Visas turcs: "Un accord seulement si la Turquie change les lois anti-terroristes utilisées pour museler les journalistes", déclare Guy Verhofstadt

ADLE - Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe - 09/05/2016 09:05:00


Réagissant aux informations selon lesquelles la Commission européenne donnerait un feu vert conditionnel à la fin des visas pour les turcs visitant l'Europe, Guy Verhofstadt, président de l'alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, a déclaré qu'en principe, les démocrates et les libéraux ont toujours été en faveur de la libéralisation des visas pour la Turquie. Cependant, à la seule condition que toutes les exigences soient remplies et la législation turque adéquate soit adoptée et mise en oeuvre.

Guy Verhofstadt est particulièrement préoccupé par la législation turque contre le terrorisme, qui est utilisée pour museler les journalistes turcs et étrangers qui critiquent Recep Tayiip Erdogan.

Il a déclaré: "La liberté de la presse et la liberté d'expression sont des valeurs fondamentales de l'Union européenne. Nous avons pu constater ces dernières années que ces lois contre le terrorisme ont été utilisées afin de réprimer de façon brutale les journalistes turcs et étrangers. Tant que cela durera, le Parlement européen ne devrait pas appuyer cette proposition de libéralisation des visas."

"M. Erdogan devrait montrer sa bonne volonté en abandonnant les charges à l'encontre du comédien allemand Jan Böhmermann, et en laissant rentrer la journaliste hollandaise Ebru Umar dans son pays. Il devrait égalemente cesser de poursuivre les 1800 autres journalistes."

M. Verhofstadt a également souligné la nécessité pour l'Europe de prendre son destin en main : "Nous sommes devenus totalement dépendants du Sultan Erdogan, ce qui n'est certainement pas dans l'intérêt de l'Europe, à long terme. Nous devons cesser de nous reposer sur la Turquie afin de résoudre cette crise des réfugiés. J'exhorte les dirigeants européens à soutenir les propositions de la Commission visant à réformer la procédure européenne de droit d'asile, à agir rapidement pour mettre en place un corps européen de garde-côtes et de gardes-frontières et à accepter une carte bleue européenne pour l'immigration légale."

"Tant que l'Europe ne parviendra pas à mettre en place ses propres politiques pour faire face à la crise des réfugiés, M. Erdogan continuera à jouer le marionnettiste, en rançonnant les dirigeants européens et les montant les uns contre les autres."

Alexander Lambsdorff, vice-président du Parlement européen (FDP, Allemagne), a ajouté : "La recommandation de la Commission de renoncer à l'obligation de visa entre l'UE et la Turquie a de multiples conséquences, et il convient donc de ne pas se précipiter. L'ADLE a recommandé l'adoption d'une approche étape par étape concernant la libéralisation des visas pour certains groupes en premier lieu, par exemple les chercheurs, les artistes, les universitaires et les hommes d'affaires. Il est malhonnête de la part de la Commission de suggérer que la Turquie répond aux 72 critères nécessaires à la libéralisation, en particulier quant au droit à un procès équitable et à la liberté d'expression, alors que cela contraste de manière frappante avec le dernier rapport d'état d'avancement."