"L'économie numérique aujourd'hui doit être combinée à tous les modes de transports et de mobilités"

MoDem - Mouvement Démocrate - 31/05/2016 11:25:00


Navigo à points / Yann Wehrling, porte-parole du MoDem et président du groupe MoDem au conseil régional d'Île-de-France, a évoqué ce matin sur France Bleu la mise en place d'un passe Navigo à points pour récompenser ceux qui utilisent les transports en commun.

Nous recevons ce matin le président du groupe MoDem au Conseil régional Ile-de-France. Bonjour Yann Wehrling.

Bonjour.

Pour l'ancien écolo que vous êtes, est-ce que le blocage des raffineries et le manque de carburant sont une bonne chose ? Cela peut-il pousser à d'autres pratiques ?

Oui... Enfin on aimerait que les choses évoluent autrement quand même. Ce n'est pas la situation brutale à laquelle il fallait se préparer vraiment. Oui, bien sûr, on peut changer nos comportements. On a connu par le passé des phénomènes similaires où suite à des grèves et des blocages, les gens changeaient de comportement. Pour autant, je préfère des évolutions lentes, tranquilles et sereines et non pas des évolutions brutales comme on en rencontre en ce moment.

Nous sommes aujourd'hui dans une situation bloquée. Comment sort-on de ce conflit ? Le gouvernement doit-il retirer sa loi et céder ?

Non, je ne crois pas qu'il doive céder. Pas sur la loi telle qu'elle est présentée. Je crois qu'elle a fait beaucoup parler d'elle, mais il faut tout de même dire que ce type de loi a été adoptée dans un grand nombre de pays européens. Pour certains depuis des dizaines d'années. C'est une évolution normale et nécessaire. Pour autant, on parle normalement de flexisécurité sur ce genre de loi. Dans la plupart des pays les choses sont faites rapidement, dès l'élection d'un gouvernement, pas au dernier moment à la fin du mandat comme c'est aujourd'hui le cas. La méthode n'est pas la bonne. Je disais : flexisécurité. Il y a le mot sécurité. Je crois que l'équilibre n'est peut-être plus là pour les salariés. Il faut sûrement regarder cette loi de plus près pour donner quelques assurances aux personnes qui se sentent fragilisées par rapport à ces évolutions - par ailleurs que l'on estime nécessaires - car il faut accompagner et expliquer ce que le gouvernement n'a pas fait. En plus de cela, est-ce que ce gouvernement avait clairement annoncé les choses quand il a été élu ? Non. C'est aussi un problème. Encore une fois, on ne réforme pas à la fin d'un mandat, on réforme au début. Le gouvernement agit en précipitation et ce n'est pas une bonne chose.

À la région, vous êtes en début de mandat. Vous allez proposer aujourd'hui à la région un Pass Navigo à points. Qu'est-ce que c'est pour vous ?

C'est très simple ! Vous me parliez de l'évolution des comportements. Avec des transports en commun qui seraient davantage utilisés c'est précisément cela l'idée. Les transports en commun aujourd'hui, ce sont près de 4 millions de voyageurs en Île-de-France qui utilisent la carte Navigo. La carte Navigo, c'est le support. Aujourd'hui notre idée, c'est de faire en sorte que cette carte Navigo puisse permettre aux gens qui l'utilisent d'être gratifiés, d'être « récompensés » pour leurs actes finalement écologiques. Prendre les transports en commun, c'est une forme d'acte écologique. Nous souhaitons donc que des points soient attribués à chaque fois que l'on prend les transports en commun avec sa carte Navigo. Ces points seraient ensuite transformables en avantages, en services divers et variés.

À quoi serviront ces points ? On gagne quelque chose à la fin ?

L'idée est de valoriser ces points. Aujourd'hui nous avons des services, des installations publiques sportives, culturelles qui pourraient permettre de transformer des points en places gratuites ou à prix réduit. Demain, on peut imaginer que des enseignes s'associent à cette démarche et puissent faire bénéficier aux personnes qui utilisent la carte Navigo des points gratifiables en place de cinéma, de théâtre... On peut imaginer plein de choses ! En achat de vélo dans les enseignes sportives par exemple.

