Entretien avec Denis Thuriot Maire de Nevers et Président de l'Agglomération

Ville de Nevers - 28/07/2016 15:45:00


Entretien avec Denis Thuriot Maire de Nevers et Président de l'Agglomération. Denis Thuriot fait partie d'une nouvelle génération d'élus qui connait le monde de l'entreprise. Après des études de droit et une mention « Droits de l'homme, Denis Thuriot devient avocat puis bâtonnier de l'ordre à Nevers. Il milite parallèlement dans des associations neversoises. Entré récemment en politique avec une vision plus moderne, Denis Thuriot est élu maire de Nevers en mars 2014.

Denis Thuriot, quel homme politique êtes-vous ?
J'aime à dire que je suis sans étiquette mais sans étiquette n'est pas sans conviction : c'est un choix qui correspond à l'aspiration des français. Cela peut illustrer le fait qu'aujourd'hui une grande majorité de français souhaite voir leurs élus sortir des clivages qui deviennent stériles et qui empêchent l'adoption des projets pourtant nécessaires. Je dirige aussi l'agglomération mais pour moi ce n'est pas un cumul, c'est une nécessité et les trois quarts des grands projets de la ville de Nevers passent par l'agglomération donc si je n'avais pas les deux ajustements à piloter, des projets risqueraient de ne pas voir le jour ou en tout cas d'être fortement ralenti donc c'est un plus.

D'ailleurs l'agglomération comporte des communes de droite comme de gauche.
Oui mais la Nièvre garde un ancrage à gauche et moi ce qui m'intéresse c'est d'avoir dépassé cela et ce qui m'intéresse moi ce sont les projets, que ce soit au niveau de l'agglomération au des habitants qui sont tous concernés et intéressés par la reconquête de la Loire, les transports et le numérique.
Vous évoquez les transports. Qu'en est-il de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Lyon qui a vocation de passer par Nevers ?
Je considère que Nevers c'est pratiquement le très grand Paris qui est à 2h de train, 2h de voiture sans les bouchons et peut être 1h dans 15 ans avec le LGV. Très franchement je le vois sur le pole numérique, nous arrivons à obtenir la venue de start-up parisiennes qui trouvent une qualité de vie, des loyers à peu près 30% moins cher. Je souhaite vraiment multiplier les échanges en revendiquant de faire partie du très grand Paris et c'est logique, Nevers est en bas de l'ile de France et c'est par là que passerons à mon avis, à l'avenir, les flux économiques.

Vous évoquez le numérique, où en est votre projet InKub ?
Nous avons réhabilité une partie d'une ancienne caserne qui était à l'abandon depuis 15 ans pour faire un pôle numérique avec incubateur, pour l'implantation de start-up et accéllerer, le dévellopement de celles qui sont en place. Cela va être un lieu animé. A Nevers, nous travaillons sur l'ISAT, que je préside et qui est une école d'ingénieur automobile, la seule école publique d'ingénieur automobile donc avec une spécificité sur le développement de la mobilité. Nous travaillions aussi sur le vélo numérique, le véhicule autonome et l'idée c'est de créer un pôle autour de l'industrie, de la recherche, de la fabrication... etc. Et il est vrai que le circuit de Magny-court où se déroulait le championnat de France de Formule 1 constitue un point de repère en termes d'image.
Au-delà de l'automobile, nous avons aussi l'aéronautique avec un pôle de compétence internationale dans le domaine de la soufflerie. Je pense que ce qui va changer énormément dans les domaines de locomotion à l'avenir c'est effectivement la mobilité autonome et cela passera par le numérique donc nous voulons renforcer notre image et notre identité là-dessus. Si on veut exister c'est en faisant différemment et non pas la même chose que ce que d'autres font à 150km.

C'est l'année du numérique, quelle a été votre participation ?
Nous nous sommes centré sur le logiciel libre avec un véritable « festival du logiciel libre » lancé en juin dernier avec des présentations, des conférences effectuées par des programmateurs, des experts, ceci en relation avec les start-ups et les entreprises du numérique de la région. Nous avions déjà accueilli l'une des références dans le domaine du logiciel libre Richard Stalman en avril dernier.
Développer l'attractivité économique ne va pas sans la qualité de la vie, ou en êtes-vous quant à la reconquête de la Loire ?

Tout se tient, effectivement, la priorité c'est la reconquête de la Loire qui est le dernier fleuve sauvage d'Europe. Trop de villes se sont développé le dos à la Loire. C'est le cas de Nevers. Je mets en place une reconfiguration urbaine majeure qui va entrainer sur 10 ou 15 ans une véritable transformation de la ville. Nous devons donner une nouvelle image, tant vis-à-vis de la population, longtemps dubitative, que vis-à-vis des touristes de plus en plus nombreux. C'est la raison pour laquelle nous allons rénover les quais qui était abandonnés depuis 40 ans. Nous allons aussi complètement changer l'entrée sud de Nevers, en jouant avec des panneaux de verre, la Loire se reflètera dedans et cela changera entièrement la vision des habitants et des touristes. La question de la réappropriation est fondamentale et cela passe par tout simplement le fait de pouvoir se baigner dans la Loire, ce qui est interdit aujourd'hui. Mais je souhaite que cela soit à nouveau possible en 2017.

