Le monde de Dory : n'achetez pas de poissons-chirurgiens

Fondation 30 Millions d'Amis - 24/06/2016 17:25:00


La jolie petite Dory, reine du nouveau film de Pixar, pourrait bien déclencher des vagues d'achats compulsifs de poissons chirurgiens. Mise en garde de la Fondation 30 Millions d'Amis sur un effet de mode qui pourrait fragiliser cette espèce en péril.

Des nuances incroyables de bleu, de noir et de jaune... C'est sûr, Dory a de quoi plaire ! Ce poisson-chirurgien, star du nouveau film de Pixar Le Monde de Dory sorti le 22 juin 2016 au cinéma est un poisson tropical qui pourrait bien susciter la convoitise des enfants... aux dépens de l'espèce. La Fondation 30 Millions d'Amis met en garde ceux qui voudraient se le procurer : ce poisson est rare ! La Fondation déconseille donc fortement d'acheter cet animal qu'il faut préserver. « C'est un poisson fragile prélevé dans l'océan indien. Il succombe d'ailleurs souvent lors de l'importation à cause du stress des conditions de voyage » détaille Franck Lalande, du magasin Tropical Fish (77) qui a longtemps vendu des poissons d'eau de mer. De plus, ce poisson a des besoins très particuliers : « Il est végétarien et a besoin d'un aquarium d'eau de mer d'au moins 300 à 400 litres. Par ailleurs, il peut vivre entre 15 et 20 ans en captivité donc c'est un investissement sur la durée ! » poursuit-il.

Prélevés dans la nature

Le poisson-chirurgien est prélevé en pleine mer, principalement en Indonésie et aux Philippines. Mais sa pêche est loin de respecter la nature : les scientifiques américains dénoncent l'utilisation du cyanure, un moyen rapide et efficace d'étourdir un poisson pour l'attraper plus facilement. Une méthode qui provoque la mort du corail et des autres poissons qui y vivent. Même le poisson capturé pourra mourir d'intoxication dans les semaines qui suivent.

Le précédent Nemo

En 2003, après la sortie du dessin animé Le Monde de Nemo, les États-Unis et l'Angleterre avaient été confrontés à une augmentation de 30 à 40 % des ventes de poissons-clowns. Vendus à des personnes inexpérimentées, ces poissons ont rapidement succombé ! Il semblerait que la France ait échappé à un tel boom : « Nous avions diffusé une communication pour mettre en garde contre l'achat compulsif des poissons-clowns mais elle s'est avérée inutile car les professionnels étaient bien formés et ont refusé de vendre ces poissons. précise Luc Ladonne, délégué général du Synapses, le syndicat national des animaleries. Nous n'avons donc pas observé de hausse de vente en 2003. »

« Nous nous sommes heurtés à l'incompréhension des gens non-aquariophiles à qui nous refusions de vendre des poissons-clowns parce qu'ils n'avaient pas la capacité de les accueillir. Mais il était hors de question que des poissons soient sacrifiés sur l'autel de la pub ! » précise Franck Lalande, du magasin Tropical Fish.

Soyons responsables !

Heureusement, le poisson-chirurgien étant vendu à un prix assez coûteux (minimum 50 euros) et l'offre étant limitée, il ne devrait pas non plus faire l'objet d'une hausse des ventes. « Le coût d'acquisition de ce poisson et du matériel qu'il nécessite ainsi que son adaptation à l'aquarium est dissuasif », explique Luc Ladonne.

« Pour l'instant, nous n'avons constaté aucune demande pour les poissons-chirurgiens mais il est encore tôt pour faire un vrai bilan » assurent-on du côté de la communication des animaleries Truffaut et du magasin All Marine, spécialiste des poissons d'eau de mer à Collégien (77).

Bien que le poisson soit l'animal de compagnie le plus répandu en France avec près de 35 millions d'individus, la Fondation 30 Millions d'Amis rappelle que tout animal est un être vivant et sensible. Il a des besoins spécifiques et doit faire l'objet d'une acquisition responsable... et réfléchie !