Lutte contre le terrorisme, sécurité, accès aux soins, ruralité : entretien avec Marine Brenier députée des Alpes Maritimes

Jean François Puech Directeur de la Rédaction NEWS Press - 09/06/2017 12:25:00


Agée de 31 ans lors de Marine Brenier, est une jeune femme politique et fait partie d'une nouvelle génération au sein de sa formation politique.
Adjointe au maire de Nice depuis 2008, elle est présidente des Jeunes Républicains entre 2015 et 2017 et députée LR depuis 2016, élue dans la cinquième circonscription des Alpes-Maritimes. Elle nous fait part de ses préoccupations tant nationales que locales.
Lutte contre le terrorisme, sécurité, accès aux soins, ruralité, ce sont vos thèmes de prédilection de campagne ?

Ce sont trois sujets importants sur lesquels j'ai axé ma précédente campagne et sur lesquels je suis intervenue à l'Assemblée Nationale. Ils touchent directement les habitants de ma circonscription. Pour rappel, Nice a été touché le 14 juillet dernier par un attentat, sujet pour lequel j'ai été interpellée à de fréquentes reprises. L'accès aux soins est aussi pour moi un sujet d'importance. car je connais les difficultés qu'ont les personnes pour accéder aux soins nécessaires. Ce qui rend ce sujet sensible est le fait que 27 des 28 communes de ma circonscription sont situées sur des territoires de montagne ou sur des territoires péri-urbainsIl y a beaucoup à entreprendre.

Comment abordez-vous la lutte contre le terrorisme et le renforcement d'une indispensable sécurité ?

J'ai présenté un projet de loi pour interdire la diffusion des identités des terroristes. Certes, ce projet a été assez polémique un temps parce que mal compris. Cette proposition de loi voulait éviter la publicité qui aurait pu être faite à cette occasion aux poseurs de bombes ou kamikazes. En effet, nous avons souvent vu sur les réseaux sociaux (twitter, notamment) les images et identités diffusées permettant ainsi le développement du phénomène de « starification » des terroristes. C'est suffisamment préoccupant pour prendre la décision d'intervenir afin de lutter efficacement. D'ailleurs, après les attentats, de nombreux médias avaient décidé de ne plus diffuser les identités et les images. Ce projet de loi a accueilli un grand nombre de signataires et, de ce fait, a reçu un écho favorable. Néanmoins, je ne vous cache pas qu'en ma qualité d'élue de l'opposition, il est assez difficile de faire aboutir un projet de loi. J'ai aussi participé au projet de loi qui vise à autoriser les forces de l'ordre au port de leur arme lorsqu'ils sont en civil. Ce sont des professionnels qualifiés et compétents qui pourrait accentuer eux aussi la sécurité des citoyens en toutes circonstances.

J'ai aussi proposé une loi qui a reçu l'aval d'un grand nombre de députés, y compris socialistes. Elle visait à généraliser la formation CEP1 (formation aux gestes de premiers secours) dans les entreprises et les collectivités. Malheureusement, cette proposition de loi n'a pas été soutenue par un nombre suffisant de mes collègues. Je le regrette. Peut-être assisterons-nous, avec le Président Emmanuel Macron, à un changement. Si les propositions de loi, même proposées par l'opposition, sont de nature à améliorer le bien commun, peut-être pourraient-elles être adoptées.

La santé fait partie de ces sujets qui nous concernent tous et qui fait partie intégrante de la sécurité. Parvenir à un consensus serait une avancée considérable. En effet, Nous devons tous pouvoir être acteurs en cas de crise, d'urgence vitale.

La formation aux gestes de premiers secours m'avait été demandée par les pompiers à la suite de l'attentat de Nice.

C'est pourquoi j'ai mis en place dans ma circonscription un comité de réflexion composé de personnalités civiles, pompiers, policiers, une infirmière, des opérationnels qui ont fait remonter la problématique de la nécessaire implication des citoyens dans les situations d'urgence et de leur absence de formation.

