait moi la personne indiquée pour en faire la promotion et attirer les gens intéressés, reconnaît-il. Malheureusement, pour le moment j'ai un autre projet important dans ma vie, c'est mon diplôme qui me retient loin du pays. »
Il espère toutefois susciter des vocations. « Tant que quelqu'un n'a pas ouvert la voie, les gens considèrent les choses comme très difficiles et ça les démotive relève-t-il. Mais en sachant que quelqu'un y est parvenu, ils osent plus et sont plus motivés ».
Dans un premier temps, il aimerait voir un jeune Équatorien et une jeune Équatorienne participer aux prochains JO, en 2022 à Pékin.
En outre, « je sais qu'il y a un groupe de gamins équatoriens qui s'entraînent au snowboard aux États-Unis », ajoute Jungbluth. Il semble donc avoir déjà peut-être ouvert la voie...