Turquie. Reprise du procès des " 10 d'Instanbul " et de Taner Kilic

Amnesty International - 29/01/2018 16:20:00


Turquie. Reprise du procès des « 10 d'Istanbul » et de Taner Kilic

Des mobilisations sont prévues dans plus d'une vingtaine de villes en France, samedi 27 janvier, alors que reprend à Istanbul, le 31 janvier, le procès des dix défenseur-e-s des droits humains et du président d'Amnesty International Turquie. Les militants d'Amnesty International France se joignent au million de voix dans le monde, qui demandent la libération ainsi que l'abandon les charges qui pèsent sur ces onze personnes accusées de « terrorisme », dans le cadre d'un procès qui ne peut qu'être qualifié de politique.

« Ce procès inique vise à faire taire les voix critiques dans le pays. Si nos collègues sont déclarés coupables, ils encourent jusqu'à quinze ans d'emprisonnement », déclare Sylvie Brigot-Vilain, directrice d'Amnesty International France.

« Compte tenu des éléments qui attestent sans équivoque de son innocence et de l'absence de preuve d'une quelconque infraction, Taner aurait dû être libéré depuis longtemps. Le fait qu'il ait passé près de huit mois derrière les barreaux en dit long sur les défaillances de la justice turque et sur la bataille impitoyable que les autorités livrent à celles et ceux qui défendent des droits humains. »

« Cette audience donne une nouvelle possibilité de mettre fin à une flagrante parodie de justice en faisant en sorte que ce défenseur des droits humains passionné, cet homme de principe, retrouve sa famille et reprenne son travail crucial. Il faut que le tribunal relaxe Taner et les dix autres défenseur-e-s des droits humains et mette un terme définitif à cette mascarade. »

Complément d'information

Le président d'Amnesty International Turquie, Taner Kilic, a été arrêté le 6 juin 2017 et incarcéré trois jours plus tard. Il est maintenu en détention depuis lors. Dix autres militants, dont Idil Eser, directrice d'Amnesty International Turquie, ont été arrêtés un mois plus tard. Huit d'entre eux, ont été détenus pendant près de quatre mois, avant d'être libérés sous caution lors de la première audience, en octobre.

Toutes ces personnes sont inculpées d'« appartenance à une organisation terroriste », une allégation sans fondement que le ministère public n'a jusqu'à présent étayée par aucun élément concret susceptible de résister à l'examen.

Taner Kilic est accusé d'avoir téléchargé et utilisé l'application de messagerie ByLock qui, selon le ministère public, est un outil dont se servent les membres du mouvement Gülen pour communiquer entre eux. Or, deux analyses indépendantes du téléphone de Taner, commandées par Amnesty International, ont conclu qu'il n'y avait aucune trace de ByLock sur son téléphone. Jusqu'à présent, le ministère public n'a fourni aucune preuve venant étayer son affirmation ni démontrer une quelconque infraction pénale.

En décembre 2017, les autorités turques ont reconnu que des milliers de personnes avaient été accusées à tort d'avoir téléchargé ByLock. Elles ont publié des listes contenant 11 480 numéros de téléphone mobile, ce qui a permis à de nombreuses personnes de recouvrer la liberté. Taner Kiliç n'y a pas encore été inscrit.

Plus d'un million de personnes de 194 pays et territoires ont signé les appels d'Amnesty International demandant la libération de Taner Kiliç et des autres défenseurs des droits humains inculpées depuis leur arrestation, l'été dernier. Des centaines de personnalités réclament que Taner soit libéré et que les charges pesant sur cet homme et les dix autres prévenus soient abandonnées.