La Chine et l'Inde sont désormais les plus grands marchés de l'Internet au monde

UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture - 16/09/2016 09:05:00


La Commission des Nations Unies sur le large bande publie de nouvelles données par pays sur l'accès au large bande dans le monde

L'Inde a dépassé les Etats-Unis pour devenir le deuxième marché de l'Internet au monde, avec 333 millions d'utilisateurs, loin derrière la Chine et ses 721 millions d'internautes. Cependant, un nouveau rapport publié aujourd'hui par la Commission des Nations Unies sur le large bande au service du développement durable confirme que six pays, dont la Chine et l'Inde, rassemblent à eux seuls 55% des habitants de la planète qui n'ont toujours pas accès à l'Internet, du fait de la taille de leur population.

Selon l'édition de 2016 du rapport sur la situation du large bande (State of Broadband 2016), si l'accès à l'Internet atteint un niveau proche de la saturation dans les pays riches, la connectivité ne progresse toujours pas assez vite pour aider les zones les plus pauvres du monde à réduire leur retard en matière de développement dans des secteurs tels que l'éducation et les soins de santé.

Au niveau mondial, on estime à 3,9 milliards le nombre de personnes qui n'utilisent pas l'Internet. Toutefois, le nouveau rapport indique que la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et le Nigéria regroupent à eux seuls 55% de l'ensemble des personnes n'ayant pas accès à l'Internet, alors que 20 pays, dont les Etats-Unis, concentrent les trois quarts des internautes. Ces résultats laissent supposer que des efforts ciblés sur quelques marchés clés pourraient conduire à d'énormes progrès dans la réduction de la « fracture numérique » très large existant entre ceux qui sont connectés et ceux qui ne le sont pas encore.

Publié juste avant la 14ème réunion de la Commission sur le large bande, qui se tiendra à New York le 18 septembre, le rapport sur la situation du large bande en 2016 dresse un constat optimiste en ce qui concerne le potentiel du large bande mobile, 165 pays ayant désormais déployé des réseaux mobiles à haut débit 4G. Alors que le taux de pénétration du smartphone atteint un niveau proche de la saturation aux Etats-Unis, en Europe et sur les marchés asiatiques arrivés à maturité, comme le Japon et la République de Corée, les moteurs de la future croissance devraient être l'Inde et l'Indonésie. L'Inde a récemment dépassé les Etats-Unis pour devenir le deuxième marché du smartphone au monde, avec 260 millions d'abonnements au large bande mobile, selon les estimations.

La Commission estime que si l'accès à la téléphonie mobile de base, aujourd'hui quasi universel, pouvait être converti en accès au large bande mobile à haut débit, les téléphones mobiles pourraient devenir un facteur d'accélération majeur du développement, et entraîner de rapides progrès sur la voie des objectifs de développement durable définis par les Nations Unies.

« De nombreux éléments économiques mettent en évidence le rôle primordial d'une connectivité large bande économiquement accessible pour ce qui est de favoriser la croissance économique, l'inclusion sociale et la protection de l'environnement », a déclaré Houlin Zhao, Secrétaire général de l'UIT et Vice-Président de la Commission, conjointement avec Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO. « Les objectifs de développement durable concernant l'éducation, l'égalité hommes-femmes et les infrastructures comportent des dimensions audacieuses pour les technologies de l'information et de la communication. Les objectifs de développement durable sont réalistes, mais ils réclament d'urgence des efforts et des progrès s'agissant de la vitesse et du niveau de développement ainsi que de l'égalité. La Commission pense que le large bande peut nous aider à y parvenir. »

« Les technologies de large bande peuvent se révéler un puissant levier de développement, à condition cependant d'investir à la fois dans l'accessibilité, dans les compétences et dans l'éducation. », a déclaré pour sa part Irina Bokova. « Il faut ouvrir de nouvelles voies pour la création et le partage des connaissances. Il faut renforcer la liberté d'expression et élargir les possibilités d'apprentissage, en particulier pour les femmes et les jeunes filles. Il faut créer des contenus utiles, locaux et multilingues. »

Publié annuellement, le rapport sur la situation du large bande offre un aperçu unique de l'accès aux réseaux large bande dans le monde, notamment sur le plan économique, en fournissant des données par pays qui permettent de mesurer l'accès au large bande à l'aune des grands objectifs fixés par la Commission en 2011.

Le rapport confirme que, selon les derniers chiffres en date de l'UIT, le monde comptera 3,5 milliards d'internautes d'ici à fin 2016, ce qui représente 47% de la population mondiale, contre 3,2 milliards l'année dernière. Les progrès enregistrés dans les 48 pays désignés comme pays les moins avancés (PMA) par l'Organisation des Nations Unies ont été encourageants, et l'objectif de la Commission qui consiste à connecter 15% de la population des PMA devrait être atteint d'ici à la fin de l'année.

