Interview de Jean-Christophe Lagarde au Monde

UDI - Union des Démocrates et Indépendants - 11/03/2016 11:15:00


5 mars 2016 - « Le parti L.R. dit matin, midi et soir qu'il veut une primaire de la droite et du centre, mais semble refuser de construire une coalition d'alternance avec les centristes. »

Du 15 au 20 mars, les adhérents de l'UDI doivent voter sur l'éventuelle participation ou non de leur parti à la primaire de la droite. A l'approche de ce scrutin, Jean-Christophe Lagarde, président du parti centriste, regrette qu'aucun accord n'ait été trouvé avec le parti Les Républicains (LR), et évoque la possibilité que les centristes se présentent seuls à la présidentielle.

Quelles sont vos conditions pour que l'UDI participe à la primaire de la droite ?

Jean-Christophe Lagarde : Nous avons conclu des accords aux municipales, départementales et régionales qui nous ont permis de gagner ensemble. Nous souhaiterions un accord pour une alternance nationale. Mais pour cela, il faut définir des priorités communes (réduction de la dette, relance de la construction européenne, éducation nationale, enjeux sociaux et environnementaux...). Un pacte de gouvernance doit stipuler que nos deux forces politiques sont indépendantes, qu'il ne peut y avoir d'alliances avec le FN et que chacun sera libre d'assumer des désaccords dans une future majorité. Enfin, il faut un accord sur les législatives, où UDI et LR seraient représentés à leur juste poids électoral.

Ces conditions ne sont pas remplies ?

Non. Mandaté par la direction UDI unanime, j'ai écrit il y a un mois et demi à Nicolas Sarkozy. A ce jour, je n'ai toujours pas de réponse. Nous resterons disponibles pour un accord jusqu'au dernier moment. Mais pour faire un accord il faut être deux, et le vote de nos adhérents commence dans dix jours. Faute d'accord, nos militants en tireront les conclusions qui s'imposent. LR dit matin, midi et soir qu'il veut une primaire de la droite et du centre, mais semble refuser de construire une coalition d'alternance avec les centristes. S'ils veulent reproduire le parti unique de la droite, comme de 2002 à 2012, la primaire ne nous concerne pas. Ce ne serait qu'une resucée de l'UMP d'antan qui a été rejetée par les Français.

Comment expliquez-vous ce silence de Nicolas Sarkozy ?

J'ignore ses raisons. J'observe leurs désaccords internes. Les autres candidats à leur primaire refusent un accord d'alternance incluant primaire, présidentielle et législatives, avant le vote de novembre. Mais sans un tel accord, nous ne serions pas écoutés, comme du temps où l'UMP décidait seule, ce qui a conduit à une augmentation de la dette et du chômage, car ils n'ont jamais pris les idées centristes en considération. Ils ne peuvent pas vouloir la confiance des électeurs centristes et refuser de prendre en compte leurs idées.

Sur le fond, comment pouvez-vous définir des priorités communes sur l'Europe avec une droite qui est de plus en plus critique sur Bruxelles et continue à agiter la thématique des frontières ?

Nous ne sommes pas des eurobéats, bien au contraire. Nous pensons que si beaucoup de choses fonctionnent mal en Europe, c'est à cause des égoïsmes nationaux. Au contraire, il faut aller au bout de la construction de l'UE, nous fédérer pour nous défendre face aux grands ensembles mondiaux. Ce n'est pas la vision du parti LR. Mais ce sujet pourrait faire partie du débat de la primaire et de nos divergences. Chacun sait que nous ne portons pas le même projeteuropéen.

Serez-vous candidat à la présidentielle si les adhérents de l'UDI s'opposent à une participation à la primaire ?

Si c'est le cas du fait du refus d'un accord de la part de LR, l'UDI devra préparer son projet présidentiel et législatif. Les militants choisiront ensuite comment le porter devant les Français et par qui.