Ciao Italia ! Un siècle d'immigration et de culture italiennes en France (1860-1960)

Palais de la Porte Dorée - Musée National de l’histoire de l’immigration - 18/07/2017 17:00:10

Avec Ciao Italia, le Musée national de l'histoire de l'immigration rend compte pour la première fois à l'échelle nationale, de l'histoire de l'immigration italienne en France, qui reste à ce jour la plus importante de l'histoire française.

Dès la seconde moitié du 19e siècle et jusque dans les années 1960, les Italiens furent les étrangers les plus nombreux dans l'Hexagone à venir occuper les emplois créés par la croissance économique.

Aujourd'hui célébrée, leur intégration ne se fit pourtant pas sans heurts. Entre préjugés dévalorisants et regards bienveillants, l'image de l'Italien en France se dessina sur un mode paradoxal et leurs conditions d'accueil furent difficiles.

Entre méfiance et désir, violences et passions, rejet et intégration l'exposition traduit les contradictions
spécifiques de l'histoire de cette immigration tout en mettant en lumière l'apport des Italiens à la société
et à la culture française.

Jouant des clichés et préjugés de l'époque et rappelant la xénophobie dont ils étaient victimes, l'exposition
s'attache à retracer le parcours géographique, socio-économique et culturel des immigrés italiens
en France du Risorgimento des années 1860 à la Dolce Vita célébrée par Fellini en 1960.

Abordant tout à la fois la religion, la presse, l'éducation, les arts, la musique et le cinéma, les jeux
et le sport, ou encore la gastronomie, elle donne à voir tous ces Italiens, ouvriers, mineurs, maçons,
agriculteurs, artisans commerçants ou encore entrepreneurs qui ont fait la France tout en rendant hommage
aux plus connus d'entre-eux à l'instar d'Yves Montand, de Serge Reggiani, de Lino Ventura ou
encore des familles Bugatti et Ponticelli.

Dans un dialogue original et fécond ce sont près de 400 objets de mémoire, extraits de films,
cartes géographiques et oeuvres d'art qui sont présentés au travers d'un parcours à la fois sensible
et pédagogique où figurent les artistes Giovanni Boldini, Giuseppe de Nittis, Gino Severini,
Filippo De Pisis, Massimo Campigli, Alberto Magnelli, Leonardo Cremonini, Amedeo Modigliani,
Giulia Andreani, Julie Polidoro et Vittorio Santoro.

Éditorial d'Hélène Orain
Directrice générale du Palais de la Porte Dorée

Avec cette exposition, le Musée national de l'histoire de l'immigration (MNHI) franchit une nouvelle étape de son développement tout en continuant de remplir sa mission.

Comme lors des expositions consacrées aux immigrations polonaise (2011) et algérienne (2012), à des secteurs (la mode, 2014), à des thématiques (les frontières, 2015) ou encore à des esthétiques (la bande dessinée, 2013), le musée tente ici de révéler la nation française à elle-même et ce qu'elle doit à son immigration.

Les apports de l'immigration italienne sont immenses et se sont manifestés dans tous les domaines : de l'industrie automobile à celle du cinéma en passant par les médias, les arts de vivre, l'artisanat, le commerce, la mine, la sidérurgie ou le BTP, il est peu de secteurs économiques ou culturels qui ont échappé aux influences de ces immigrés. Pourtant, on ne cessera jamais assez de le rappeler, cette histoire avait mal commencé. Jusqu'aux années 1930, les Italiens de France ont été rejetés, insultés, discriminés ; victimes parfois de violences inouïes comme lors des Vêpres marseillaises en 1881 ou du massacre d'Aigues-Mortes en 1893.

Cependant, avec cette exposition, plus sans doute qu'avec les précédentes, le MNHI réussit à développer la spécificité d'une écriture muséale qui doit être son ADN : présenter un récit qui croise le travail des historiens - riche d'enseignements pour le présent - avec le regard des artistes - et la relation sensible aux oeuvres qu'il génère - et avec celui de la mémoire des acteurs et des témoins qui incarnent cette histoire. Ces « conversations » entre histoire, oeuvres et mémoire, si souvent évoquées, les commissaires - Dominique Païni, Stéphane Mourlane et Isabelle Renard - les ont patiemment construites, en évitant le piège des superpositions artificielles, tout au long des deux années de préparation du projet.

Cette exposition est également importante par l'ampleur de la période couverte (1860-1960) et le nombre des oeuvres convoquées : des centaines d'items dont quatre cents sont présentés au public du Palais de la Porte Dorée de mars à septembre 2017. Certains ont été collectés grâce au travail des équipes du musée mais aussi par le réseau des associations partenaires de notre institution.

Des oeuvres modernes (Amedeo Modigliani, Alberto Magnelli, Gino Severini) et contemporaines (Moataz Nasr, Giulia Andreani , Vittorio Santoro et Alain Fleischer), dont certaines n'avaient jamais été exposées en France (Angelo Tommasi), côtoient des objets iconiques (Bugatti, Vespa), des documents inédits, des films (Toni de Jean Renoir). Ainsi, pour le dixième anniversaire de son ouverture, le Musée national de l'histoire de l'immigration a choisi une exposition ambitieuse par l'ampleur de ce qui est montré et la période couverte un siècle), exemplaire par son contenu et ouverte à tous les publics.