Et votre projet Coeur de ville ?
Sur le centre-ville, nous avons une problématique démographique à Nevers qui a une zone périphérique disproportionnée par rapport à ses capacités : le centre se désertifie tandis que la zone périphérique augmente alors que la Nièvre perd 1000 habitants par an et Nevers 500. Nous partons donc à la reconquête du centre-ville. Pour ce faire il faut d'abord rénover car la rue piétonne a plus de trente ans, mais aussi encourager les implantations commerciales. Nous avons donc mis en place l'habillage des vitrines. C'est-à-dire qu'au lieu de voir des vitrines vides ou fermées, les habitants voient des trompes l'oeil dont on se sert par exemple pour notre communication ou pour faire des expositions d'art. Mais ce n'est pas suffisant et nous attendons la réponse du préfet pour un dossier Fisac pour l'aide à l'implantation de services.

Sur la question de la biomasse, Pouvez-vous m'en dire plus à propos des projets de développement durable ?
Nous avons une réflexion sur le développement durable qui est un thème transversal et qui touche le climat, le cadre de vie ou l'air. Par exemple, le réseau de chaleur qui a été créé par l'ancienne équipe et que nous développons sur toute l'agglomération. L'énergie que nous récupérons de l'incinération va permettre de chauffer les habitats collectifs et les grands équipements comme l'hôpital ; et ce sur un réseau de 18km. Le réseau de chaleur sera accompagné par une chaufferie à bois que Ségolène Royal viendra vraisemblablement inaugurer en octobre et qui nous permettra de d'étendre ce chauffage sur tout le quartier ouest ainsi qu'en le coeur de ville. Nous avons un concessionnaire qui est Dalkia et les retombées vont au-delà de ce qui était attendu en termes d'économie pour les particuliers comme pour les collectivités. Mais nous n'en restons pas là puisque nous allons créer un méthaniseur qui nous permettra d'avoir une production d'énergie assez vertueuse.

Quelles sont vos pistes en matière d'enseignement et d'attractivité du territoire ?

L'enjeu premier, pour c'est la démographie. Pour participer à l'essor de la Nièvre, il faut faire en sorte qu'elle ne perde plus d'habitant et que sa population de vieillisse plus. Pour ce faire, je voudrais développer l'enseignement supérieur ainsi que l'enseignement alternatif. Nous avons 2400 étudiants, une faculté de droit et nous sommes en train de mettre en place un enseignement de médecine en 1ère année et en fin de cursus. Nevers est la première ville étudiante de la région mais ce n'est pas assez. Faire de Nevers une ville jeune et dynamique est une nécessité absolue. Je veux générer des licences, de l'alternance faire en sorte que les étudiants restent dans la région.

Il faut aussi faire venir de l'activité et je veux être un facilitateur pour ces projets, ne pas attendre que les entreprises viennent à nous mais aller les chercher, y compris en termes de marketing. Par exemple, nous avons tourné deux films sur l'agglomération qui passent sur tous les vols long courrier d'Air France.
En plus, je suis en train de mettre en place un New Deal territorial pour faciliter l'implantation des entreprises. C'est-à-dire que les entreprises viennent chez nous et nous leur offrons 6 mois de loyer. Le but étant qu'elles créent de l'emploi, du dynamisme. Nous faisons du sur mesure en nous occupant notamment de leur logement ainsi que de l'emploi du conjoint par exemple. Certaines de nos entreprises ne cherchent pas de compétences particulièrement élevées mais ne les trouvant pas ici, vont les chercher ailleurs. A mon avis, c'est un problème national, nous devons trouver une meilleure adéquation entre l'enseignement et ce qui est attendu sur le marché du travail.
Tout cela permettra d'enrichir la ville, l'entretenir, la moderniser.

Pouvez-vous me parler de ce petit théâtre à l'Italienne dont j'ai entendu parler ?
Ce théâtre a été fermé pour de fausses raisons il y a 6 an alors que c'est vraiment une petite pépite car il a une spécificité : la scène est plus grande que la salle ce qui lui donne un énorme potentiel. Il avait été initialement construit au 19ème siècle avec l'argent des neversois et sa rénovation sera en partie financée grâce à un grand nombre de partenaires, y compris des particuliers. Nous travaillions à la réouverture de ce théâtre avec des metteurs en scène connus. Cela devrait être possible d'ici la fin de l'année 2017. Nous avons ouvert le théâtre pour que les gens puissent venir voir la rénovation et se rendre compte de l'évolution des travaux en direct. De plus, nous faisons participer des jeunes en difficulté à un atelier de dorures et d'ornement dans ce théâtre. La culture doit s'adresser à tous les publics et contribue avec toutes les autres actions à la nouvelle agglomération de Nevers.
Entretien au Press club de France avec Jean François Puech Directeur de la Rédaction News Press jfpuech@newspress.fr


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