Schizophrénie : une implication du système immunitaire ?

FRM - Fondation pour la Recherche Médicale - 27/06/2016 13:25:00

La schizophrénie est une maladie dont les conditions de développement sont pour le moment méconnues.

Les chercheurs suspectent que le système immunitaire pourrait intervenir dans la genèse de la maladie : il produirait des molécules qui s'attaqueraient à certaines protéines neuronales.

Ils souhaitent aujourd'hui mieux comprendre la nature et l'implication de ces molécules dans l'apparition de la maladie.

Cette recherche est menée par Laurent Groc et son équipe « Développement et adaptation des circuits neuronaux » à l'Institut Interdisciplinaire de Neurosciences de Bordeaux.

La schizophrénie : une pathologie psychiatrique aux origines floues

La schizophrénie est un trouble psychiatrique majeur qui toucherait 1 % de la population mondiale. Elle débute souvent à l'adolescence ou chez le jeune adulte et évolue vers une « dissociation » progressive de la personnalité. Son origine reste inconnue, c'est pourquoi les chercheurs redoublent d'efforts pour découvrir les mécanismes impliqués dans cette pathologie, ce qui permettrait d'ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques.

Un dysfonctionnement possible du système immunitaire

Laurent Groc et son équipe s'intéressent à l'implication possible du système immunitaire dans la maladie. Certains événements, comme des infections, peuvent parfois entraîner des dysfonctionnements dans la réponse immunitaire. Le système immunitaire se retourne alors contre certains éléments de l'organisme, et produit des molécules appelées « auto-anticorps » qui visent à les détruire. Des recherches récentes ont montré, chez certains patients schizophrènes, la présence dans le sang d'auto-anticorps dirigés contre certaines protéines des neurones appelés récepteurs neuronaux excitateurs. Les chercheurs souhaitent ainsi mieux connaître ces auto-anticorps présents chez les patients schizophrènes.

A la recherche d'auto-anticorps spécifiques

Pour cela, l'équipe va rechercher la présence d'auto-anticorps dirigés contre un ou plusieurs récepteurs neuronaux, à l'aide d'approches d'imagerie cellulaire et de « puces » de détection. Puis ils caractériseront le rôle de ces auto-anticorps dans le développement de la schizophrénie. Ils utiliseront notamment des méthodes d'imagerie moléculaire de pointe comme la microscopie dite de « super résolution », qui permet de visualiser des composés et des mécanismes à l'échelle de la protéine.

Prouver l'implication d'une auto-immunité dans la schizophrénie pourrait permettre une avancée majeure dans notre connaissance des mécanismes moléculaires impliqués dans cette maladie dévastatrice et déboucher sur de nouvelles modalités de prise en charge de la pathologie.