Le Navigo à points, vous le dites, vise à ce qu'il y ait plus de personnes qui prennent les transports en commun, ou plus souvent. Il y a plein de Franciliens qui vous diront qu'ils n'en peuvent déjà plus parce que le RER ou le métro est bondé...

Oui, alors on va séparer les problèmes. Déjà prendre les transports en commun, dire aux Franciliens qu'ils les prennent, c'est bien, et on vous donne une gratification pour cela. C'est déjà sur l'acquis, sur l'existant. Ensuite il faut améliorer les transports en commun, on est d'accord. Ça, la région s'y attelle. Avec Valérie Pécresse, on a fait un programme lourd d'investissements, d'améliorations des transports en commun, RER, métro, je ne vais pas détailler ici tout notre programme qu'on a déjà bien détaillé.

Il faut que ça se fasse en parallèle...

Oui, bien entendu, ça se fait en parallèle. Là, on émet cette idée pour gratifier et pour permettre aux gens de valoriser leur acte de citoyen, finalement, de prendre les transports en commun. Mais on entend tout à fait le fait - et ça on l'a dit pendant la campagne électorale - qu'il faut améliorer les transports en commun en Ile-de-France. C'est urgent en termes de sécurité, en termes de confort, en termes de régularité, en termes de fréquence, de tous les transports. Il faut par exemple qu'il y ait beaucoup plus de lignes de bus, notamment vis-à-vis de la grande couronne qui aujourd'hui est la grande délaissée des transports en commun.

Valérie Pécresse a annoncé il y a peu la fin du ticket de métro en 2021, avec un "Smart Navigo", est-ce que ça aussi c'est une bonne chose ? Cela fait beaucoup de Navigo : Smart Navigo, Navigo à points...

Oui. D'ailleurs notre projet, on a envie de l'appeler Navig'Air. Mais c'est vrai que l'économie numérique aujourd'hui doit être combinée à tous les modes de transports et de mobilités. Demain la carte Navigo doit pouvoir être la "carte mobilités", c'est-à-dire qu'on puisse prendre aussi Autolib', qu'on puisse faire de l'autopartage, du covoiturage, toutes les mobilités possibles. Aujourd'hui vous pouvez prendre un Vélib' par exemple avec la carte Navigo. Demain on pourra prendre l'Autolib'. Il faut que ça devienne une carte mobilités et pour cela il faut que le numérique s'installe dans la carte Navigo, il faut qu'il y ait une application pour que vous puissiez utiliser votre téléphone portable pour passer les portiques d'entrée dans le métro et dans le RER. Ça c'est la modernité, il faut y aller très rapidement. D'autres pays l'ont fait déjà, à nous de le faire aujourd'hui.

Yann Wehrling, vous êtes aussi à la région l'un des premiers à être monté au créneau après les révélations de harcèlement et d'agression sexuelle contre Denis Baupin. Il y a 5 nouveaux témoignages ce matin, qui mettent en cause le député parisien. Cela vous étonne ?

Écoutez, ce qui m'étonne, c'est qu'on continue de ne parler que d'une seule personne. J'ai posé la question à la présidente de région de la manière qu'on pouvait trouver d'agir. On a décidé de mettre en place une cellule d'écoute pour les femmes qui pourraient être victimes de harcèlement.

Est-ce suffisant ?

Non, il faudra changer la loi aussi. Je pense que la prescription de 3 ans est beaucoup trop serrée. Beaucoup de femmes attendent parce qu'elles sont dans des situations de subordination qui les empêchent de parler au moment où les actes sont commis. Il faut évidemment qu'on modifie la loi pour que les femmes qui auraient envie de parler ne se retrouvent pas dans la situation hallucinante dans laquelle elles seraient condamnées pour des propos qui auraient été prescrits, alors qu'elles sont victimes.

Merci beaucoup Yann Wehrling, président du groupe MoDem à la région, d'être passé sur France Bleu 107.1 ce matin. Bonne journée !
30 mai 2016