Symposium ISRFG 2016 : préparer la riziculture du futur

IRD Institut de Recherche pour le Développement - 27/09/2016 14:50:00


Le Cirad et l'IRD co-organisent à Montpellier le 14ème symposium international sur la génomique fonctionnelle du riz. Du 26 au 29 septembre, plus de 330 experts de 38 pays communiqueront les dernières découvertes et feront le point sur les défis futurs : alors que le changement climatique menace les rendements, comment produire plus en préservant ressources et environnement ?

Le riz, pilier de la sécurité alimentaire
Le riz est aujourd'hui cultivé dans plus de 100 pays, du Brésil au Japon, en passant par les États-Unis, l'Inde et même la France, avec ses 18 000 hectares de riz camarguais. Denrée de base de 4 milliards d'êtres humains, son importance pour la sécurité alimentaire ne se démentira pas dans les décennies à venir : d'ici à 2050, la population mondiale dépassera le seuil des 9 milliards d'habitants, et cette croissance concernera principalement les pays consommateurs de riz. Les découvertes scientifiques récentes ont permis de mieux comprendre le génome de cette céréale indispensable. Les gènes impliqués dans des caractères agronomiques essentiels ont été identifiés, ouvrant la voie à la mise au point de variétés plus productives, plus économes en ressources, plus tolérantes aux contraintes environnementales et plus résistantes aux maladies .

Afin de faire le point sur ces avancées, le Cirad et l'IRD co-organisent, du 26 au 29 septembre, le 14ème symposium international sur la génomique fonctionnelle du riz, au Corum de Montpellier. À cette occasion, des experts du monde entier exposeront leurs travaux les plus récents. En marge de cette rencontre, une table-ronde publique sera organisée le 28 septembre à 19 h, salle Rabelais à Montpellier, sur le thème "L'autosuffisance de l'Afrique en riz, opportunités et défis" . Les intervenants sensibiliseront le public aux enjeux de développement associés aux recherches sur le riz, et questionneront la pertinence de l'objectif d'autosuffisance.

Des variétés mieux adaptées aux besoins actuels et futurs
Les chercheurs sont aujourd'hui capables de faire le lien entre la variation de la séquence d'un gène et la performance de la variété de riz qui la contient. Mieux : les nouveaux outils moléculaires permettront à court terme de suivre ou encore d'induire avec précision des variations génétiques favorables, et de les combiner afin de créer de nouvelles variétés utilisables par les agriculteurs. En parallèle de ces progrès technologiques, de nouveaux concepts de recherche ont émergé récemment, tel que celui de phytobiome , qui préfigure une nouvelle approche réconciliant productivité agricole et développement durable.

Le phytobiome, une nouvelle vision de l'agriculture
Dérivé du concept de biome (communauté de plantes, microbes et animaux vivant dans un environnement et sous un climat défini), le phytobiome désigne, pour une plante donnée, l'ensemble constitué par cette plante, son environnement (climat, sol...) et les êtres vivants qui interagissent avec elle (micro-organismes, animaux, autres végétaux...). Les relations entre les nombreux composants d'un phytobiome, et entre les phytobiomes eux-mêmes, sont complexes et dynamiques. Toutefois, grâce aux avancées technologiques, les chercheurs peuvent désormais envisager de les décrypter. Cette approche globale, qui procure une vision d'ensemble du fonctionnement des agroécosystèmes, permettra d'améliorer la productivité en respectant l'environnement.

Se préparer à un futur incertain
La communauté scientifique internationale devra procurer aux riziculteurs les outils pour relever un défi d'envergure : d'ici à 2040, on estime que la production de riz devra croître d'au moins 20 %, dans un contexte défavorable. En effet, alors que la montée des eaux menace les grands deltas rizicoles et que les possibilités d'expansion des surfaces cultivées sont globalement limitées, l'urbanisation et l'industrialisation concurrencent l'agriculture pour l'utilisation des ressources (eau, sol, main d'oeuvre). La riziculture devra en outre s'adapter aux effets négatifs du changement climatique, tout en atténuant son impact sur le climat et, plus généralement, sur l'environnement. Enfin, les producteurs feront face aux exigences de nouvelles classes moyennes urbaines, plus attentives aux qualités gustatives, nutritionnelles et sanitaires du riz.

À ces impératifs s'ajoutent de fortes contraintes économiques, car le commerce international du riz ne dispose pas des mécanismes de régulation que ceux du blé ou du maïs, les volumes exportables dépendant des stratégies d'un petit nombre de pays d'Asie. Ces incertitudes, et la volatilité des cours qui en résulte, pèsent sur la mise en oeuvre des politiques publiques visant à renforcer l'insertion les petits riziculteurs dans un marché en mutation, où les entreprises agro-alimentaires jouent un rôle croissant.

Les chiffres du riz
3ème céréale la plus cultivée dans le monde, la 1ère pour l'alimentation humaine ;
400 millions de petits producteurs ;
15 % de la surface cultivée du globe ;
90 % du riz est produit en Asie ;
27 % des apports caloriques dans les pays à revenus faibles et intermédiaires ;
Seuls 10 % du riz produit sont échangés sur les marchés internationaux, l'Afrique subsaharienne en important le tiers ;
Un génome contenant plus de 38 000 gènes (Oryza sativa), séquencé en 2005.