Une autre de mes propositions de loi concerne les forces de l'ordre et les pompiers eux-mêmes. Elle vise à leur autoriser la gratuité des transports. Ce dispositif existe déjà dans la région PACA et en Rhône-Alpes-Auvergne grâce à Laurent Wauquiez. L'objectif est de permettre aux pompiers professionnels et volontaires, aux militaires, aux gendarmes et aux policiers de prendre les transports gratuitement. Cela vient du constat posé suite à l'attentat du Thalys. Encourager les forces de l'ordres à emprunter d'avantage les transports publics nous permettra d'y augmenter la sécurité et de poser un geste de reconnaissance à l'égard de ceux qui oeuvrent au quotidien pour l'assurer.

Comment faire en sorte de revitaliser les zones rurales ?

Nous sommes essentiellement intervenus sur le sujet des zones de revitalisation rurale. et souhaitons agir au niveau local pour une meilleure pérennité de nos actions. C'est le but de notre action dans la Métropole Nice Côte d'azur où je siège avec Christian Estrosi. C'est aussi le cas de la région et du département. En effet, Eric Ciotti y est intervenu pour promouvoir le tourisme. Pour ce faire, ont été offertes des aides aux locations meublées ainsi qu'aux hôteliers qui, grâce à ce dispositif, ont pu se développer. C'est une action que nous menons à plusieurs niveaux pour maximiser l'action locale.

Il est aussi bon de rappeler que le département des Alpes-Maritimes est le le plus touché par les attaques de loups : plus de 450 l'année dernière. C'est un vrai défi pour nos éleveurs. D'ailleurs, une récente décision de justice a soutenu que le loup n'avait pas été introduit naturellement dans le parc du Mercantour mais bien par la main de l'homme. Ce qui permet de demander une augmentation des tirs de prélèvement afin qu'il y ait moins d'attaques sur les troupeaux de nos éleveurs. Nous souhaitons aussi pouvoir développer à l'avenir des mécanismes incitatifs qui permettraient aux éleveurs d'avoir des « chiens Patou » qui sont d'une réelle efficacité contre les loups, comme cela a été constaté dans les Pyrénées.

Notre politique est donc essentiellement axée sur la proximité, que ce soient les commerces, les services publics ou l'accès au soin. En effet, on assiste aujourd'hui à un phénomène de désertification assez important, avec des jeunes qui doivent quitter leur vallée pour trouver de l'emploi en ville. C'est regrettable et nous mettrons tout en oeuvre pour que cet exil se tarisse.

Une autre de vos préoccupations est l'accès aux soins avec comme objectif la santé pour tous. Quelle est votre action sur ce thème majeur ?

Un français sur dix vit dans un désert médical. C'est donc une problématique prégnante dans la société. C'est pourquoi j'ai proposé des dispositifs incitatifs pour les médecins qui souhaitent s'installer en zone rurale : un abattement total sur le bénéfice imposable. J'ai effectué deux fois cette proposition qui par deux fois m'a été refusé. Mais j'aimerais soutenir plusieurs projets, comme l'abandon du tiers payant obligatoire ou la télé médecine. Dans certaines zones de déserts médicaux, des mécanismes de télé-médecine permettent des consultations en ligne très appréciables pour les habitants de hameaux. Cela leur permettrait de bénéficier d'une médecine de qualité faite par des généralistes, les guidant ensuite vers un spécialiste. Enfin, l'on pourrait envisager de financer l'installation de jeunes médecins dans ces déserts médicaux, dès l'obtention de leur diplôme. Ou encore, lorsqu'ils sont étudiants, valoriser les stages effectués dans ces déserts médicaux. Ce sont des mécanismes simples mais efficaces.

Je me bats pour le bien-être des habitants de ma circonscription et les aide et les aiderai à faire en sorte que ni l'accès aux soins, ni la sécurité ne soient des obstacles pour résider dans notre belle région.


Raphaël de la Salmonière,

Jean François Puech directeur de la Rédaction