Allemagne : Surtout ne pas lâcher prise

European Milk Board - 01/03/2017 14:00:00


La mise en oeuvre de la mesure de régulation du deuxième paquet d'aide de l'UE l'a prouvé : il est possible de contribuer largement à une stabilisation du marché sans trop de bureaucratie. Tant au niveau national qu'européen, il suffisait de remplir un formulaire A4. L'effort nécessaire pour les contrôles était très limité. Ceux et celles qui, pour diverses raisons, avaient décrété auparavant que le Programme de responsabilisation face au marché (PRM) de l'EMB était inapproprié, devraient désormais être rouges de honte.

En Allemagne, le gouvernement avait lancé un programme national de « discipline de l'offre » destiné aux producteurs laitiers qui étaient prêts à ne pas augmenter leur production. Environ un tiers des producteurs ont soumis une demande de participation audit programme, représentant un total de 16,3 milliards de kilos de lait. Ce sont surtout des exploitations de plus grande taille qui sont prêts, de manière temporaire, à respecter cette discipline quant aux volumes produits. En effet, 53 % des participants au programme produisent plus d'un million de kilos de lait par an. Selon les chiffres provisoires, l'aide octroyée devrait se monter à quelque 0,70 centimes par kilo de lait livré au cours de la période du premier décembre 2015 au 30 novembre 2016.

Il sera intéressant de voir l'évolution de la production laitière après expiration du programme de régulation. Nombreux sont ceux qui prévoient une augmentation des volumes, malgré le nombre toujours extrêmement élevé d'éleveurs laitiers cessant la production. Presque tous les jours nous entendons que l'un ou l'autre d'entre nous a décidé de « chasser » à jamais les vaches de son étable.

Au niveau politique et des associations, nombreux sont ceux à discuter et revendiquer de manière unilatérale des solutions à l'échelon de la filière. Des améliorations supposées des relations contractuelles, telles que la suppression de l'obligation de livraison ou une régulation au niveau des laiteries, sont destinées à susciter l'espoir de pouvoir maintenir le marché laitier européen en équilibre. Le ministère fédéral a déjà signalé qu'il ne souhaite plus intervenir dans le marché par le biais de mesures de régulation. Des messages allant dans ce sens existaient déjà avant la mise en oeuvre du deuxième paquet d'aide. En même temps, le ministère a averti le « secteur » que si celui-ci n'était pas prêt à coopérer, l'État pourrait tout de même intervenir.

Notre priorité dans les semaines et mois à venir sera surtout le travail politique. Nous devons montrer clairement que sans la mise en oeuvre du Programme de responsabilisation face au marché (PRM) au niveau européen, ce ne sera qu'une question de temps avant que la prochaine crise ne frappe le secteur. La prochaine occasion pour ce faire sera la réunion des ministres de l'agriculture des Länder qui se tiendra du 29 au 31 mars 2017 à Hanovre. Le BDM sera sur place et, à l'aide d'images fortes, tentera d'éclairer les ministres sur ce que peuvent ou ne peuvent pas apporter les dénommées solutions de filière. Nous exposerons que le seul moyen de combattre efficacement les crises est un filet de sécurité adéquat. La campagne électorale pour les élections du Bundestag en automne 2017 sera une autre occasion pour le BDM d'animer les partis et les candidats à poser des gestes courageux en faveur de la production laitière paysanne et de l'espace rural.

« Que sont devenus les éleveurs fiers et libres ? » C'est la question qu'avait posé le ministre de l'agriculture du Schleswig-Holstein, Robert Habeck, lors de la journée des producteurs laitiers organisée par le BDM à Osterrönfeld. Notre seule réaction doit être : ne pas lâcher prise et ne pas se laisser distraire - il faut continuer la pression sur les décideurs politiques ! Robert Habeck en est d'ailleurs bien conscient ; sa question s'adressait avant tout aux producteurs de lait qui ont tendance à se résigner et à abandonner. Cela envoie un mauvais signal.

Hans Foldenauer, BDM Allemagne