Les chiffres du rapport de cette année indiquent qu'une fois encore, les dix premiers pays en développement concernant le taux de pénétration de l'Internet dans les foyers sont tous situés en Asie ou au Moyen-Orient. La République de Corée est toujours en tête pour ce qui est du taux de pénétration de l'Internet dans les foyers, avec 98,8% de foyers connectés. Le Qatar (96%) et l'Arabie saoudite (95%) occupent respectivement les deuxième et troisième places de ce classement.

L'Islande continue d'afficher le plus fort pourcentage d'internautes (98,2%), alors que le Luxembourg (97,3%) est passé devant la Norvège pour prendre la deuxième place dans ce domaine, et qu'Andorre (97%) a ravi la troisième place au Danemark.

Monaco garde une légère avance sur la Suisse à la première place du classement mondial en matière de taux de pénétration du large bande fixe, avec plus de 47 abonnements pour 100 habitants, contre 45% pour la Suisse. Sept pays (Monaco, Suisse, Liechtenstein, Danemark, Pays-Bas, France et République de Corée) présentent désormais un taux de pénétration du large bande fixe supérieur à 40%, contre six en 2014, et seulement un (la Suisse) en 2012.

La Finlande est le pays où le pourcentage d'abonnements actifs au large bande mobile est le plus élevé, avec 144 abonnements pour 100 habitants. Elle est suivie de Singapour (142) et du Koweït (139). La région Asie-Pacifique représente à elle seule près de la moitié (48%) de l'ensemble des abonnements actifs au large bande mobile.

Au total, on compte aujourd'hui 91 pays dans lesquels plus de 50% des habitants utilisent l'Internet, contre 79 en 2015. Cependant, alors qu'en 2014 les dix premiers pays en ce qui concerne l'utilisation de l'Internet se trouvaient tous en Europe, ce groupe a été intégré cette année par Bahreïn (7ème) et le Japon (9ème). Les pays ayant les taux d'internautes les plus faibles se trouvent en Afrique subsaharienne; en effet, moins de 3% de la population utilise l'Internet dans plusieurs pays de cette zone, dont le Tchad (2,7%), la Sierra Leone (2,5%), le Niger (2,2%), la Somalie (1,8%) et l'Erythrée (1,1%).

Objectifs mondiaux de la Commission sur le large bande

Les progrès accomplis sur la voie des objectifs définis par la Commission en 2011 ont été contrastés. Pour ce qui est de l'objectif 1: Plans nationaux sur le large bande, les efforts déployés par la Commission pour souligner l'importance du large bande ont conduit à une augmentation du nombre de pays dotés d'un plan national pour le large bande, qui est passé de 102 en 2010, année du lancement de la Commission, à 151 aujourd'hui.

L'objectif 2: Accessibilité économique, qui consiste à faire en sorte que le coût du large bande fixe de base soit inférieur à 5% du RNB mensuel par habitant a désormais été atteint par la majeure partie des pays, parmi lesquels 83 pays en développement. Toutefois, à ce jour, seuls cinq des 48 pays désignés par l'Organisation des Nations Unies comme pays les moins avancés y sont parvenus.

Des progrès notables ont été accomplis concernant l'objectif 3: Connecter les ménages au large bande, 52% des ménages dans le monde étant désormais dotés d'une connexion large bande. Dans les pays développés, 84% des ménages sont maintenant connectés, mais de nets progrès ont aussi été enregistrés dans les pays en développement, où la part des ménages ayant accès au large bande est passée de 38% l'année dernière à 41% en 2016, dépassant ainsi l'objectif de 40% fixé par la Commission en 2011.

L'objectif 4: Connecter le plus grand nombre à l'Internet, sera bientôt atteint par les pays les moins avancés, dont 15% de la population devrait être connectée d'ici à la fin de l'année. Toutefois, au rythme de croissance actuel, l'objectif global de la Commission, qui est de porter à 60% le taux de personnes en ligne à l'échelle mondiale, ne devrait pas être atteint avant 2021.

Enfin, l'écart entre les hommes et les femmes en matière d'utilisation de l'Internet, que l'objectif 5: Egalité d'accès, vise pourtant à réduire, a légèrement augmenté, passant de 11% en 2015 à 12% en 2016, ce qui signifie que les hommes sont 257 millions de plus à être connectés que les femmes.

La Commission sur le large bande regroupe plus de 50 dirigeants représentant les pouvoirs publics et le secteur privé, déterminés à aider les pays, les experts des Nations Unies et les équipes des ONG à tirer le meilleur parti du gigantesque potentiel des technologies de l'information et de la communication (TIC) - moteurs de la création de nouvelles stratégies nationales de développement durable dans des secteurs clés tels que l'éducation, les soins de santé et la gestion de l'environnement.

L'édition 2016 du rapport sur la situation du large bande est la sixième édition du rapport annuel de la Commission sur la connectivité large bande. Publié chaque année, ce rapport est le seul à proposer un classement par pays, en fonction de l'accès et de l'accessibilité financière, pour plus de 160 pays.